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Marie-Adélaïde, née sous X, a la rage au ventre ; elle a un destin, mais ne sait pas encore lequel. Pas celui de caissière à La Miche Dorée. Pas non plus celui de ses rares copines, certaines connues en prison, d'autres camarades de galère et d'errance. Serait-ce celui de nounou des enfants impeccables de la Sublime ? Ou celui de retrouver sa mère coûte que coûte ? Son destin, elle va le chercher avec les moyens dont elle dispose : le culot, la parole qui frappe, l'humour cinglant, l'insoumission à son milieu, la révolte contre toutes les conventions. C'est une héroïne de notre temps.
je n'ai pas apprécié ce livre .
le sujet aurait pu faire un très bon roman mais je l'ai trouvé mal traité - l'écriture n'est pas claire - les situations sont ambigues ..... enfin très déçue en ce qui me concerne.
Marie-Adélaïde, née sous X, n’est pas battante, motivée ou débrouillarde, non Marie-Adélaïde a la rage.
La rage contre sa mère qui ne lui a laissée que des X, la rage contre les familles d’accueil, la rage contre sa famille adoptive et la rage contre tous. Elle vit sa vie en observant avec mépris ceux qui l’entoure personne n’est épargné ou ne trouve grâce à ses yeux.
La force de ce roman ? Son héroïne.
Marie-Adélaïde, c'est une héroïne à mi-chemin entre Fidèle du roman Dysfonctionnelle de Axl Cendres, Paloma du roman L'Élégance du hérisson de Muriel Barbery et Holden L'Attrape-cœurs de J. D. Salinger.
Une héroïne remuante qui n'a pas sa langue dans sa poche, à qui la vie n'a pas fait l'effort de lui faire de cadeaux, et cela, dès sa naissance. Une naissance sous X, sous mauvais augure. Une adoption avortée, un passage en prison, aucune perspective d'avenir... Loin d'être en échec, elle est en questionnement et à force de questions, elle s'y perd.
À la recherche d'un point d'ancrage, elle va se lancer dans la quête et l'enquête de l'identité de sa mère. Mère, dont elle s'est fait une image très précise.
De chapitre en chapitre, elle se lance dans des diatribes et de disgression en digression, elle se raconte en toute sincérité et de façon spontanée : son quotidien, ses décisions (bonnes ou mauvaises), ses doutes, ses raisonnements, ses rencontres. À aucun moment, elle ne tombe dans l'étalage de sentiments et le pathos. Elle ne tente pas de nous attendrir.
Elle nous parle d'elle, mais aussi de la société. Dont elle fait une critique cinglante et cynique, notamment sur le comportement des gens. Un brin moralisatrice, elle tient néanmoins des propos qui ne laissent pas de place au faux-semblant et à l'hypocrisie. C'est vivifiant.
Marie-Adélaïde, elle est piquante et mordante. Elle est drôle, parfois grinçante, un peu cynique et surtout authentique. Elle mord tout ce qu'elle touche. Concrètement, elle n'a pas foi en l'humain et pourtant elle est indulgente et bienveillante avec tous ceux qu'elle croise. Impossible de ne pas s'attacher à ce bout de jeune femme et lui souhaiter de trouver les réponses à ses questions et surtout des lendemains plus doux.
Ce roman se lit à mille à l'heure. Pour en savoir plus sur l'héroïne, son crew farfelu et son enquête fatidique. J'ai l'ai lu avec les yeux exorbités d'un bout à l'autre, pour deux raisons : à chaque réflexion sociétale ou géopolitique, je me suis dit "non elle n'a pas osé ?!". À chaque avancée dans l'enquête de Marie-Adélaïde j'étais comme une groupie qui soutient sous poulain. Évidemment, j'avais le cœur qui battait la chamade. Ce roman ne se lit pas, il se vit.
Verdict : Saphia Azzeddine boxe avec les mots. Sans jamais nous perdre, l'auteur nous propose une histoire intéressante d'un bout à l'autre. Une histoire portée par une enquête, mais au final, c'est tellement plus que ça. C'est une histoire de place dans la société, d'équilibre et de réalisation de soi. C'est aussi et surtout, une vive, très vive, critique des rapports humains pollués par le paraître, la position sociale et l'argent.
