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« Ce livre, écrit au jour le jour pendant et après les attentats contre Charlie Hebdo et à l'Hypercacher, ne sort que deux ans après les événements : il fallait respecter le temps du deuil ; et me donner la faculté de suspendre celui de la réflexion. "Penser" les attentats est une gageure, parfois même un oxymore : le risque est soit de donner trop de sens à ce qui n'en a pas, soit de rater les étapes d'un processus plus complexe qu'il n'y paraît. Penser les attentats, c'est possiblement se tromper. Ce livre est un cheminement, une progression, une interrogation, un questionnement sur la radicalité, la radicalisation, la jeunesse, l'islamisation, la violence, le nihilisme. Autant de termes qu'on ressasse à longueur de journées sans jamais s'arrêter pour les creuser, les approfondir jusqu'à la nausée. Ce petit essai est obsessionnel : revenir à l'infini sur les actes, les causes, les effets, les acteurs, les conséquences, sans jamais se raturer, au risque même, çà et là, de se contredire. Les frères Kouachi, Amédy Coulibaly sont les tristes protagonistes d'un événement originel, matrice de tous les attentats qui suivirent : les notes et scolies rédigées à chaud et publiées maintenant, doivent se plaquer sur tous les attentats qui suivirent, et qui sortent tout droit, peu ou prou, de janvier 2015.Car ce qui me frappe à la relecture d'un texte rédigé il y a deux ans, c'est à quel point ce qui y était prévu est déjà advenu ou encore, hélas, à advenir . Je n'ai donc rien censuré des passages prophétiques qui me donnent aujourd'hui le sentiment d'une réflexion rattrapée par le réel, au prétexte qu'ils pourraient être lus comme ayant été rédigés rétroactivement à partir du réel : on ne s'excuse pas d'avoir eu raison trop tôt. "Nous sommes en guerre" a dit le président de la République. Les écrivains ont toujours voulu dire la guerre. Je n'échappe ni à la règle, ni à la tradition. » Y.M.
Inutile d'attendre de moi que je le dézingue, j'en suis bien incapable. Et oui, Yann Moix est un de mes chouchous ! Je sais ô combien il peut agacer, mais sa plume me plaît terriblement. Elle me fait l'effet d'une gourmandise en bouche. Alors, lorsqu'un nouveau Yann Moix paraît, je n'ai d'autres choix que de le lire. Mais cette fois-ci, ce n'est pas un roman que nous propose Yann Moix (on aurait tellement préféré qu'il s'agisse d'une fiction), mais un essai. Un essai sur le monde dans lequel nous vivons depuis les attentats de Charlie Hebdo.
Terreur est un recueil de notes écrit au jour le jour, pendant et après les attentats contre Charlie Hebdo et à l'Hypercacher. Yann Moix ne le publie que deux ans après les événements, pour respecter le temps du deuil ; et se donner la faculté de suspendre celui de la réflexion. Il précise s'il en était besoin, qu'il n'est ni sociologue, ni spécialiste de l'islam. Il n'a d'autre spécialité que de vouloir rester en vie. Comme nous, il traverse une réalité gangrenée par la mort et contaminée par la peur. Cette réalité, loin d'être abstraite, est là, en bas de nos rues. Conscient de cette nouvelle donne, Yann Moix a pensé les attentats. C'est une gageure, parfois même un oxymore. Ce livre décousu est un cheminement, une progression, une interrogation, un questionnement sur la radicalité, la radicalisation, la jeunesse, l'islamisation, la violence, le nihilisme. Autant de termes qui sont ressassés à longueur de journées sans jamais être analysés, disséqués, malmenés. Yann Moix est obsessionnel, il revient à l'infini sur les actes, les causes, les effets, les acteurs, les conséquences, sans jamais se raturer, au risque même, çà et là, de se contredire. Il nous livre une théorie sur le terrorisme, les terroristes. Un essai pour comprendre ce qui peut pousser ces jeunes à jouer à la guerre, plus qu'ils ne la font réellement avec des morts qui eux, paradoxalement, ne jouent pas.
J'étais un passant, un simple passant. J'en suis mort. Je suis mort de ce crime, de cette impardonnable faute : passer par là.
Terreur est un livre intelligent à l'image de son auteur. Yann Moix nous propose en trente chapitres une réflexion particulièrement fouillée, exhaustive, pertinente. Sa démonstration est convaincante, évidente. On s'étonne même de ne pas y avoir pensé. Et puis, Terreur est bourré de citations dont certaines percutent.
On ne "rate" jamais sa mort, on ne "rate" jamais une mort - on est mort, ou on est vivant. On peut rater un suicide, un assassinat - la mort, elle, est toujours (parfaitement) réussie.
Le terroriste est aussi mort que nous sommes vivants. Un enfant, cela vient au monde le premier jour de la vie ; un terroriste, cela vient au monde le premier jour de la mort.
Les terroristes sont des analphabètes de l'émotion.
Terreur ne se lit pas comme un roman, parce qu'il n'en est pas un. Il se lit comme un recueil, un recueil de pensées qui se tient à notre disposition pour nous aider à méditer sur le terrorisme, ce terrorisme qui reste malheureusement toujours d'actualité.
Bonne méditation !
http://the-fab-blog.blogspot.fr/2017/03/mon-avis-sur-terreur-de-yann-moix.html
Yann Moix est un intellectuel qui maîtrise autant l’art de fasciner par ses analyses que l’art d’exaspérer par son arrogance. Même si, moi aussi, je le trouve parfois irritant, je dois avouer qu’il fait souvent preuve d’une grande perspicacité sur les sujets de société. En général, il aborde les thèmes sous un angle décalé qui apporte une vision différente. C’est pourquoi son avis m’intéresse et j’ai tout de suite été attiré par cet essai sur le terrorisme.
Plus qu’un essai, Yann Moix nous offre plutôt un recueil de pensées. Celles-ci sont composées principalement d’aphorismes, de citations et de courtes réflexions et sont présentées sous forme de pêle-mêle d’idées. Cela lui permet d’apporter son point de vue sur les drames et sur les acteurs de ces drames. Par son ressenti au fil des évènements, avant, pendant et après les attentats, il se propose d’analyser les comportements de ses assassins et les répercussions sur les esprits des victimes.
Dans ce bric-à-brac, vous allez parfois rencontrer des banalités, des contrevérités, des erreurs mais surtout vous allez trouver des bons mots, des analyses pertinentes et des fulgurances, que vous allez relire plusieurs fois pour apprécier. Tous les chapitres auront au moins le mérite de vous faire prendre du recul et de vous faire réfléchir. Je crois d’ailleurs que c’était l’objectif de cet ouvrage, qui prend toute sa force dans les passages un peu plus longs et plus étoffés.
Je conseille aux futurs lecteurs de garder ce livre à portée de main, pour pouvoir le découvrir petit à petit. Je pense qu’il faut le feuilleter comme il a été écrit, c’est-à-dire par petites bribes. Personnellement, je l’ai lu d’un trait et j’ai trouvé toutes ces considérations un peu pesantes en un seul bloc. Prenez donc le temps de picorer ce recueil qui vous aidera à méditer sur notre condition.
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