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Traîne-savane ; vingt jours avec David Livingstone

Couverture du livre « Traîne-savane ; vingt jours avec David Livingstone » de Guillaume Jan aux éditions Intervalles
Résumé:

Deux amoureux traversent un bout d'Afrique centrale. Ils se perdent dans la forêt, retrouvent leur chemin et décident de se marier au prochain village Pygmée. Cent cinquante ans plus tôt, le zélé missionnaire David Livingstone déambulait dans la savane, à la recherche d'une terre promise, d'une... Voir plus

Deux amoureux traversent un bout d'Afrique centrale. Ils se perdent dans la forêt, retrouvent leur chemin et décident de se marier au prochain village Pygmée. Cent cinquante ans plus tôt, le zélé missionnaire David Livingstone déambulait dans la savane, à la recherche d'une terre promise, d'une autoroute du commerce ou de sources miraculeuses. En tressant ces deux parcours picaresques, Guillaume Jan relie le destin de ces Don Quichotte qui, chacun à leur manière, donnent leur coeur au Continent noir.

Le mariage improvisé, décidé au cours d'un périple chaotique, constitue la trame narrative du livre. Mais cette histoire d'amour exaltée est aussi prétexte à décrire, avec beaucoup de détails et d'humour, le quotidien invraisemblable de la population congolaise. En parallèle, l'auteur dessine le portrait du docteur Livingstone. Il nous fait découvrir une facette mal connue de cet homme fantasque et têtu, rêveur et maladroit, qui se laisse happer par l'Afrique au point de demander à ce qu'on y enterre son coeur.

Cette Fantaisie du missionnaire nous plonge dans les tréfonds de l'Afrique contemporaine, tout comme elle nous fait partager les visions romantiques ou hallucinées des explorateurs du XIXe siècle. Elle nous éclaire également sur un grand explorateur qui menait vaillamment des combats impossibles et que l'empire britannique avait failli oublier, avant que Stanley le retrouve sur les berges du lac Tanganyika et lui lance son mythique " Doctor Livingstone, I presume. " Curieusement, aucune biographie solide du missionnaire écossais n'avait été jusqu'ici établie en langue française.

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Avis (1)

