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Janina Doucheyko, ingénieure en retraite, enseigne l'anglais dans une petite école et s'occupe, hors saison, des résidences secondaires de son hameau au coeur des Sudètes. Elle se passionne pour l'astrologie et pour l'oeuvre de William Blake, dont elle essaie d'appliquer les idées à la réalité contemporaine. Aussi, lorsqu'une série de meurtres étranges frappe son village et les environs, y voitelle le juste châtiment d'une population méchante et insatiable. La police enquête. Règlement de comptes entre demi-mafieux dus aux trafics frontaliers avec la Tchéquie ? Les victimes avaient toutes pour la chasse une passion dévorante. Quand Janina Doucheyko s'efforce d'exposer sa théorie - dans laquelle entrent la course des astres, les vieilles légendes et son amour inconditionnel de la nature -, tout le monde la prend pour une folle. Mais bientôt, les traces retrouvées sur les lieux des crimes laisseront penser que les meurtriers pourraient être... des animaux !
Vous croyez en l’astrologie ? Pensez-vous que la position des planètes à votre naissance puisse déterminer la date et les circonstances de votre mort ?
Croyez-vous que les animaux ont une vie secrète et qu’ils pourraient se venger de tout ce que les hommes leur font subir ?
Et si les deux étaient liés ?
Janina Doucheyko vit seule dans un endroit isolé en République Tchèque, aux abords d’une forêt. Certains aiment y chasser, pas toujours dans le respect des animaux.
Un matin, elle retrouve son voisin, un chasseur, décédé, un petit os de biche coincé dans le larynx. Cette mort est la première d’une longue série, toujours entourées de mystérieuses traces animales : des traces de pattes dans la neige, des insectes à proximité. La police mène l’enquête mais Janina a son idée. Grace à la date de naissance des victimes, elle étudie les thèmes astraux et observe d’étranges similitudes.
Brillant. Époustouflant. Décalé. J’ai adoré ce roman. Entre l’ambiance trouble qui règne dans cette forêt de République Tchèque, les animaux à l’orée de la forêt qui observe et les thèmes astrologiques des victimes, la tension monte d’un cran et le lecteur est lui aussi pris au piège. Qui tue ? L’animal, l’ascendant ou le maître ?
J’ai aussi eu envie d’étudier mon thème astrologique plus en profondeur pour vérifier si Saturne était placé en signe animalier. Dans ce cas, il annonce une menace pour la vie de la part d’un animal sauvage ou agressif. J’ai vérifié et dans mon thème, Saturne est en sagittaire
Lire ce livre signifie tout d’abord se plonger dans une ambiance particulière. C’est l’hiver dans ce petit hameau désormais déserté par les propriétaires de résidences secondaires. Il y fait froid, le vent souffle, l’accessibilité est réduite en raison de la neige. Tout à coup, l’une des rares habitantes présentes, Janina, est réveillée en pleine nuit par l’un de ses voisins, Matoga. La raison ? Leur voisin, surnommé Grand Pied, a été retrouvé mort. Janina et Matoga vont sur les lieux, habillent le corps et supposent à cette occasion qu’il est mort étouffé par des petits os que l’on retrouve dans la gorge. Cette disparition est le prélude à d’autres…
Janina a une théorie : ce sont les animaux qui se vengent de ces personnes qui les maltraitaient. La police la prend pour une folle. Se pourrait-il qu’elle ait raison ? Attardons-nous sur le personnage de Janina. Elle se présente comme une vieille femme :
Je suis à présent à un âge et dans un état de santé tels que je devrais penser à me laver soigneusement les pieds avant d’aller me coucher, au cas où l’ambulance viendrait me chercher en pleine nuit.
