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Qui se souvient de l'incroyable destin des soeurs Fox, ces deux fillettes de l'Amérique puritaine qui, par une nuit de mars 1848, en réponse aux bruits répétés qui secouent leur vieille ferme, inventent le spiritisme comme on joue à cache-cache ? Kate, d'abord, sorte d'elfe à la fois espiègle et grave, pleine de fantaisie et de mystère, Margaret, fascinée par la médiumnité de sa petite soeur, et enfin Leah, de vingt ans leur aînée, qui, avec l'aide d'hommes d'affaires de Rochester et de financiers de Wall Street, rêve de fonder un empire à partir de ce nouveau jeu de société un rien macabre...
Avec Théorie de la vilaine petite fille, Hubert Haddad revisite magistralement, dans un style ample et endiablé, un demi-siècle de la folle Amérique, celle du libéralisme naissant, des sectarismes et de toutes les utopies. Il nous offre un roman facétieux, émouvant, dont on ressort étourdi et joyeux comme d'une baraque de train-fantôme.
Hubert Haddad s'empare de la vraie vie des sœurs Fox (et oui, elles ont vraiment existé, et si vous cherchez sur le Net, vous trouverez encore et toujours des articles les encensant et d'autres les descendant en flèche, comme quoi elles restent bien présentes ; de là à croire à la présence des esprits...). Il y mêle des noms de célébrités de l'époque, de gens moins connus et également des personnages de fiction. Et tout cela fonctionne admirablement. Il s'intéresse tout d'abord à la personnalité des sœurs Fox et de divers personnages qui interviendront dans l'histoire. Le début du roman peut paraître un peu long, demande attention et persévérance et l'on peut parfois se demander pourquoi untel ou untel est cité, mais on sait que tous se rejoindront un moment ou un autre ; l'écriture de H. Haddad est là pour nous tenir, et heureusement, parce que la mise en scène passée, le reste du bouquin est un délice et se dévore jusqu'au bout (398 pages).
Il en vient rapidement aux premiers signes des esprits : "C'est alors que se fit entendre un claquement répété ; elle dénombra une douzaine de coups vivement martelés suivis de trois coups plus puissants et espacés, tout à fait comme l'annonce du brigadier sur le plancher des anciens théâtres, en signe des apôtres et de la Trinité" (p.41) Kate vient de découvrir son don de médium, et l'esprit qui l'habitera toute sa vie, elle le nomme "Mister Splitfoot". Le reste de l'histoire est l'enchaînement qui emmènera les sœurs Fox sur les grandes scènes, dans la belle société états-unienne de l'époque ; leur ascension est fulgurante, ce qui excite les jalousies et les conversions de certains flairant le bon filon pour se faire de l'argent ; c'est l'avènement des médiums et spirites en tout genre, charlatans et autres (si tant est qu'on ne croie pas déjà que tous sont des charlatans)
Hubert Haddad ne se contente pas de tirer le portrait des sœurs, il les replace dans leur époque et décrit l'Amérique de la seconde moitié du XIXe siècle. Le rattachement du Mexique à l'Union, la guerre de sécession, les luttes pour les droits des noirs, ... On croise quelques personnalités connues et d'autres beaucoup moins ou oubliées comme Frederick Douglass, né esclave, qui deviendra homme politique et conseiller de A. Lincoln, abolitionniste convaincu et convaincant qui militera également pour les droits des femmes, le premier homme noir à atteindre d'aussi hautes fonctions (il conclura l'un de ses discours par : "Right is of no sex- Truth is of no colour- God is the father of us all, and we are all brethren !" (p.274)
Ce qui a fini de me convaincre et qui est pour moi la plus grande qualité du bouquin -parmi toutes celles qui l'habitent-, c'est l'écriture de Hubert Haddad. De longues ou très longues phrases, dans un langage châtié, aux tournures élégantes, empli de mots rares mais néanmoins connus ("furibonderie", "séditieuse", "méjuger", "impécunieux", pour n'en citer que quelques uns) et d'autres nettement moins courants. Je me dois d'avouer ici en public que je n'aime pas trop les textes dans lesquels trop de mots que je ne connais pas sont inscrits, j'ai la flemme d'ouvrir un dictionnaire et j'oublie leur existence et a fortiori leurs définitions peu après. Mais maintenant que grâce à Liliba, j'ai un dico tout neuf, je me fais un plaisir de l'ouvrir, et second aveu ici même, jamais je n'ai autant cherché avec plaisir des définitions de mots que dans ce livre ; j'attendais même avec gourmandise le moment ou j'allais en trouver un inconnu de moi : "canitie", "liliale", "stertoreux", "égrotant", "épigone", "cachectique", "cippe", "amaurose", "cariatide", "valétudinaire", "herméneutique" (je connaissais ces quatre derniers, mais point leurs significations)
Vous l'aurez compris, ce roman est une vraie réussite, un de ceux que l'on ne quitte qu'avec regret, un de ceux qui instruisent et distraient les lecteurs simultanément, un de ceux dont on se dit que là, on a lu un grand roman et que tout le monde devrait le lire, un de ceux dont on aimerait que notre enthousiasme à son propos soit communicatif !
