Si tard après minuit est un livre qui raconte diverses histoires : celle d'une femme qui est prête à tout entreprendre pour que son fils recouvre ses facultés langagières perdues accidentellement et mystérieusement lors d'une cérémonie, c'est aussi l'histoire d'un étudiant qui rentre au bercail après des études de philosophie en Occident pour se retrouver confronté à une réalité opaque dans son pays ; c'est aussi l'histoire d'une institutrice qui se fait trop d'illusion mais ne tarde pas à être aveuglée par l'évidence qui rend ses rêves inutiles ; c'est aussi l'histoire d'un jeune "crameur" qui, acculé à vivre une oisiveté meurtrière, veut fuir son pays natal à la recherche d'un eden salvateur ; c'est aussi l'histoire d'un Derviche qui confond licite et illicite, sacré et profane pour se faire une place dans une société submergée par des traditions éculées : mais c'est aussi l'histoire du langage, source de méprises et d'illusions, corps imperméable, impropre à véhiculer les sens et les sentiments qu'on lui confie. C'est donc un livre d'obstacles, racontant des illusions désillusionnées, dénonçant sournoisement une société où le seul commerce prospérant est celui du toc et du faux, où sont parsemés par ci par là des clins d'oeil autobiographiques. Au-delà, c'est aussi un livre de la culbute, une espèce de carnaval où les choses sont présentées à l'envers, une manière de remettre sur son séant une société qui va à la dérive, nécessitant un coup de pouce pour ne pas sombrer dans les abysses de l'impondérable. Et que l'espoir soit de mise, et qu'une forme de justice inédite puisse enfin voir le jour...
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