On l’imagine comme ayant toujours vécu dans ce hameau, un peu excentrique (elle donne des surnoms aux gens qu’elle côtoie) mais au fil de la lecture, on se rend compte qu’elle a eu un parcours assez riche, la conduisant dans des pays lointains ; passionnée d’astrologie, elle aide également pendant son temps libre un de ses anciens élèves à traduire des oeuvres de William Blake et donne des cours d’anglais aux enfants de l’école. Elle est la narratrice du livre, qu’elle porte littéralement. Un dernier détail qui n’est peut-être pas anodin eu égard à la théorie qu’elle développe sur le ou les meutriers : elle aime la nature, qu’elle respecte, et ne supporte pas la mort des animaux :
Je ressens du regret, un énorme regret pour chaque animal mort, une sorte de deuil qui ne se termine jamais. Un deuil en remplace un autre, je suis constamment endeuillée. Voilà à quoi j’en suis réduite.
Il y a un côté polar dans ce livre, même si ce n’est pas le qualificatif qui vient immédiatement à l’esprit quand on évoque ce dernier. Il y a également un côté fantastique et peut s’apparenter à une fable écologique. Sur les ossements des morts m’a beaucoup plu ; la fluidité de l’écriture, l’atmosphère qu’il en ressort, la description de la nature, la personnalité du personnage principal m’ont fait passer un très bon moment de lecture et m’incite à continuer de découvrir Olga Tokarczuk à travers d’autres oeuvres.
https://etsionbouquinait.com/2023/03/11/olga-tokarczuk-sur-les-ossements-des-morts/#more-10469
Au coeur de l’hiver, dans un environnement particulièrement triste et rude, Janina est réveillée en pleine nuit par son voisin, qui lui demande de le suivre, pour se rendre dans une maison voisine, où git un cadavre. Celui de l’homme qu’elle appelait Grand Pied. Sans tenir compte des connaissances de base que tout amateur de séries policières n’ignore plus, ils s’arrangent pour que l’homme ait une allure décente lorsqu’il sera découvert. De toute façon, l’origine de la mort est claire : il s’est étranglé avec une petit bout d’os. Pour Janina cependant, ceci est la preuve que les animaux sauvages, traqués par les chasseurs, se sont vengés.
Bien entendu, la police ne prête pas attention aux élucubrations d’une vieille folle. De même lorsque l’on découvre un autre chasseur, tombé dans un puits, avec des traces de coups sur le crâne;
Il faudra une troisième mort pour que les autorités locales finissent par douter de la thèse d’une coïncidence.
C’est en premier lieu une profonde sympathie que suscite ce personnage fantasque mais déterminé qu’est Janina. Elle a de nombreux points communs avec une de mes héroïnes cultes, qu’est Maud, du roman adapté en film Harold et Maud. Irrévérencieuse et suffisamment aguerrie par la vie, rien ne lui fait peur et elle ne manque pas de faire part à qui veut l’entendre de ses soupçons de complot animalier.
C’est un roman remarquable, pour l’histoire (même si on se doute assez rapidement de ce qui s’est passé, et peu importe, la résolution de l’énigme n’est pas le principal), pour les personnages et surtout celui de la narratrice et pour cette belle écriture d’une autrice Prix Nobel et reconnue à juste titre dans son pays.
Elle a un sapré tempérament Janina.
Euh, pardon, Mme Doucheyko.
Elle déteste qu'on l'appelle Janina.
C'est comme ça, il y a des mots qu'elle n'aime pas.
Elle n'aime pas les chasseurs non plus.
Ni trop ses voisins, enfin surtout Grand Pied, parce que Matoga, même s'il n'est pas trop bavard, ça va encore.
Mais elle adore les animaux, et les enfants à qui elle donne des cours d'anglais.
Elle est ingénieure retraitée des Ponts et chaussées.
Elle n'est pas en excellente santé.
Elle vit dans une maison isolée dans la montagne, pas très loin de chez Matoga.
Les hivers sont rudes, très rudes dans cette région de Pologne proche de la frontière tchèque.
Pour moi ce livre, c'est le portrait de Mme Doucheyko plus qu'une enquête sur quatre morts mystérieuses.
Rien ne lui fait peur, malgré ses douleurs elle a une pêche d'enfer et surtout elle ne s'en laisse pas compter.
