Noël 1956. Le cadavre de Robert Walser dans la neige. Janvier 2003. L'enterrement d'un vieil homme. Entre ces deux morts - l'un qui clôt le roman, l'autre qui le déclôt - se fait jour une présence parcellaire, chancelante, aux prises avec une réalité fuyante, où d'autres présences apparaissent et disparaissent, au hasard de quelques souvenirs qui sont comme les wagons d'un train fantôme au parcours enfanté par la nuit. C'est un roman écrit sur la frontière d'un espace fictif contigu à la vie, et peuplé d'ombres de proches et d'écrivains surtout, allant et venant au sein de cet espace où le Temps s'est arrêté.
Ce roman s'articule en trois parties. La première s'enclenche sur un souvenir de la mort du père, générateur d'un dédoublement du paysage, traversé de figures spectrales, qui hantent l'esprit du narrateur. La seconde s'équilibre autour d'une rencontre improbable du narrateur et de l'une de ces figures, Roberto Bolano, dans un bar africain envahi par la rumeur de mondes parallèles, plus ou moins désaccordés. Dans la troisième, l'auteur se perd dans l'un de ces mondes, celui de Robert Walser, précisément celui d'une sorte d'Institut Benjamenta qu'il traverse en une parodie essoufflée de Jugement Dernier. Le livre s'achève sur la vision du cadavre de Robert Walser dans la neige et de son chapeau qui a roulé à quelques pas, image qui ne signifie rien mais contient tout.
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