En 1967, Jean-Luc Godard réalise Week-end. Une scène de ce film passe pour être un des plus longs travellings de l'histoire du cinéma. Durant cette séquence, la caméra suit un couple qui, assis dans une Facel Vega Facellia cabriolet, remonte un gigantesque embouteillage en dépassant la colonne de véhicules par la gauche dans un concert de klaxons. Ainsi défile devant les yeux du spectateur plus d'une quarantaine de voitures à l'arrêt. Des automobiles immobiles. Le mouvement, c'est l'affaire de la caméra ; la fin du mouvement, c'est l'accident, le sang et la mort. Mais avant d'en arriver à cette extrémité, il y a un temps, ou plus précisément, une durée. Et puisque la fin semble inéluctable, reste la question de la durée.
À observer les protagonistes du film, l'arrêt semble se prolonger de façon interminable. En effet la plupart des occupants impliqués dans le bouchon cherche à tuer le temps en s'adonnant à toutes sortes d'activités. Ainsi apercevons-nous, entre autres, deux joueurs de cartes, un homme et un enfant se lancer un ballon depuis leurs voitures respectives... un homme nourrir des lionnes, un autre promener un singe au bout d'une laisse, une femme tricoter, un couple s'enlacer...
Sélectionnés, isolés et légendés, des photogrammes extraits de la séquence composent le corps de cet ouvrage et présentent un aperçu de la production automobile de l'époque qui peut être aisément datée. Le témoignage historique que constitue la trace cinématographique demeure quant à lui intemporel.
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