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« On pouvait remarquer bien des traits communs entre cet honnête Allemand et le terrassier ivre du samedi soir qui rentre chez lui animé de sentiments belliqueux envers sa femme et fait joyeusement pleuvoir les coups rien qu'à sa vue. Ainsi peut-il aisément obtenir toute l'excitation et tout l'exercice dont il a violemment besoin, sans pour cela s'exposer au moindre des dangers que présenterait nécessairement un affrontement plus réel.» Dans le Paris de la Bohème bourgeoise, Tarr, un peintre anglais, trop perspicace pour ne pas être sarcastique à la puissance 10, se sépare brutalement de Bertha Lunken, une jeune artiste allemande au romantisme de pacotille, pour mettre fin aux rumeurs de fiançailles qui circulent à leur sujet.
L'écervelée cherche désespérément à attirer de nouveau son attention en fricotant dangereusement avec Otto Kreisler, peintre prussien bien bâti dont le talent -médiocre- consiste plutôt à « taper » ses amis au double sens du terme : quand il n'en a pas à leur bourse, c'est à leur « vie » qu'il s'attaque avec violence et ressentiment. Quand paraît Anastasya Vasek, une créature russo-germanique, à ranger dans la catégorie définitivement supérieure à tous points de vue (fortune, intelligence et beauté), l'infernale triangulation (Tarr-Lunken et Kreisler) amoureuse explose : Kreisler provoque soudain en duel Soltyk, l'élégant Polonais qui, non content de l'avoir supplanté dans les faveurs financières de son ami Ernst Vokt, se promène désormais chaque jour au bras de la belle amazone.
Bien que l'honneur de Kreisler ne puisse nullement constituer le motif de l'affrontement, Soltyk finit, à force d'être giflé, d'accepter le rendez-vous fatidique dans les brumes du Bois de Boulogne. En réalité, il mourra par accident, d'un vulgaire acte manqué imputable à Kreisler. Ce dernier, après une courte cavale et une arrestation pour vagabondage, finira par se pendre dans la cellule d'un commissariat. Tarr, de son côté, n'aura aucun mal à séduire Anastasya tout en décidant également d'épouser - pour un temps - Bertha, enceinte de Kreisler. La farce est close. La vie n'a fait qu'exalter chez Tarr le sens d'une vraie « création » - la farce qui relève de l'art et révèle de l'existence toutes les « tares ».
Ce premier roman de Whyndham Lewis, paru en 1918, créa un renouveau dans l'art romanesque par son ton provocateur, sa peinture audacieuse des caractères et son culte de « l'énergie ». L'Allemand romantique, dégommé par Nietzsche et sa volonté de toute-puissance, sombrait dans le nihilisme, la farce et la folie dans un Paris, par contraste, bien trop civilisé pour être vraiment artiste,. Reflet de l'expérience parisienne (1901-1909) de l'auteur, Tarr a été écrit entre 1910 et 1915, présenté en feuilleton sous une forme abrégée par The Egoist (1916-1917) et publié à Londres et New York en 1918. En 1928, paraît une nouvelle édition complètement réécrite, dans le sens de la modération et de la correction, mais sans le moindre changement apporté à l'intrigue. C'est cette seconde version dont nous donnons ici la traduction.
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