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La mer, elle est partout. Et parfois, au milieu, il y a des îles. Pascal et Murène sont des insulaires mais pas de la même île. Lui, c'est une île de l'océan, et elle, une de Méditerranée. Ensemble, ils pêchent sur un chalutier. Le Mort, il s'appelle. Dessus, ballotés par les vagues et les tempêtes, ils vont bien ensemble. Mais à terre, avec leur passé à traîner, c'est pas facile tous les jours... La mer, on dit qu'elle est cruelle mais elle peut être généreuse aussi. La preuve, elle, elle rend toujours les corps. À terre, c'est parfois plus compliqué... Alors quand il reçoit la lettre de Murène, Pascal ne peut l'ignorer. C'est trop tard. Il faut qu'il y aille ! Il sort le fusil, il reste six chevrotines. C'est plus que suffisant...
Quatrième roman noir de Pascal Thiriet, « Sois gentil tue-le », aux éditions Jigal, est une véritable claque.
L’intrigue, un pêcheur, Pascal, îlien de l’Atlantique prend comme équipière sur son chalutier Murène, une fille d’une île méditerranéenne. Ils sont collègues sur l’eau, amants sur terre. Ils traînent tous les deux un passé lourd. La mer, elle, sait être généreuse « elle rend toujours les corps. À terre, c’est parfois plus compliqué. » Et au fil des pages ça va effectivement se compliquer.
C’est le héros qui raconte. Les mots sont justes, les phrases courtes. Il y a de belles trouvailles stylistiques. L’auteur possède un véritable ton. Il manie avec délectation la langue, y compris pour en bouleverser la syntaxe. Des comparaisons poétiques parfois. Et pour qui a un peu navigué, le constat est sans appel, Pascal Thiriet sait de quoi il parle et il en parle bien.
On ne peut s’empêcher de penser au « Petit boulot » de Iain Levison, le côté un peu cynique sans doute. L’écriture aussi. Une écriture qui colle vraiment au roman noir.
❤️ Oh ! Coup de cœur pour ce bouquin du soixante-huitard et touche-à-tout au pied marin Pascal Thiriet : Sois gentil, tue-le.
Son livre (ce n’est pas son premier, ça promet d’autres bons moments) n’est pas vraiment un polar, plutôt un roman noir où il sera question de mer et de pêche, d’îles et de ‘gens’, de sacrés personnages.
À commencer par son homonyme, Pascal, patron du fileyeur Mort à crédit (sacré nom pour un bateau de pêche !).
[...] — Le Mort à Crédit c’est un nom pas commun.
Je voulais pas trop dire. J’ai juste répondu : — C’est un livre.
— Un livre de bateau ?
— Je sais pas, je l’ai jamais lu.
Comme les autres marins de son île atlantique, Pascal est un taiseux, avare de ses mots.
Lui, il a l’esprit un peu simple. Il est ‘gentil’ aurait dit ma grand-mère.
Jusqu’au jour où il reçoit cette lettre de son ex-amie : Sois gentil, tue-le.
Pascal prend donc la route avec son fusil pour la rejoindre dans son autre île (l’auteur a des origines corses).
[...] Il avait suffi d’une lettre, d’un mot de quatre lignes et j’avais traversé le pays.
Difficile d’en raconter plus parce que ce qui fait la puissance de ce petit bouquin (150 pages), c’est la force de l’écriture de Thiriet : une musique mélodique et rythmée qui fait que l’on tourne, tourne les pages, non pas pour découvrir le fin mot de l’histoire, non surtout pas, mais juste pour pas que la musique s’arrête.
Tout comme son héros taiseux, l’écrivain est avare de ses mots qu’il pèse avec soin avant de nous les livrer, juste pour dire ce qu’il faut, pas plus, pour aller à l’essentiel.
[...] Il a fait semblant de réfléchir. Mais je savais bien que c’était juste qu’il n’aimait pas raconter.
[...] Les estivants habitaient des villas sur la mer, là où on voulait surtout pas habiter, vu que la mer c’est là qu’on travaille et que c’est pas un travail facile. Et puis on avait tous un proche qu’elle avait rendu tout gonflé et couvert de vase, la mer.
