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«Oui, je voulais bazarder cette maison. j'avais mes raisons. Autrement dit : des souvenirs.»En faisant le portrait d'un homme partagé entre l'amour qu'il porte à sa mère et ce refus d'héritage qu'il lui oppose, François-Guillaume Lorrain nous raconte une histoire aussi singulière que collective, celle d'une maison de famille.
Un tout petit peu déçue par ce roman qu'au demeurant j'ai quand même lu d'une traite !
"l'année des volcans" m'a laissé un meilleur souvenir.
Un père médecin fou enragé du jardin de la maison de campagne. Il faut s'échiner sur la terre, qui va les nourrir. Toute la famille est embrigadée, même les beaux parents; le jeune Gui ainsi que sa sœur Estelle quittent rapidement père et mère, et se retrouveront lorsque leur mère la "toutevaillante" se casse le col fémur en tombant d'un pommier. Le père étant décédé, Gui veut vendre cette maison. Mais les souvenirs affluent, il n'y a pas vraiment eu de sévices , mais les enfants ont l'impression d'être passés à côté de leur enfance, ce qui n'est pas faux d'ailleurs.
Mais il m'a manqué quelque chose d'essentiel, certes le père était un tyran ,mais je n'ai ressenti aucune émotion, l'écriture est fluide, mais sans coups au cœur, pas de rage en fait de la part de l'auteur, et pourtant je pense que c'est ce qu'il voulait faire passer. Vendra, vendra pas? la fin était prévisible.
Voilà elle vient de se casser le col du fémur, alors que faire?
C'est la question que doit se poser François son fils, qui a choisi d'exercer son métier de professeur à l'étranger, pour fuir cette maison familiale qu'il exècre .
Le lecteur va faire connaissance de la "toutevaillante" (la mère) et du "grand timonier" (le père) et Estelle (la sœur), et surtout de cette maison en Normandie.
Un père omnipotent et obsessionnel, sa campagne prend le pas sur tout ce qui l'entoure, êtres et choses. Une mère qui laisse faire, une sœur plus âgée qui quitte le nid très tôt.
Un sentiment de solitude et d'écrasement, c'est ce qui lui reste après tant d'années lorsqu'il évoque Maulna.
Il faut vendre, le contre-argument de sa mère est l'envoi d'un album de famille.
Celui-ci aura-t-il le pouvoir de lui faire relativiser ses souvenirs âpres comme un fruit pas mur ?
J'ai aimé le vocabulaire, varié et précis pour montrer cet écrasement, les souvenirs qui resurgissent avec force et les jolies métaphores pour renforcer et communiquer ces émotions.
Le ton de la dérision bien employé, mais je regrette la construction décousue, même si elle peut rappeler les méandres de la mémoire.
Je trouve que nous n'avons aucune explication sur le pourquoi des choses, ni sur l'histoire familiale qui pourrait éclairer le lecteur sur le comportement du père. Le silence de cette famille est pesant.
Cependant la lecture en reste agréable.
N'oublions pas que François-Guillaume Laurrain est aussi l'auteur du magnifique "l'année des volcans".
Merci à Babelio et aux éditions Flammarion pour cette lecture.
Une maison de famille est-elle nécessairement le lieu de souvenirs heureux ou cela peut-il être tout le contraire ? Le lieu qui fait remonter dans le flot de souvenirs toutes les peines de l'enfance et tout ce qu'on a détesté d'un père : son obstination à entretenir un jardin qui permettait une quasi auto-subsistance, son acharnement à faire pousser et à transmettre ?
Difficile cheminement personnel que celui de Guillaume, le narrateur, qui se remémore d'abord les moments déplaisants puis, par le biais de souvenirs photographiques (rejetés, ignorés, considérés comme erronés) se réapproprie le domaine paternel, l'investit et s'y projette.
Quand, à Florence, bien loin du jardin normand (projection lui-même du lopin lyonnais "idéal" et chargé de souvenirs et d'émotions des aïeux paternels), c'est l'horticulture d'agrément, l'image du père, qui le rappellent, comme un lien viscéral, déraisonnable !
Jolie narration, oscillant entre humour et finesse, et au final pour un auteur que je connaissais pas, une belle lecture qui explore nos perceptions d'enfants (et parfois nos rancunes !!) et le rapport familial ! A découvrir, vraiment !
C'est à Maulna, village fictif de Normandie, que se situe la maison de campagne de la famille du narrateur, Guillaume. Son père est décédé il y a plus de dix ans et sa mère, âgée de 76 ans, se brise le col du fémur en voulant tailler un arbre. Pour Guillaume, la décision à prendre est limpide :
« Oui, je voulais bazarder cette maison. J'avais mes raisons. Autrement dit : des souvenirs. »
Des souvenirs surtout liés à un homme, son père. Un homme qui dédia sa vie, son énergie et son amour (au détriment de ses enfants) à cette maison et son potager :
« Maulna était donc l'Etat dont il était le Roi-Soleil. Mais il cumulait les charges et se prenait aussi pour Le Nôtre. »
Progressivement, Guillaume évoque la tyrannie qu'imposait ce père à toute sa famille ; le farniente est interdit, tous les week-ends et les rares vacances sont consacrés à la mise en valeur du jardin. L'auteur compare d'ailleurs cette vie à un kholkhoze où les enfants ont du mal à exister en tant que tels. Quand sa mère lui envoie un album photo après son accident, il reproche à cette dernière de tenter de lui "implanter de faux souvenirs". Les siens sont douloureux, et font qu'il a choisi la fuite, passant d'une ville européenne à une autre pour enseigner le français langue étrangère tandis que sa soeur a rompu les liens avec la famille.
L'amertume de ce fils est palpable ; voilà d'ailleurs ce qu'il écrit à propos d'une des photos de son père dans le jardin :
« Il respire un lys avec délicatesse. Lui, si intransigeant, si rude avec autrui, retrouvait à Maulna une douceur et même une bonté qu'il enfouissait dans la terre. Malheureusement pour moi, je n'étais ni une fleur, ni un légume. »
Guillaume acceptera-t-il son histoire et renouera-t-il avec sa famille ? Vendra-t-il finalement cette maison ? Je vous laisse le découvrir vous-même !
J'ai trouvé ce roman très joli, très juste ; il illustre avec sensibilité les relations entre le père et les enfants, les blessures qui influencent la vie entière (par exemple, alors qu'il a déjà plus de 20 ans, il dira en évoquant son professeur d'histoire, "c'est la première fois qu'on croyait en moi")... Seule la fin me semble un peu trop rapide et moins réussie, mais l’ensemble est très réussi.
https://evabouquine.wordpress.com/2016/03/02/francois-guillaume-lorrain-vends-maison-de-famille/
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