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Touche pas à ma langue

Couverture du livre « Touche pas à ma langue » de Jean Yvane aux éditions Pierre-guillaume De Roux
Résumé:

« L'auteur présente son ouvrage comme un roman. On aurait pu le sous- titrer sotie et l'assigner à ce genre médiéval burlesque, s'il ne se trouvait qu'il s'agit, par son sujet et son propos, et en dépit des nombreux aspects comiques voulus par un auteur qui s'est manifestement amusé à l'écrire,... Voir plus

« L'auteur présente son ouvrage comme un roman. On aurait pu le sous- titrer sotie et l'assigner à ce genre médiéval burlesque, s'il ne se trouvait qu'il s'agit, par son sujet et son propos, et en dépit des nombreux aspects comiques voulus par un auteur qui s'est manifestement amusé à l'écrire, d'un ouvrage très sérieux, qui mène un combat tout à fait justifié contre deux traits caractéristiques du français contemporain, l'un et l'autre susceptibles de dérision : d'une part, par les excès de l'américanisation du vocabulaire français et, d'autre part, les manies de prononciation qui se répandent aujourd'hui comme le e muet et quelquefois la voyelle nasale an qui ponctuent souvent des mots terminés par une consonne, par exemple dans Bonjouran, ou bien des mots terminés par une voyelle, par exemple dans ouian.
Le héros, Barbet, est un père de famille pris entre une sollicitude, qui serait bien naturelle, pour sa femme, théâtreuse et cantatrice, que ses outrances agacent et stupéfient, et son fils Tom, dont il affronte comme il peut les foucades d'adolescent. C'est, qu'en réalité, cet homme, dépeint avec talent par l'auteur, est un être habité : son obsession, dont les aspects pathologiques sont présentés avec beaucoup d'humour, c'est la défense de la langue française contre toutes les agressions qu'il croit devoir dénoncer, qu'il s'agisse de l'entrée massive d'américanismes ou de formulations à la mode, l'un et l'autre suscitant sa fureur sinon ses réactions hystériques. Ses étudiants et disciples finissent, excédés, par le quitter, sa famille ne comprend guère sa folie, ou lui tourne le dos, de sorte qu'à supposer qu'il mène un combat justifié, il demeure un personnage de roman. Car Jean Yvane, en romancier expérimenté, ne présente pas ici une thèse, mais bien une histoire, dont il sait agencer les épisodes en combinant les idées avec des notations concrètes donnant aux personnages, à leurs gestes, à leurs exclamations, à leurs nombreuses interjections, ou expressions à l'effet comiquement inattendu, par exemple :

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