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S’il y a bien une chose que je peux reprocher aux petits contemporains de Bottero, c’est qu’ils sont vraiment beaucoup trop courts : ils se lisent tellement vite que je suis toujours toute étonnée d’être déjà arrivée à la dernière page ! Et c’est toujours un déchirement que de quitter un livre de Bottero, que de devoir revenir à la « vraie vie », que de devoir quitter ce petit cocon de poésie qui ouvre grand ses bras pour accueillir le lecteur en manque de douceur. Car voilà, une fois encore, Bottero nous offre un roman plein de tendresse, un roman qui nous chuchote des mots réconfortants, qui nous rappelle que la vie n’est pas si douloureuses si on sait s’ouvrir aux petits bonheurs que nous propose le monde … Mais surtout, il nous offre un récit sur la force du premier vrai grand amour, cet amour qui transforme tout, mais surtout soi-même …
Tristan est un enfant de la cité : dès son entrée au collège, il a rapidement appris à respecter les règles tacites qui régissent les relations sociales dans le quartier. Au grand désespoir de sa mère, le jeune homme est loin d’être un bon élève : désireux de ne pas se faire remarquer, et également de garder ses copains – malgré leurs fréquentations de plus en plus douteuses –, il se désintéresse de plus en plus de ses études. Cependant, le jour où Clélia débarque dans sa classe, tout son monde est chamboulé. C’est plus fort que lui, il est intrigué – attiré ? – par cette grande timide, si différente de toutes les autres filles du quartier, qui parle comme un livre. Petit à petit, les deux adolescents se rapprochent et apprennent à se connaitre … Et voilà que surgit cet étrange sentiment qu’ils n’ont jamais éprouvé avec tellement de force, tellement de pureté : se pourrait-il qu’ils soient … amoureux ?
Ce livre, c’est l’histoire d’une rencontre. Entre deux êtres, entre deux mondes. Tristan a grandi dans ce quartier, réputé « difficile » : son quotidien, ce sont les tirs aux pigeons du vieux cinglé de Maurice, qui a une véritable collection d’armes chez lui, ce sont les petits trafics de CDs piratés et d’autoradios, ce sont les voitures qui flambent au milieu de la nuit, ce sont ces immenses tours et ce béton qui envahit tout. Alors, quand Clélia débarque avec son amour de la littérature et de la nature, avec son petit air perdu et triste, avec ses grandes idées sur la vie et le bonheur, c’est le choc. Tout les oppose, et pourtant … pourtant entre eux, l’alchimie est immédiate. Grâce à l’alternance de points de vue, on remarque rapidement que l’attirance est réciproque, mais ni l’un ni l’autre n’est prêt à se jeter à l’eau. Clélia car elle ne veut pas voir s’envoler ses rêves sur le grand amour. Tristan parce qu’il a peur du regard et des réactions des autres, prompts à juger et critiquer. Cette thématique est grandement exploitée dans ce livre : pour se conformer aux attentes de ses « amis », Tristan va faire de grosses erreurs …
Car Tristan n’a rien d’un héros. Il n’est qu’un adolescent comme les autres, qui ne veut pas faire de vague, qui se laisse porter sans jamais se rebeller, parce que c’est plus facile, qu’il ne veut pas d’ennui. Mais voilà, maintenant, il y a Clélia. Au contact de la jeune fille, Tristan va oser s’émanciper du contrôle que les autres ont sur sa vie, il va prendre de l’assurance et affirmer avec force sa présence au monde. Il va regretter son comportement de « gros macho », parce qu’il a découvert quelque chose de beau, de doux : l’amour, celui qui fait naitre des papillons dans le cœur et dans l’âme, celui qui envahit tout au point de tout transformer dans votre vie … Je suis tombée amoureuse de cette histoire d’amour, mignonne à souhait, attendrissante à souhait. Tristan et Clélia sont deux personnages très attachants, chacun à leur manière, le premier par sa fragilité touchante, la seconde par sa naïveté désarmante. Contrairement à beaucoup trop d’ouvrages jeunesse qui présentent le premier amour comme quelque chose de lisse et idéal, ce livre montre bien que tout amour naissant est fragile, qu’un rien peut venir faire des nœuds dans ce lien encore timide qui unit deux êtres encore en construction …
En bref, une fois encore, Bottero a su faire vibrer mon petit cœur de lectrice à l’unisson de ceux de ses personnages : Tristan et moi n’avons rien en commun, et pourtant je me suis si rapidement sentie si proche de ce jeune homme perdu face à cette nouvelle élève qui vient bouleverser toutes ses certitudes … Rares sont les histoires d’amour à être contées du point de vue du garçon, et c’est vraiment très intéressant de voir que, pour Tristan, ce n’est pas si facile qu’on pourrait l’imaginer que d’aborder une fille : il y a le regard des autres, il y a la peur d’être rejeté, de montrer sa sensibilité ... Comme toujours, Bottero nous offre un récit plein de douceur, de tendresse, de délicatesse, de poésie : ce livre, c’est une bouffée d’air frais dans notre quotidien pas toujours facile, c’est un livre qui fait du bien parce qu’il est beau. C’est un livre dont on tourne la dernière page avec un grand sourire aux lèvres et du baume au cœur, on se sent léger et revigoré, on se sent apaisé …
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2018/09/tour-b2-mon-amour-pierre-bottero.html
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