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Ce livre nous parle de Paris, d'une manière anormalement authentique, de la solitude et des nostalgies d'un être égaré parmi des étrangers, qui s'efforce de mettre son horloge interne à l'heure parisienne. Écrit avec légèreté, sans prétention, ce micro roman épistolaire se lira avec le même plaisir et la même décomplexion qui ont présidé à son écriture.
Le récit de Lucretia Barladeanu n’est pas à proprement parler un roman fictionnel ; il s’agirait plutôt d’observations diverses qui portent par exemple sur les individus observés dans le RER , des gens un peu bizarres, originaux, ou bien des musiciens écoutés dans les rames, musiciens qui ramènent Lucretia Barladeanu à la puissance d’évocation de la musique, à sa force :
« Et je me suis éloignée de cet endroit où les sons magiques renaissaient, en
reclassant sereinement le dossier des conflits entre Roumains et Hongrois dans les tiroirs de l’administration de la Communauté Européenne et en
méditant sur le film de Roman Polanski Le Pianiste et
la force extraordinaire de la musique. »
Autre constante, qui est probablement ce qui constitue l’intérêt majeur de ce récit : l’attachement viscéral à sa culture d’origine : celle de la Roumanie, de l’Europe centrale, et à celle de sa région d’origine : la Moldavie .Lucretia Barladeanu nous rappelle que trois grandes gloires de la culture roumaine, qui ont connu la consécration en France : Eugène Ionesco, Emile Cioran, Mircea Eliade ont marqué de leur empreinte la culture de leur pays d’origine, et le nôtre.
L’auteure nous restitue aussi, avec une satisfaction évidente, l'initiation à la culture roumaine de l’une de ses amies, Arzu, d’origine turque :
« Nous refaisions, Arzu et moi, l’itinéraire comme un jeu magique, dans l’attente d’un miracle qui se dissipait discrètement dans l’air sur tout le Quartier Latin pour planer de manière plus dense au-dessus du Théâtre de la Huchette où nous entrions ensemble pour voir les deux pièces légendaires d’Eugen Ionesco
– La cantatrice chauve et La Leçon. »
Une dernière remarque effectuée par l’auteure : l’influence qu’auraient exercé les substances narcotiques sur les écrivains roumains : « Ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans cet ouvrage c’est la période contemporaine et la manière
dont un vice peut devenir une vertu. L’auteur y met au premier plan Mircea Cartarescu en tant que personnage principal (sinon Chevalier) de l’intelligentsia roumaine et modélateur de la sensibilité postmoderniste qu’il a enrichi de nouvelles nuances esthétiques à travers l’exacerbation des
expériences psychédéliques. » Révélation surprenante, pour le moins inattendue, qui n’entame pas l’admiration que nous éprouvons pour la culture roumaine, en lisant ce plaidoyer pro domo qui nous convainc élégamment.
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