Au XIXe siècle, les soeurs Fox, Kate et Maggie, filles de fermiers américains à Hydesville inventent au milieu de leurs jeux de petites filles, le spiritisme. Rapidement, leur famille et leurs voisins de Hydesville vont assister à la démonstration de leurs pouvoirs et talents médiumniques, ce qui va leur valoir de devoir déguerpir rapidement avec leur famille afin d’éviter d’être lynchées pour sorcellerie. Sous la houlette de leur soeur aînée, Leah, qui a déjà troqué ses habits et manières de paysannes contre celles, plus fines, de la citadine professeure de piano à Rochester, commence alors leur ascension sociale et commerciale. Conseillées et dirigées par cette soeur que l’émancipation a doté d’un solide sens des affaires et d’une certaine cupidité, elles deviennent rapidement des mediums renommées qui déplacent des foules avides d’entrer en communication avec leurs chers défunts. Leur épopée à la lisière entre les vivants et les morts, le rationnel et les sciences occultes, les propulse à travers l’Amérique, d’Hydesville à Rochester prélude à leur consécration new-yorkaise. Pourtant, cette réussite commerciale fulgurante dissimule l’éclatement progressif du noyau familiale, chacune des soeurs poursuivant son chemin propre aux quatre coins des Etats-Unis, perdant peu à peu la maîtrise de leurs dons que leurs nombreux adeptes ont rapidement exploités et reproduits, tissant ainsi un réseau économique florissant sur le terreau des croyances plus ou moins avouables dans la société américaine puritaine du XIXe siècle.
Bien que peu portée sur les histoires de sorcellerie, de cartomanciennes et de tables tournantes, j’ai dévoré ce roman passionnant qui offre un dépaysement géographique et temporal total. On redécouvre les Etats Unis au XIXe siècle et cet univers chatoyant des grande plaines de l’Ouest, des fermiers itinérants, des pionniers, des shérifs, des indiens, des cow-boys, des esclaves avant de se retrouver propulsé comme les soeurs Fox dans les entrailles des futures grandes métropoles, à l’époque où circulent encore les fiacres et les cavaliers dans les rues des grandes villes, à l’époque où Manhattan n’est encore d’une île à l’abri du vacarme de New York sur laquelle on projette de bâtir un grand parc qui n’est autre que l’actuel Central Park… Le destin personnel et individuel des trois soeur Fox se fait l’écho de l’aventure américaine au XIXe siècle, de la mutation d’une nation de fermiers pionniers à un peuple de citadins: Leah épousera un financier de Wall Street, Maggie se mariera à un docteur rationaliste qui décèdera au retour de l’un de ses voyages d’exploration, Kate entretiendra une relation avec un missionnaire qui participera à la Guerre de Sécession….
J’ai beaucoup aimé le croisement des points de vues: narrateur externe, voix de Maggie à travers son journal, point de vue des voisins… qui recrée l’ébullition de cette aventure et diffracte la réalité selon plusieurs angles (un clin d’oeil au spiritisme qui fait bouger les frontières entre réalité et perceptions, faits et phénomènes…?) L’inclusion régulière de comptines enfantines, chansons traditionnelles en anglais dans le texte renforce le dépaysement, ajoutant ici et là une dimension prophétique aux événements que ces extraits, toujours judicieux, commentent ou concluent.
Le tour couronné par un style aussi ample que précis, toujours très inventif dans les métaphores, comparaisons et description des impressions.
Une belle surprise.
"Les sœurs Fox ne défendent aucune fantaisie sectaire. Avec le spiritualisme moderne, nous assistons à l'effondrement du mur du silence qui nous séparait de nos précieux disparus. Il s'agit là d'une révolution morale qui va changer la face du monde..."
Ce roman retrace la vie et l'oeuvre des sœurs Fox, jeunes Américaines considérées comme étant les premières à ressentir la présence des esprits. On les suit de leur jeunesse en pleine campagne dans leur maison hantée jusqu'à leur mort à New York.
J'ai trouvé le roman un peu trop long. Il faut parfois s'accrocher pour suivre l'histoire tant il y a de personnages secondaires. J'ai eu l'impression que l'auteur voulait tout dire et tout y passe: la guerre de Sécession, la guerre contre le Mexique, le mouvement féministe naissant, l'abolitionnisme... Les personnages fictifs et réels qui se mêlent m'ont perdu.
Je suis donc un peu déçu car j'ai plus l'impression d'avoir suivi un cours sur l'histoire de l'Amérique plutôt qu'un réel portrait des sœurs Fox. C'est dommage parce que c'est bien écrit sinon.
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