Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Des hommes retournent sur d'autres la brutalité d'un ordre dont ils souffrent. Ils s'inventent à peu de frais de commodes ennemis. Certaines frayeurs en eux les agissent.
Des questions vieilles comme le monde mais d'une brûlante actualité, auxquelles Lydie Salvayre donne ici forme littéraire.
Un roman, donc, et d'une causticité jubilatoire, où vont se faire face, d'une part : un solitaire, un lettré, un pas-tout-à-fait-pareil, un pas-tout-à-fait-conforme, un homme malade qui a choisi de se retirer dans un lieu de beauté, et de l'autre : les habitants d'un paisible village que l'arrivée de ce nouveau, de cet intrus, bouscule et profondément déconcerte.
Très vite surgiront, entre l'un et les autres, l'incompréhension et la méfiance, puis les malentendus et les soupçons mauvais, puis les grandes peurs infondées et les violences que sourdement elles sécrètent. Puisque tout homme est une nuit.
Anas, prof de de français, un trentenaire d'origine espagnole et atteint d'un cancer vient se « recentrer »dans un village du Sud de la France réputé pour son charme. Il se rend chaque semaine en bas dans la ville voisine pour y recevoir un traitement anti-cancéreux.
Si le village a du charme , l'accueil qu'il y reçoit est bien froid . On observe l'intrus, on s'interroge. Au café des Sports, l'épicentre du village, où « l'on refait le monde à grands coups de gueule », on ne répond pas à son salut, on refuse de lui servir un café . Avec ses cheveux frisés, son teint mat, ne serait-il pas un arabe, pire, un terroriste ? Et si c'était un pervers ? Car on l'a vu parler dans le bus avec Mali jeune employée de l'hôtel voisin ….
Les piliers du Café des Sports , en rajoutent à chaque tournée . Il devient l'ennemi idéal et cristallise sur sa personne les peurs et les rancoeurs de ceux qui crachent leur haine à l'égard aussi bien des des immigrés, des intellectuels, des écolos, que des hommes politiques. Méfiance séculaire de ceux qui, dans un village en déclin, se sentent les oubliés de la société . Chacun y va de ses déclarations musclées, de ses explications simplistes, sous la haute autorité du patron Marcellin, qui « lâche les mots d'ordre . Et les chiens »
Fac à cette meute assoiffée, le pauvre Aras est démuni. A la difficulté de vivre son cancer, s'ajoutent la peur, puis l'angoisse . Sa logeuse l'a lâché et a rejoint le choeur des frustrées qui cancanent. Damien, l'ado qui à son arrivée, échangeait parfois avec lui, se mure quand il le rencontre dans l'observation de l'écran de son portable. Les gamins crient sur son passage. Le maire ménage ses administrés. Un des clients du café des sports a bien tenté de freiner les ardeurs ostracisantes du groupe des assoiffés de vengeance, mais on lui a vite montré qu'il était indésirable. Il reste toutefois le fils de Marcellin , qui fait le désespoir de son père et la fierté de sa mère …......
Ce qui pouvait passer au début du roman pour une comédie de mœurs pagnolesque, avec ses personnages forts en gueule, bascule progressivement vers le drame. Ces « braves gens » qui comme le chantait Brassens, « n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux » deviennent des caricatures de Cabu . Sus à l'étranger ! Tous contre un seul !. Leurs fanfaronnades tournent à la curée. Et au crescendo dans leur invectives correspond une montée de paranoïa chez Aras.
A l'opposition sociale, correspond dans le roman l'opposition de deux ressassements et de deux langages. Le roman présente une alternance régulière: celle d' extraits du journal d'Aras rédigés à la première personne et d'épisodes de de la vie du village avec transcription des dialogues tenus au Café des sports. Aux propos d'Aras rédigés dans une langue souple,raffinée et qui traduisent une analyse fine du fonctionnement de la micro-société basée sur la xénophobie et le populisme, succèdent les propos nauséeux, simplistes et bruts de décoffrage des Dupont-Lajoie.
Une vraie douche écossaise pour le lecteur ! Qui réveille et secoue les consciences !
Anas, jeune professeur de Lettres, est atteint d’une tumeur au cerveau. Après plusieurs mois de traitements, il décide d’aller passer sa convalescence dans un petit village de Provence.
Dans ce roman, l’auteur fait alterner le récit d’Anas qui se retrouve confronté aux préjugés des habitants du village dans lequel il pensait trouver un refuge et celui des villageois qui ne voient pas d’un bon oeil l’arrivée de cet étranger.
C’est l’histoire d’un racisme ordinaire. La peur de l’autre, le repli sur soi et la projection des pires fantasmes. Un thème très actuel.
Cependant, j’ai été gênée par l’écriture des pages relatant le point de vue des villageois. J’ai toujours beaucoup de mal avec « l’écrit-parlé » et là, le concept est poussé assez loin et, je trouve, dessert finalement le propos en proposant une vision caricaturale des habitants du village, chasseurs, piliers de bar et grossiers. Le seul « local » à tendre la main à Anas se trouvant évidemment être celui parti faire des études de Lettres en dehors du village, lui même rejeté par ses condisciples et son propre père pour montrer un peu trop de raffinement.