Née sous X le 1er juin 1988, baladée de foyers en famille d’accueil après un passage en famille adoptive, Marie Adelaïde vit aujourd’hui dans un studio que lui sous loue sa meilleure amie (en échange de la garde de son chat) et travaille comme garde malade, serveuse (pour des mariages ou des bar-mitzvah) puis comme vendeuse à la Miche Dorée (après un bref passage en prison pour coups et blessures) et ensuite comme nounou pour Cléa et Eliott, deux gosses antipathiques d’une bourgeoise parisienne dans l’incapacité d’annuler sa soirée d’ouverture à l’opéra Garnier (et ce n’est pas pour l’amour de l’art…)
« Il y a des livres chez elle mais rangés par tons. Il y a aussi tous ceux des rentrées littéraires. Le genre de détails qui ne trompe pas, ce n’est pas une lectrice, c’est une consommatrice. » page 35
Marie-Adélaïde, certaine d’avoir été délaissée à la naissance par une femme de la haute, incapable d’assumer cette galère ou préférant tout simplement ne pas s’encombrer d’une Marie-Adélaïde non voulue, a un parcours olé-olé. De sa vie on ne retient qu’un passé merdique où la malchance l’a méchamment poursuivie (sans pour autant côtoyer le destin de David Copperfield quand même !), une intelligence précoce et une culture qui en ferait pâlir plus d’un. Sa vie est amère et son regard terriblement incisif sur notre époque.
« J’ai toujours affirmé à mon assistante sociale que je n’avais pas de rêve. Ce n’est pas totalement exact. C’est un peu faux. Ce ne sont pas des rêves à proprement parler, ils n’en ont pas l’envergure, ils n’ont rien d’héroïque ou de supérieur. Ce sont plutôt des images dans lesquelles j’aimerais le projeter parce qu’elles disent quelques choses de soi. » Page 198
Sa mère c’est (en plus d’une recherche d’une mère et de la difficulté de se construire en étant née sous x) un regard grinçant et acide sur notre société (de la France bourgeoise à celle d’en bas) et son système.
« Elles sont philippines, africaines et arabes, les nounous. C’est drôle comme les bourgeoises font confiance à ces ethnies-là. Pour tout le reste, elles les accablent mais pour confier la prunelle de leurs yeux, ce sont elles qu’elles choisissent. Des jeunes filles voilées, des grosses Africaines en chemise waxée, des Philippines en tongs, il est là tout le paradoxe des bourgeoises parisiennes qui négocient à mort le tarif horaire de ces étrangères à l’hygiène douteuse. » Page 27
« J’ai poireauté pas mal de temps à l’accueil pour être visible et montrer ma détermination à trouver un emploi qui n’existe pas. Je commence toujours par être une bonne élève et à la fin, j’ai envie de me faire exploser au milieu de l’arène quand, radiée pour un retard d’un jour, ces enculés bloquent mes indemnisations pendant deux mois. Mais il parait que rien ne justifie la violence. » Page 37.
Marie-Adélaïde ne manque pas de répartie, d’humour qui fait mal et de critique. Son récit est doux mais très amer, et un poil violent.
« Le temps s’écoule, nous accélérons, nous ralentissons mais il reste honnête et ne comprends pas qu’on fasse de lui un enculé. J’ai passé vingt-huit à chercher ma mère et à peine quelques jours à la sauver, à la perdre puis à l’aimer. Dans cet ordre-là. » Page 230
Bien lancée dans cette histoire et embarquée avec plaisir par le ton vif de cette Marie-Adélaïde, je me suis un peu lassée de son franc parler et de son côté « rebelle-rien-à- foute-de-rien » (qui dissimule en vérité un véritable mal être), de son hypocrisie et de sa violence verbale.
Mais, je suis restée accrochée à elle, attrapant au passage quelques réflexions touchantes (« J’avais, à tort, imaginé nos retrouvailles. C’est une erreur que font tous les êtres sensibles. Ils s’imaginent des choses puis s’endorment dessus pour adoucir le lendemain. » Page 217) et surtout m’attachant finalement doucement à cette jeune femme en colère, même si son cynisme exacerbé et sa critique et plaintes perpétuelles ont eu tendance à inonder le sujet même du livre : la quête identitaire.