Les portraits brossés par l’artiste (des marines ?) dégoulinent d’humanité littéraire : le portrait de Pascal le Simple, et ceux des femmes qu’il aura côtoyées : deux ou trois bonnes amies, sa sœur et son amie, quelques gars aussi.
En prime, une petite excursion (pas de tout repos) vers les plateformes offshore abandonnées par lesquelles transitent des migrants vers l’eldorado européen : instructif.
Pour celles et ceux qui aiment les histoires simples.
Court roman, dans lequel tout est direct, va à l'essentiel. Les pêcheurs sont des taiseux, ils ne s'épanchent ni dans leur travail, ni dans leurs moments de repos, les repas entre Pascal et Murène ne sont pas exaltés, ni dans le livre. Efficacité, rapidité priment dans cette histoire qui pourtant prend le temps d'aborder la question des migrants et des passeurs d'une manière inédite. Pascal Thiriet ne s'embarrasse pas d'à-côtés, de digressions. D'aucuns nomment ça un roman à l'os, qui va droit au plus profond dans lequel les personnages sont avant tout des Hommes qui vivent en interaction avec d'autres, et même si le dialogue, les ronds-de-jambes ne sont pas leur fort, ils ressentent, aiment ou détestent, agissent en fonction de valeurs qui leur sont propres et même lorsqu'elles peuvent heurter les nôtres, il est difficile de les leur reprocher. De l'humain rien que de l'humain dans les romans noirs de Pascal Thiriet qui a un passé pas très joli joli puisqu'il m'a déjà obligé à me coucher tard avec ses romans précédents : J'ai fait comme elle a dit, Faut que tu viennes, Au nom du fric. Son écriture est orale et colle parfaitement à ses personnages : Murène et Pascal ne sont pas des intellectuels, ils sont simples et parlent simplement et directement, pas de salamalecs. Le rythme est rapide et encore une fois, il est bien difficile de poser le livre une fois entamé, sauf lorsqu'on l'a fini, et encore, on en aurait bien repris un petit peu...
"Quand je suis arrivé à la maison, il faisait presque sombre, rien ne bougeait, ni sur la terre ni au ciel. Si l'on m'avait demandé la couleur de la lumière, j'aurais répondu qu'elle était grise, grise et silencieuse." (p. 5)
Quand il était petit, on le surnommait Gogol, aujourd’hui c’est Pascal. Une seule voix pour ce roman noir original qui nous donne à voir le parcours d’un homme pas comme les autres. Un pêcheur, un insulaire qui ne vit que pour et par la mer. Pas un grand bavard certes, mais chaque mots prononcés vaut de l’or. C’est encore en mer qu’il est le plus heureux, alors que la vie à terre c’est autre chose. Un jour il reçoit une lettre de Murène, une qui a compté dans sa vie alors sans plus s’appesantir, il quitte tout et part la rejoindre avec son fusil et ses six dernières cartouches. Pendant le voyage, il nous raconte, il se raconte et on ne peut qu’être séduit par la simplicité de l’homme mais aussi par ses valeurs comme celles de l’amitié et de la fidélité. Il raconte son enfance, sa sœur et surtout Lorraine, l’amie de sa frangine, les années douces comme il dit. Plus tard pour garder son entreprise à flot, il a du faire des choix pas toujours en accord avec sa conscience mais il faut faire ce qu’il faut dans la vie quand il s’agit de survie. L’auteur sait faire vivre son personnage, il lui donne les mots et les expressions. Il en fait quelqu’un de solide et de franc. Il est question tout au long, de la famille de celle dont on vient et de celle qu’on se construit. J’ai trouvé ce récit prenant, il est court et peut se lire d’une traite tant on reste embarqué aux côtés de ce marin hors norme. La rencontre avec Murène, son pendant féminin qui est aussi à l’aise que lui sur un chalutier et connait bien le métier est comme une révélation. Pourtant la vie tout comme les vagues peut séparer ou rapprocher selon les vents. Sans plus attendre glissez-vous dans ce récit, vous ne le regretterez pas. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2020/03/10/38089951.html
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