Au moment où son fils se passionne pour la musique, Michka Assayas revient sur son expérience cocasse dans un groupe de rock. Un roman générationnel, très attendu par tous les amoureux du rock, foisonnant de tableaux saisissants et d'anecdotes truculentes, qui évoque avec finesse les questions de la transmission et de l'héritage dans un monde en pleine mutation.
Rencontre coup de coeur avec Michka Assayas autour de son dernier roman "Un autre monde" (ed Rivages)
J’ai gagné ce livre sur ce site et j’en remercie toute l’équipe !
A la suite du visionnage de l’interview de Michael Assayas sur le site lecteurs.com, j’ai senti quelqu’un de passionné par ce qu'il a fait en tant que critique de rock et interviewer d’artistes et maintenant en tant que musicien. Cela m’a donné envie de lire son dernier livre. J’ai alors découvert cet auteur et son récit plein de sincérité.
Dans une première partie, Michka Assayas nous plonge dans sa jeunesse durant laquelle tel un « archiviste » (p 48), il consignait avec une précision extrême pour les 33 tours qu’il possédait une foule d’informations (titre bien sûr mais aussi numéro de catalogue, liste des chanteurs, minutage,…). Il connaissait cela par cœur et peut, encore aujourd’hui, en réciter lorsque l’on en tire un fil ! On baigne dans l’univers musical des années 70 : la profusion d’exemples permet de recréer l’ambiance sonore et de revivre une époque. Toutefois, personnellement, n’ayant pas ces références parce qu’elles ne correspondent pas à mes préférences musicales, je me suis un peu sentie exclue.
J’ai cependant poursuivi ma lecture et j’ai préféré la suite du livre. On se promène toujours dans le rock mais les interrogations de l’auteur peuvent concerner un plus grand nombre parce qu’elles renvoient à des questions plus générales et universelles : le rôle de père, la relation de ce dernier avec son fils.
Les conflits que rencontre Michka avec Antoine, son fils adolescent, le conduisent à décider de FAIRE avec son fils plutôt que de parler. C’est la naissance d’un projet à partager avec lui. « La musique […] était le fruit d’un élan naïf, à l’image, sans doute, du lien rêvé et peut-être irréaliste que je cherchais à tisser avec mon fils. » (p 158). C’est aussi un moyen pour Michka Assayas de sortir de l’enfermement dans lequel il s’est mis en écrivant (p 82). Ainsi, il pourra en tirer un double bénéfice : dans sa relation père/fils et pour lui-même.
Michka décrit une fois encore avec beaucoup de précision les différents volets de cette aventure. Dans la vidéo, il explique que c’est son éditrice qui l’a encouragé à ajouter nombre d’anecdotes ; je pense que cela aide à vivre vraiment à ses côtés cette tranche de vie.
Cet homme, grand amateur de musique, n’est pour autant pas un musicien. Son envie de mener à bout ce projet va lui donner l’entrain et l’aptitude à dépasser les difficultés : sa capacité à maitriser un instrument et à jouer en public (« l'important est d'avoir quelque chose à dire » toutefois, il constate par lui-même qu’être musicien nécessite un minimum de technique pour être capable de s’exprimer), se faire accepter sur scène.
Et, par rapport à son fils, il va pouvoir « lui montrer qu’il existe un domaine [celui de la pratique musicale] où il m’était supérieur et où il m’incombait de me mettre à son école. » (p 121).
Cela va développer une connivence entre eux. Toutefois, l’auteur, très sincère, fera part aussi de ses déceptions puisque partager ce projet n’a pas fait se volatiliser tous les obstacles dans leur relation. De manière assez touchante, on peut imaginer les sentiments et l’émotion éprouvés par son fils en lisant ce livre.
https://cahiersvarisetplumenacre.wordpress.com/2016/03/27/un-autre-monde-michka-assayas/
Si vous aimez le rock et son histoire, je pense que ce livre vous plaira
Moi je n'ai malheureusement pas accroché du tout avec ce roman que j'ai lu tout de même en entier!! Dsl
Voilà un livre très rock 'n' roll qui fera plaisir aux amateurs de guitares électriques nés dans les années 50/60. Toute une panoplie de bêtes de scènes en toile de fond pour ce roman doux-amer qui conte la relation d'un père aimant, mais désorienté, avec son fils, aimé mais déconcerté. Le texte est drôle et riche en anecdotes. Mais, il est avant tout une belle leçon destinée aux parents : au lieu d'essayer de parler à vos enfants, faites quelque chose avec eux ! Conseil tout droit sorti de la bouche de BONO ! La musique n'est-elle pas langage universel ?
Michka Assayas est spécialiste du rock, écrivain, musicien. Il anime une émission sur France Inter consacrée à l’histoire du rock : very good trip.
Si l’ouvrage se présente en cinq chapitres, j’ai pour ma part retenu deux grands moments de la vie du narrateur : l’enfance d’un garçon né à la fin des années 50, le père : sa passion au service d’une rencontre.
« A neuf ans, découvrant un 33 tours du groupe Traffic avec Stevie Winwood (une de mes premières passions), j’avais fait une chute lente et magique dans le puits du psychédélisme anglais, comme dans Alice au pays des merveilles ». Cette phrase montre dès le début du livre la force d’un type de musique pour ce jeune enfant, capable de mettre en mouvement un imaginaire un peu particulier à cet âge.
Du glamour des années 50, le contexte politique de l’après-guerre, le début des trente glorieuses, 1968 et l’apparition d’un cadre libertaire quasi révolutionnaire ont engendré l’émergence de nouveaux styles, qui détrônait « la musique underground » en installant des groupes mythiques. Ce sont les années Beatles, Rolling Stones, l’apparition de nouvelles techniques, de nouveau matériel, de nouveaux moyens de communication …. une sorte d’ univers « du surnaturel », où les « questions existentielles » prennent toute leur place.
Cette période est magnifiquement bien décrite par le narrateur, qui aurait presque un effet nostalgique chez un lecteur qui aurait vécu ces années là…
Son immense désir de faire sa place en tant que musicien, et non seulement journaliste, dans ce milieu du rock se heurte à ses difficultés d’apprentissage, à un manque de talent peut-être, mais surtout à la barrière de la peur, de la timidité, qui seront sources de frustrations.
Puis brutalement, après des années de complicité, il se trouve confronté aux dérives comportementales d’Antoine, son fils adolescent. Peut-il se servir de sa passion pour ouvrir le dialogue?
L’auteur raconte alors comment il a mis en place des stratégies qui ne se limiteront pas à établir une réelle complicité père-fils, mais qui lui ouvriront à lui-même des horizons auparavant si lointains.
Cette histoire est aussi celle de la force d’une passion, ici le rock, musique intemporelle capable de renouer des liens distendus entre deux personnes que des années d’évolutions musicales et de transformations sociales ont éloignées. Je me suis parfois interrogée par la proximité qui privilégiait la relation « copain copain » créant peut-être une permissivité particulière. Mais à quel prix retrouve-t-on son fils ?
Que ce soit par la musique, le cinéma, le théâtre, la littérature… .la culture est un excellent vecteur intergénérationnel.
L’écriture est passionnée, détaillée, et la lecture est agréable.
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