Ce n’est pas le genre de personnage qui fait palpiter le cœur mais j’ai vraiment finit par lui espérer un mère, SA mère, et tout simplement qu’elle trouve sa place. Et c’est sans doute ce revirement dans l’intrigue, dans la forme et cette douceur improbable qui fait son entrée, qui ont réussi à me redonner cette envie de la suivre.
« Elle était ma raison de vivre et maintenant je fois trouver ma raison d’être. Ça me terrifie. Je n’ai jamais envisagé de pareil. Elle est un cadeau empoisonner. J’aurais dû me contenter du X, des X partout, voilà ce que ça fait de passer par le fenêtre quand on vous ferme la porte. » Page 224.
Au final, même si j’ai trouvé que le roman avait tendance à s’étioler et s’éterniser par moment, je ne peux concéder que Saphia Azzeddine possède une plume percutante. Par l’intermédiaire d’une protagoniste actuelle et qui ne mâche pas ses mots, elle livre des avis tranchés sur notre époque qui mettent parfois mal à l’aise par leur aspect authentique et elle réussit à construire un roman vrai, riche et émouvant.
Marie-Adélaïde partage son temps entre plusieurs jobs alimentaires, sans réel avenir qui se dessine devant elle. C’est une jeune femme sans autres repères que ceux qu’elle s’est constitués pour avancer. Elle qui a grandi sans mère, ballotée de familles d’accueil en foyers, ne trouve pas sa place dans la société. Elle erre de galères en désillusions, avec un passage par la case prison. C’est ce séjour en prison qui symbolisera le départ d’une nouvelle quête pour Marie-Adélaïde. A partir d’une peluche, seule trace tangible de l’existence de sa génitrice, et d’une remarque d’une co-détenue, elle décide de se lancer. A la recherche de son identité personnelle. A la recherche de sa mère.
On suit avec empressement le parcours de la jeune femme pour retrouver ses origines, et surtout celle qui l’a abandonnée à la naissance. Des doutes, des obstacles, mais jamais de désespoir, pas de mélodrame. Au contraire, du soutien. De ses collègues, Naji et Fatma. Mais aussi celui, inattendu, de Lauren, surnommée La Sublime, sa patronne, bourgeoise par excellence. La lecture est fluide. L’écriture est rythmée, de telle sorte à favoriser encore davantage l’empressement du lecteur dans sa découverte de l’histoire. Les quelques 240 pages défilent à une vitesse folle.
Sous couvert du personnage qu’elle a forgé, Saphia Azzeddine pose un regard acéré, cynique, sur la société contemporaine. Partage t-elle le point de vue de son personnage pour que l’histoire soit autant imprégnée de la colère sourde de Marie-Adélaïde ? Les mots percutent, les propos, incisifs, interpellent. Le contraste entre ce qu’elle appelle « les petites gens » et la bourgeoisie, les « gens d’la haute » est saisissant. Rien ni personne n’est épargné par ses paroles. On pouvait craindre un effet « too much », justement, mais il n’en a rien été.
Lorsque l’on se rapproche de la fin, l’intrigue prend une tout autre tournure, un peu plus douce. Une dimension à laquelle on ne songe pas forcément quand on commence la lecture. L’atmosphère se veut alors légèrement différente, moins rageuse, au contraire plus touchante. Impossible cependant pour moi de vous en dire plus. Ce serait prendre le risque de vous en dire trop.
En bref : cette première expérience de lecture en compagnie du nouveau roman de Saphia Azzeddine est une réussite. C’est une auteure dont je n’oublierais pas le nom. Son écriture sans concessions et l’histoire de Marie-Adélaïde ont indubitablement marqué mon esprit.
https://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/08/sa-mere-de-saphia-azzeddine.html
Marie-Adélaïde, 28 ans, est caissière à la Miche Dorée. Née sous X, elle qualifie sa vie de pourrie. Bien qu'elle se défende de fantasmer sur sa mère biologique, elle pense qu'elle vient d'une famille bourgeoise car, selon elle, les pauvres n'abandonnent pas leurs enfants "Ce sont les bourgeois qui se débarrassent des mauvaises branches."