Elle est passionnée d'astrologie et la mêle à tous les événements.
J'ai survolé tous ces passages sur les astres et les horoscopes, n'étant pas assez connaisseuse moi-même.
Par contre, j'ai vraiment aimé la personnalité de cette femme, son tempérament, ses digressions, ses théories loufoques.
Les paysages, les animaux, la nature ont une place capitale dans l'histoire.
Le rythme est lent, un peu trop parfois.
Bref, une atmosphère un peu spéciale pour une lecture originale.
Un bon polar tendu et intelligent, prétexte à plaider la cause animale et parler d’écologie, ce, avec un talent d’écriture remarquable.
Janina Doucheyko, retraitée et célibataire vit dans un hameau de montagnes en Pologne sur la lisière frontalière avec la Tchéquie.
La femme a un caractère fort et bien trempé. Ancienne ingénieure, elle a bâti de nombreux ponts dans le monde.
Elle s’intéresse à l’astrologie et à William Blake.
Végétarienne, elle porte un amour absolu à tous les animaux. Souvent elle se retrouvera en conflit avec la bande de chasseurs du coin à tel point qu’elle portera plainte contre eux dénonçant leurs tueries d’animaux sauvages abusives et cruelles à la police avec à l’appui, des courriers nourris de ses rancœurs, rappels d’articles de loi, témoignages aux multiples explications qui n’aboutiront à rien sinon la faire passer pour une vieille originale voire une vieille folle écologiste.
La psychologie de chacun et en particulièrement celle d’une femme active et instruite devenant très âgée, est soigneusement étudiée.
Janina a 4 amis : son voisin, Matoga, un vieux monsieur maniaque attaché à la propreté et l’ordre au cordeau dont elle dit qu’il est atteint d’ « autisme testostéronien » ; un jeune homme, Dizyo, un de ses anciens élèves en anglais avec qui elle partage l’admiration pour Blake et dont ils traduisent les poèmes avec passion ; Bonne Nouvelle qui dirige une boutique de vêtements d’occasion au village et, Boros Sznajder, un entomologiste venu de Tchéquie, de passage dans la région pour inventorier les larves de Cucujus haematodes.
Hormis ces quatre-là, on rencontrera des chasseurs, des fermiers, des policiers, le curé, la directrice d’école et les propriétaires des résidences secondaires qui, ces derniers, payent Janina pour veiller aux maisons en leurs absences et particulièrement l’hiver…
Dans ce coin reculé et quasi déserté, magnifiquement décrit saison après saison, Janina va se retrouver au centre d’une enquête criminelle pour assassinats mystérieux.
Points commun, les macchabées sont tous chasseurs.
Le premier, un braconnier s’est étouffé avec un os de biche. On retrouve le second le crâne fracassé avec des traces de sang animal, à moitié penché dans un puits, le troisième sous des feuilles, recouvert de lichens, moisissures et envahi par des insectes, des cucujus vermillon et enfin le Père Froufrou calciné dans son presbytère…
Animaux ? Mafia ? Vengeance ? La vie de chacun est dépiautée et peu à peu, on découvre bien des choses sur ces hommes-là et la vie cachée dans la région… Contrebande, pots de vin, projets de construction industrielle, trafic d’animaux, etc…
Sous forme de polar animalier, l’auteur au Prix Nobel, nous plonge dans le combat bien réel et documenté de la protection animale et la sauvegarde des espèces en voie de disparition…
Olga Tokarczuk va nous entrainer, dans un tourbillon de nature et de paysage magnifiques, et nous faire dévaler sur une prise de conscience de la vie animale et ses souffrances.
Elle rappellera qu’il fut des époques où certains animaux furent jugés pour blessures ou meurtres et qu’il n’est donc pas exclus que ces assassinats furent fomentés par les biches et chevreuils sauvagement chassés et assassinés…
«Depuis bien longtemps, nous n'avons pas connu de cas de meurtres perpétrés par ces créatures», note-t-elle à l'attention de la police. Le dernier procès animalier pour homicide remonterait à 1394, quand des «cochons ont tué et dévoré un enfant. La truie fut condamnée à la pendaison, mais on épargna ses six petits, en considération de leur jeune âge».