Une déception pour moi que ce roman que j’ai été contente d’achever.
"Tout homme est une nuit" - Lydie Salvayre aux Editions Seuil
Dérangeant mais tellement réaliste!
Ce roman fait partie de la sélection du prix des lecteurs 2018 de la médiathèque de ma fille. J'ai choisi de commencer la sélection par ce roman. Un sujet d'actualité. Une couverture qui donne envie : ces beaux toits de tuiles de Provence où j'ai vécu. Et Lydie Salvayre que j'ai entendue plusieurs fois à La Grande Librairie mais dont je n'avais encore rien lu.
Le sujet est complètement dans l'actualité : la méfiance, la peur de l'étranger, de l'inconnu, le racisme. Et qui laisse à réfléchir.
Anas, jeune professeur d'origine espagnole découvre qu'il est atteint d'un cancer. Afin d'épargner ses proches, il décide de tout quitter. Il s'installe dans un petit village du sud de la France dans le but de vivre le temps qui lui reste tranquillement dans la douceur provençale. Mais il déchante vite. Méfiants, les habitants font preuve d'hostilité et de méchanceté à son égard. Et plus particulièrement au café du village "Le café des Sports" où les discussions vont bon train. Propos on ne peut plus hostiles et racistes.
Dans l'écriture, on oscille entre le style et le vocabulaire recherché d'Anas et le style populaire du Café des Sports.
Au travers de ce roman, Lydie Salvayre incrimine directement les partis extrémistes de manipuler une partie de la population.
Un roman qui pousse à la réflexion.
La maladie se pointe comme une invitée surprise, elle distille dans son coeur un poison qui le rend insupportable à tous ses proches. Il décide de partir pour éloigner cette maladie et Lucile son ancien amour. Il part vivre en Provence avec l'espoir de se faire une place dans le village, mais Anas a le teint et la chevelure sombre, c'est pas qu'on soit raciste par ici, mais on se méfie des étrangers. Seule Mina la serveuse, qui a le coeur aussi généreux que sa poitrine, semble vouloir lui parler.
Ils s'appellent Emile, Dédé, Etienne et Marcelin ils sont les piliers de bar du café des sports, à coup de petit rosé ou de pastis en surdose, ils refont le monde et épient les faits et gestes de l'étranger, une sorte d'inquisition basée sur la peur et surtout la bêtise. Une conversation alimentée par les images de la télévision de migrants qui débarquent pour envahir le sol national, des oiseaux de malheur comme Anas. Pauvre France, vivement qu'elle soit gouvernée !
L'auteur fait ressurgir toutes ces choses torves embusquées tout au fond du coeur, et un jour on crache, on se vide dans un dernier sursaut, on devient abominable, car tout homme est une nuit, faut que ça cogne, faut que ça saigne, du moins en paroles. Et pourquoi ne pas organiser une chasse à l'homme comme une battue au sanglier ! Une battue à l'homme étranger à titre préventif.
Lydie Savayre nous interroge, pourquoi le fanatisme, la violence verbale et parfois physique fascinent autant les plus faibles. Chronique d'une France profonde qui petit à petit exclue les pas–pareils, les pas-conformes, les pas-de-chez-nous, mais le rejet attire les malheurs dont on cherche précisément à se prémunir, les conflits, les guerres naissent de ces infections.
Bien sûr cette description d'une France qui rejette l'autre peut sembler outrancière, cette recherche par des villageois d'un bouc émissaire qui doit payer pour tout ce qui fait leur triste vie semble exagérée, mais ne doit-on pas forcer le trait pour faire toucher du doigt que la bête immonde ne demande qu'à se réveiller et qu'il faut être vigilant. L'auteur n'hésite pas à utiliser un langage cru pour rendre son récit encore plus réel. Un roman , car c'est bien d'un roman qu'il s'agit, qui nous interroge,une fois sa lecture terminée.
Anas, jeune professeur de trente ans est atteint d’un cancer. Il décide de tout quitter et d’aller s’installer dans un village du sud.
Mais tout ne se passe pas comme prévu. Les habitants sont méfiants avec les nouveaux venus et particulièrement le patron de Café des sports et ses habitués.
Quelle atmosphère lourde et oppressante !
On se demande comment Anas a tenu plus de huit mois dans ce climat d’hostilité.
Et pourtant, on n’est pas loin de la vérité. La peur de la différence et de l’étranger. Sujet d’actualité. !
J’en sais quelque chose. Habitant un paisible village d’une centaine de votants, à chaque élection, le FN l’emporte à 80%
Et au café des sports, tous les clichés entendus fréquemment sont pain quotidien.
De vraies brèves de comptoir. Il est féroce le patron. n’a peur de rien.
Et parallèlement, écrits en italique, les sentiments et les pensées d’Anas, qui ne comprend rien à ce qui lui arrive, qui fait tous les efforts, qui commence à avoir peur.
. Lydie Salvayre dénonce dans ce livre un tragique problème, le racisme ordinaire, basique irréfreiné, sous latent et pernicieux, sujet de temps de problèmes et de conflits.
Et c’est bien de le faire.
Mais à la lecture, c’était vraiment difficile à supporter et j’ai été vraiment contente d’avoir fini.
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