Elle dit d'abord n'avoir jamais cherché à consulter son dossier "Je préfère vivre mal qu'aller implorer de l'amour auprès d'une femme qui me l'a refusé quand j'en avais le plus besoin" mais avoue ensuite, qu'à 18 ans, elle a entrepris des recherches qui l'ont confrontée aux multiples X de son dossier sans rien lui apprendre de plus.
La jeune femme fait comme si tout cela lui importait peu mais en réalité elle est rongée par des quantités de questions. Écorchée vive, la rage chevillée au corps, habitée par la colère et le sentiment de ne pas être légitime, Marie-Adélaïde en veut à sa mère tout en éprouvant de la culpabilité d'avoir été abandonnée. Elle rejette ceux qui l'entourent comme elle a été rejetée elle-même et les juge selon leur appartenance sociale sans chercher à les connaître vraiment.
Par hasard, Marie-Adélaïde devient la baby-sitter des enfants d'une bourgeoise qu'elle dénomme la Sublime et, à la faveur de quelques autres hasards, elle part à la recherche de sa mère. Une recherche qui va lui permettre de changer son regard, de s'adoucir...
Le thème de la quête d'une mère de la part d'une enfant née sous X est assez convenu mais j'ai trouvé l'approche de Saphia Azzeddine assez originale. Situer Marie-Adélaïde et sa mère dans deux milieux diamétralement opposés lui fournit l'occasion de confronter deux mondes, celui des bourgeois bien français et celui des pauvres immigrés. Elle nous livre des propos bien tranchés sur les pauvres, les bourgeois, les diners mondains, les politiciens, la religion... Les parents en mal d'enfant, les familles d'accueil ne sont pas épargnés non plus... J’ai vu ce roman comme une sorte de satire sociale douce-amère dans laquelle l’auteure n'épargne personne mais malheureusement frôle parfois la caricature.
J’ai aimé l’émouvante confession de la mère à la fin mais j’ai été déçue que le récit se termine sur quelques invraisemblances…
Des réflexions très fortes sur le manque de mère et sur le diktat des apparences, une plume vive et alerte, une narration fluide avec quelques passages surprenants sans transition avec ce qui précède, un humour grinçant frôlant le cynisme font la force de ce roman qui me laisse cependant sur un avis plus que mitigé.
Il y a des auteurs qui nous font rêver avec des personnages extraordinaires aux destins hors normes ou avec des aventures fabuleuses jalonnées de rebondissements. Et puis, il y en a d’autres qui préfèrent s’intéresser aux petites gens à la destinée beaucoup moins glorieuse. Saphia Azzeddine fait partie de cette deuxième catégorie : les héros du quotidien.
Dans ce nouveau roman, elle entraîne sur les traces de Marie Adélaïde, une jeune fille au passé dramatique. Elle fait des boulots qu’elle trouve, elle habite où elle peut, elle côtoie des personnes de seconde zone… elle a une vie modeste, tout simplement. En parlant à la première personne, l’auteur arrive parfaitement à nous faire entrer dans ce petit monde. Elle utilise le langage de cette population pour mieux appréhender leur condition. Par les yeux de sa narratrice, elle contemple les gens de ces quartiers et leurs réactions face au système. Cela lui permet de critiquer la bêtise de certains, la colère d’autres et de faire une analyse sommaire de la situation de ces moins bien lotis. Elle traite aussi de la recherche d’identité et du besoin de reconnaissance, deux quêtes assez difficiles à mener à bien dans ces milieux défavorisés.
La plume de Saphia Azzeddine est souvent acerbe. Elle n’hésite à aller droit au but et n’épargne personne, quitte à choquer. Grâce à une certaine ironie et à l’humour, elle jette un œil plutôt acéré sur le système social déséquilibre mais aussi sur les personnes victime de ce système. Cette impartialité offre au lecteur une vision d’ensemble qui ne donne pas de solution mais a au moins le mérite de lever le voile sur les choses.
J’ai beaucoup aimé le regard porté sur cette population et sur la recherche de ses origines. Je regrette seulement que certaines réflexions intéressantes ne soient pas plus développées et que le dénouement soit si quelconque. Ma première expérience avec cette auteure n’en reste pas moins une belle découverte, en pleine immersion. A suivre…
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