  • Ce livre est assez atypique dans ma bibliothèque, ce n'est pas mon genre de lectures a priori. Mais, comme je n'ai jamais été déçu par les éditions Intervalles, je l'ai commencé avec envie sans vraiment savoir de quoi il retournait puisque je ne lis pas ou peu les quatrièmes de couverture. Et...
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    Ce livre est assez atypique dans ma bibliothèque, ce n'est pas mon genre de lectures a priori. Mais, comme je n'ai jamais été déçu par les éditions Intervalles, je l'ai commencé avec envie sans vraiment savoir de quoi il retournait puisque je ne lis pas ou peu les quatrièmes de couverture. Et bien m'en a pris, car ce livre de voyageur, de baroudeur disais-je plus haut est passionnant. Il alterne les chapitres : un coup un sur Guillaume Jan et Belange qui marchent sur le Chemin des murmures à la rencontre des Pygmées, un coup sur la vie et les marches de Livingstone. Les deux en parallèle, toute comparaison gardée.
    De Livingstone, je connaissais le nom, point l'œuvre. "Livingstone n'est pas un tocard, mais il n'est pas non plus le héros qu'on croyait." (p.281). Certains de ses biographes ont voulu en faire un personnage mythique voué à sa mission d'évangéliser les Africains et à celle de découvrir des passages sur les fleuves congolais. Or il n'a converti qu'un seul homme qui s'est empressé de revenir très vite à ses croyances et s'il a beaucoup marché, il a peu découvert. Par contre, à l'inverse de beaucoup d'explorateurs, il a découvert les hommes et les femmes de ce continent, il les a d'abord respectés (dans les années 1850/1870, la traite négrière est encore très active, notamment menée par les Portugais et les Arabes et lui s'est à de nombreuses reprises élevé contre cette pratique très fructueuse) et les a aimés. Guillaume Jan le compare à Don Quichotte, d'ailleurs beaucoup de chapitres commencent avec une phrase de Cervantès en exergue, un chevalier qui se bat contre rien de concret, qui tente beaucoup sans vraiment réussir. Il fut beaucoup malade souffrant terriblement mais jamais il ne renonça voulant prouver au monde qu'il n'avait pas tort de croire aux hommes de ce pays et qu'on pouvait travailler avec eux (l'Angleterre colonisera d'ailleurs une partie de ce continent après la mort de Livingstone). Les chapitres consacrés à Livingstone sont de très belles pages, une mini-biographie d'un homme à (re)découvrir pour ce qu'il fut réellement et non pas pour l'image qu'il eut après son décès, la plume alerte à la fois critique et respectueuse, un rien moqueuse et admirative de Guillaume Jan rend ces passages très vivants et passionnants.
    Les autres chapitres sont consacrés à la marche de Guillaume et Belange (et Joël leur guide qui les accompagnera plus qu'il ne les guidera vraiment ne connaissant pas plus le chemin qu'eux). Ces chapitres sont l'occasion pour l'auteur de faire le point sur la vie au Congo, ce pays au sous-sol riche qui fut exploité (hommes et biens) par Léopold II roi des Belges qui en fit sa propriété personnelle, puis par ses divers gouvernants qui s'enrichirent personnellement au détriment des Congolais qui eux s'appauvrirent. Depuis que les premiers Européens se sont aventurés sur ce continent au XVème siècle, ils n'ont eu de cesse d'en profiter : "Au début, ce sont des navigateurs portugais. Ils installent un comptoir sur le littoral, apportent des étoffes et quelques missionnaires, repartent avec de l'ivoire, de l'huile de palme, du café et, tant qu'à faire, quelques dizaines d'esclaves ou quelques centaines." (p.129) Le Congo d'aujourd'hui ne réussit pas à sortir de la misère, sa capitale est pauvre, les Kinois (les habitants de Kinshasa) vivent dans des bidonvilles : "Elle [Belange] pouvait m'héberger dans la cour des miracles où elle logeait, près du marché central : treize appentis où s'entassent une centaine de personnes, des veuves de guerre, des fonctionnaires licenciés, des vendeurs de marijuana, des filles-mères et des familles de dix. Avec un seul robinet pour abreuver toute cette palanquée. Les kulunas, c'est-à-dire les voyous du quartier, y terminent parfois leur nuit, ils dorment quelques heures sur le ciment sale avant de se revigorer avec un joint et quelques gorgées d'alcool de maïs. Le fatras de cabanes est rebaptisé Maman Yemo, du nom de l'hôpital le plus insalubre de Kinshasa, où l'on a plus de chance d'attraper une infection mortelle que de ressortir guéri. Ici, les maladies se faufilent dans la crasse, prévient Belange. Quand elle va faire sa toilette, entre trois murs de parpaings branlants, elle ajoute des gouttes de crésyl dans son seau d'eau, en espérant que ça suffira pour tuer les microbes." (p.43/44), ils ne survivent que grâce à des combines, des ventes assez incroyables ainsi Belange a pu investir dans un congélateur, et elle vend de la glace en petites portions, un autre loue des chaises, ... Le constat de Guillaume Jan est terrible, fait peur et s'il dit bien que la faute originelle est la nôtre à nous Européens, il précise également que les potentats locaux en ont profité également et qu'il ne faudrait sans doute pas grand chose pour que le pays reparte. Ces chapitres sont aussi l'occasion pour l'auteur-marcheur d'un voyage initiatique, au lieu de passer de l'enfant à l'adulte, il passe du solitaire qui aime arpenter les pays, à l'homme amoureux qui envisage la vie à deux qui se voit sans difficulté partager son existence avec Belange, qui partage avec Livingstone la fascination pour le pays de celle-ci et pour ses habitants. Comme pour les chapitres consacrés au médecin-missionnaire, l'écriture de Guillaume Jan rend vivante son aventure et instructif mais pas didactique son constat sur la vie au Congo.

    Encore un beau texte chez Intervalles.

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