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Familier des lecteurs de L'Été de cristal (Prix du Roman d'aventures 1993). Un Berlin de cauchemar, écrasé sous les bombes, en proie au marché noir, à la prostitution, aux exactions de la soldatesque rouge...
C'est dans ce contexte que Gunther est contacté par un colonel du renseignement soviétique, dans le but de sauver de la potence un nommé Becker, accusé du meurtre d'un officier américain. Mais quel rôle jouait au juste ce Becker - que Bernie Gunther a connu quelques années plus tôt ? Trafiquant ? espion ? coupable idéal ?
À Berlin, puis à Vienne, tandis que la dénazification entraîne la valse des identités et des faux certificats, Bernie va devoir prouver que son passage sur le front de l'Est n'a pas entamé ses capacités. D'autant qu'il s'agit aussi de sauver sa peau...
Troisième volet de la « trilogie berlinoise » de Philip Kerr, c’est avec gourmandise que j’attaquais la suite des aventures de Bernie Gunther, le flic allemand débonnaire et bourré d’humour que j’avais apprécié dans « L’âge de cristal » et surtout « La pâle figure ». Dans le Berlin en ruine et occupé de 1947, Bernie tente de se reconstruire en reprenant ses activités de détective privé, autant que possible dans une ville où l’armée rouge tient tous les leviers de tous les pouvoirs ou presque. Lorsqu’un soviétique lui demande d’aller à Vienne innocenter une de ces vieille connaissances (accusé d’avoir tué un militaire américain), il accepte. Mais c’est bien plus qu’un simple enquête de police qui l’attend à Vienne, où la guerre froide à déjà commencé. Légère déception d’entrée : on avait quitté Gunther en 1938, célibataire endurci, fataliste devant une Allemagne qui galope vers la guerre à la vitesse d’un cheval dans une ligne droite et paf, nous voilà en 1947 d’un seul coup ! Il me semble qu’il s’est passé pas mal de choses en Allemagne entre ces deux dates, non ? De cette guerre à laquelle Bernie à survécut, on ne glanera que quelques bribes ici et là : son intégration automatique (en tant que flic) dans la SS, puis sa démission au moment des premières exécutions de masse, son passage sur le front de l’Est puis des les prisons soviétiques, sa blessure qui le fait boiter. Quelle frustration quand même… Malgré tout cela, il n’a pas tellement changé, il est marié ( ?) mais ne peut toujours pas résister aux jolies femmes, il a gardé son humour à froid très efficace, presque « british » et sa vision claire et sans illusions sur son époque et les bouleversements politiques de son temps. L’enquête à Vienne est assez confuse, parce que très vite le livre qu’on a en main devient davantage un livre d’espionnage (ce n’est pas tellement ma tasse de thé, je le confesse) où les allemands nostalgiques du grand Reich se retrouvent à la fois chassé et convoités par les américains et même un peu par les soviétiques. Ce « blanchiment » de criminels de guerre par ce qui deviendra la CIA est bien connu aujourd’hui mais ça ne fait jamais de mal de le rappeler. En 1947, à Vienne comme à Berlin, la guerre Froide a déjà commencé et tout le monde espionne tout le monde, tout le monde trahit tout le monde, tout le monde soudoie tout le monde. Comme dans les précédents romans, Bernie se retrouve face à un figure historique du Reich presque pas hasard (Laquelle ? Je ne dévoilerai rien !) et le roman se termine par un évènement historique. Après la « Nuit de Cristal » et la nuit des « Longs Couteaux », c’est le blocus de Berlin par les Russes qui clôture le troisième volet. L’histoire est un peu difficile à suivre mais heureusement, le style enlevé de Kerr et la personnalité attachante de son héros finisse toujours par faire passer la pilule. Les références historiques sont solides, documentées, sans parti pris et il y a même deux-trois passage bien sentis et clairvoyants sur l’époque. Les aventures de Gunther continuent après ce roman, lui qui doit désormais porter la culpabilité d’avoir été nazi (sans vraiment l’être mais en l’ayant été quand même, comme beaucoup de ses concitoyens) dans un monde où le regard sur l’Allemagne aura changé à jamais.
Grâce à "un requiem allemand", Philip Kerr entraîne le lecteur dans Berlin et Vienne de l'après guerre. Dès le départ, j'ai mis le pied en 1947, au milieu des manipulations des services de renseignements russes et américains, qui ont pris une place importante dans l'Allemagne et l'Autriche vaincues. Du côté nazi, les anciens hauts gradés, très utiles pour ces service de renseignements, gardent une grande influence et une grande force psychologique, qui leur permettent d'avoir une nouvelle fois le droit de vie ou de mort sur les individus.
C'est dans ce contexte que Bernie est entraîné, pour l'argent, dans cette spirale d'espions où il ne peut faire confiance à personne et est utilisé par les deux camps afin d'arriver à leurs fins.
Dans ce troisième volet de la trilogie berlinoise, le personnage de Bernie Gunther se façonne avec ses points forts (force de caractère, honnêteté, persévérance, insolence...) et ses points faibles (les femmes, son histoire personnelle...). Et on comprend bien volontiers que ce personnage pourtant si fort, ne peut que subir les lois de son époque et doit vivre avec le passé terrible du peuple auquel il appartient.
Au fil des romans, Bernie devient de plus en plus attachant, et je prends un réel plaisir à le suivre dans ses enquêtes.
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