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Par son seul roman, L'Attrape-coeurs, Jerome David Salinger (1919- 2010) a fasciné - et fascine encore - des générations de lecteurs. Dès la parution du livre en juillet 1951, le succès est foudroyant. Cette « bonne fortune », ainsi qu'il le confesse, lui permet de vivre reclus à Cornish, dans le New Hampshire. Ce choix de vie qu'il s'impose jusqu'à l'extrême a intrigué ses contemporains. Salinger voulait qu'on lui fiche la paix.
Sa vie fut pourtant très romanesque. À vingt ans, il rêve de conquérir Hollywood. Sa liaison avec Oona O'Neill, la future épouse de Charlie Chaplin, tourne court. La Seconde Guerre mondiale bouleverse ses plans. Il s'engage et devient membre des services de renseignement. Des plages du Débarquement jusqu'à la libération des camps de concentration, il a tout vu. « Quelle étrange farce sinistre et combien d'hommes sont morts ! » confie-t-il à une amie.
Cette biographie, fruit de dix ans d'enquête, d'entretiens et de recherches aux États-Unis, en Pologne, en Autriche et au Royaume-Uni, s'appuie sur une abondante correspondance largement inédite. Elle se propose de montrer l'écrivain au plus près de ses préoccupations, de sa quête spirituelle et de son quotidien. On découvre un Salinger adolescent travaillant dans un abattoir à Bydgoszcz, en Pologne, ou sur les pistes de danse à Vienne à la veille de l'Anschluss.
L'écriture était son salut. Il mettra dix ans à façonner Holden Caulfield, son alter ego de dix-sept ans, qui dit la difficulté d'être quand l'âge adulte s'apprête à vous rattraper. Pour le meilleur ou pour le pire.
Une biographie de Salinger gratifiée à juste titre du Goncourt de la biographie Edmonde Charles-Roux 2018. Denis Demompion suit les traces du reclus de Cornish claustré mais ni ascétique ni dépressif. «Salinger ne saurait être comparé à un ours mal léché. Il voyait de rares amis mais refusait de faire la moindre concession à la société. » Il fit le choix de l’isolement par goût, aspirant à une vie simple et tranquille. Les revenus de son seul roman, ‘L’attrape-cœurs’, peuvent permettre à Salinger de se retirer en pleine nature, dans une immense propriété boisée traversée par une rivière, juchée sur une colline à Cornish dans le New Hampshire. Il y vivra avec trois jeunes épouses successives et aura deux enfants, des chiens, des chats, il s’occupe d’un potager et adore faire des soupes avec ses légumes du jardin et des herbes sauvages. Il étudiera les philosophies orientales et la méditation et s’adonne à la connaissance de l’homéopathie. Il voyagera en Europe incognito. Et il ne cessera jamais d’écrire pendant ses dernières 40 années mais n’éditera rien.
Alors difficile d’écrire la biographie d’un homme inaccessible qui ignore toute demande d’entretien et refuse toute visite sinon celles de ses amis proches (qu’il compte sur un doigt et demi) et qui pour être très clair sur son refus de visiteurs, a cloué des pancartes sur les arbres du chemin d’accès à sa demeure, des mises en garde si on trépasse l’entrée. « Propriété privée » ; « La chasse, la pêche, le braconnage ou toute violation de propriété quel qu’en soit le but, est strictement interdite. Les contrevenants seront poursuivis. » Etc.
Denis Demampion va alors marcher sur les pas de Salinger, de l’école à l’université, aux cafés de New York, à Vienne, en Pologne, en Angleterre, en Écosse, puis il va récupérer toutes les informations laissées par son régiment en France, Belgique et Allemagne. Il va retrouver de nombreux articles et courriers particulièrement dans les échanges avec les éditeurs qu’il tient en piètre estime si on s’en réfère à sa nouvelle « Pour Esmé, avec toute mon abjection » dont le narrateur est un GI et par laquelle on peut lire une forme d’autobiographie romancée (comme dans 'L’Attrape-cœurs') et où il écrit : « les éditeurs américains étaient une bande de… ». Denis Demompion note : « Salinger retient sa plume mais il pourrait reprendre ces propos à son compte lui qui, assez vite, renoncera à toute publication pour précisément s’éviter le moindre commerce avec les éditeurs qu’il tient en piètre estime et dont la médiocrité et la corruption intrinsèques à la profession, croit-il dur comme fer, l’exaspèrent. »
« Salinger demeure un sujet de curiosité et d’étude inépuisable, aujourd’hui comme hier et encore pour des générations. Il le doit à son œuvre unique par son originalité et sa concision sur la difficulté d’être et de grandir quand on a dix-sept ans et que l’âge adulte s’apprête à vous rattraper, inévitablement. Pour le meilleur et pour le pire. »
Salinger était romancier dans l’âme mais pas du genre à raconter sa vie bien que quasi tous ses textes publiés font transparaître son propre vécu.
Denis Demonpion a ratissé pendant dix ans la moindre information pour réaliser une biographie au plus proche de l’écrivain d’exception que fut JD Salinger. Ce que j’ai apprécié aussi dans ce livre, c’est la découverte de nombreuses nouvelles parues aux US mais jamais traduites. Denis Demompion est généreux quant à donner des explications aux textes écrits par Salinger et m’a éclairée entre autre sur «Franny et Zooey ». S'appuyant sur une abondante correspondance et une bibliographie importante, un travail d'enquêtes minutieux, c’est une œuvre remarquable, riche, agréable à lire et à saluer.
Quel bonnet de nuit ce Jerry !!
A mon goût, il porte bien ce prénom banal et basique..
Que cet homme est ennuyeux, sans doute déchiré..entre le désir d'écrire et de publier et celui, plus fort encore de se terrer chez lui, de se cacher, de ne voir personne et de ne pas être vu.
Mais j'ai eu beau chercher pourquoi.. malgré tous les détails donnés par l'auteur, je ne sais pas pour quelle raison cet homme se terre. Se croit il encore en guerre, est il resté cet adolescent de 17 ans, veut il le rester ?? Mystère !
Ceci dit il est étonnant et même ahurissant qu'il ait pu vivre, et bien vivre de ce seul livre.. écrit en 1951, que tant d'adolescents et de jeunes adultes ait considéré ce roman comme un chef d'oeuvre, année après année et décennies après décennies !!
Était ce un manque d 'ambition, d'imagination, de motivation ?
Malgré toutes les recherches entreprises par l'auteur, je ne sais pas !! et pourtant nous en avons lu des détails, oserais-je dire inutiles, puisque le mystère reste entier !!
Il faut reconnaître la qualité des recherches, l'abnégation du biographe qui a quand même passé 10 ans à lire des lettres inédites et des pages de journaux . Quelle discrétion est la sienne par rapport à son sujet !
Mais quel ennui !!
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