Des vers de William Blake sont notés à chaque début de paragraphe.
C’est un roman passionnant et intelligent qui ne se lâche pas.
« Ne tue papillon de jour ni de nuit, Le Jugement dernier peut venir aujourd’hui. »
"Je pourrais très bien vivre dans un crépuscule sans fin."
Ainsi parlait non pas Zarathoustra mais Janina, qui déteste son prénom et préfère qu'on l'appelle Mme Doucheyko.
Mme Doucheyko donc, retraitée, vit seule dans un coin reculé des Sudètes, elle surveille les propriétés des voisins durant leur absence hivernale et donne de temps à autre des cours d'anglais aux enfants du village. Elle donne des surnoms aux gens et est férue d'astrologie.
Un beau jour, son plus proche voisin vient la prévenir que leur autre voisin est mort. Une autre mort suivra puis une disparition.
Et si les animaux avaient décidé de se venger des traitements qui leur sont infligés depuis des années ?
Ce roman était mon premier lu d'Olga Tokarczuk, et aussi le plus accessible apparemment.
J'ai été conquise par cette belle écriture et surtout envoûtée par cette atmosphère très particulière, entre ésotérisme et réalité.
Janina (désolée Janina mais Mme Doucheyko me paraissait trop formel, on se connait bien maintenant toi et moi), m'a conquise également : oscillant entre malice et tristesse, militante mais aussi vieille toquée. Je ne l'oublierai pas de sitôt.
On ne va pas se mentir, je n'avais jamais entendu parler de Olga Tokarczuk jusqu'à l'obtention de son récent prix Nobel. Je me suis donc rendue chez mon libraire qui m'a conseillée d'entrer dans son univers par son roman le plus accessible, Sur les ossements de morts, donc.
Ce que je retiens avant tout de cette lecture vraiment surprenante, c'est d'abord son incroyable et personnage principal : Janina Doucheyko, ingénieure à la retraite, vivant esseulée dans un hameau de la région des Sudètes, au fin fond de la Pologne, à la frontière tchèque. Tout le monde la prend pour une vieille cinglée. Faut dire qu'elle est bourrue, facilement paranoïaque et complètement toquée d'astrologie, obsédée par l'idée que le thème astrologique d'une personne pourrait révéler la date de la mort. Et pour découvrir quelles planètes jouent le rôle des Moires, elle récolte, compulse des milliers de dates de naissance et de décès.
Surtout, elle propose une lecture très personnelle des étranges crimes qui frappent le hameau. Des braconniers, des chasseurs meurent mystérieusement, elle y voit un juste châtiment pour punir des êtres abjects, une vengeance de la part des biches qui se transformeraient en tueuses subtiles. Magnifique idée qui apporte une touche presque fantastique à ce faux polar, amplifiée par les descriptions poétiques d'une nature rude et par les apparitions des fantômes de la mère et de la grand-mère de Janina.
Le récit est très intelligemment menée, chaque détail compte, et l'écriture ciselée de Olga Tokarczuk plonge le lecteur dans une ambiance très singulière qui pousse à la réflexion. S'il y a bien un dénouement qui permet de résoudre brillamment l'enquête, la trame policière n'est en fait qu'une toile de fond prétexte à un portrait corrosif de la société polonaise des marges, et de façon plus universelle, à une fable sur notre rapport à la nature et aux animaux. On est clairement dans de la littérature engagée, mais sans lourdeur ou manichéisme, et surtout avec un sacré sens de l'humour, noir, forcément, comme en témoigne les toutes premières lignes :
« Je suis à présent à un âge et dans un état de santé tels que je devrais penser à me laver soigneusement les pieds avant d'aller me coucher, au cas où l'ambulance viendrait me chercher en pleine nuit. »
Une vraie découverte comme je les aime en littérature, déroutante et intelligente.
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