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« Je me demande si c'est sain qu'on fasse durer ce qui nous arrive, et si on ne devrait pas s'en tenir aux souvenirs et peut-être aussi au hasard auquel nous croyons plus ou moins et qui pourrait nous réunir à nouveau. J'ai l'impression qu'en ce moment ce n'est peut-être pas la bonne période pour nous deux. Je devrais arrêter de réfléchir, seulement accepter ce que la vie me propose, pas au-delà de mes capacités, et je me rends malheureuse avec mes songes et mes pensées (extrait d'une cassette envoyée par Justine à Daniel, de Montréal à Paris). »
Je l'ai lu jusqu'au bout et... je me trouve très courageuse !
Il n'y a rien dans ce roman, à part la multiplicité des expériences sentimentalo( ?) sexuelles que le héros vieillissant se croit obligé de relater.
Heureusement ( ou hélas ?), l'écriture est parfaitement maîtrisée, l'humour ne manque pas et quelques belles idées sur la difficulté à vivre sauvent ce roman du "nanar" indigeste.
Quel dommage que F.Weyergans n'utilise pas mieux son talent !
L'intrigue, en parlerai-je tant elle paraît longtemps comme un prétexte ? Un écrivain quinquagénaire se regarde raconter un slalom amoureux entre une jeune personne à Montréal et, à Paris (et Strasbourg), une maîtresse et sa femme qui le quitte.
Il me semble bien comprendre la personnalité de François Weyergans, du moins celle qu'il projette par ses romans, ses interviews et aussi son discours de réception à l'Académie à laquelle j'ai eu l'honneur d'assister (voir Le Fantôme du fauteuil 32). Outre son arrivée en retard – inédite quai Conti, il fut tel qu'en lui-même, surdoué et enjoué, un premier de la classe insultant pour ses camarades laborieux. Le percé-je cependant assez pour comprendre si sa pratique artistique de la procrastination tient du plomb – l'empêchement, ou de la plume – le dilettantisme ? Je ne m'égare pas, avec cet écrivain adepte de l'autofiction toute la question est celle de son insolente facilité perçue, dont ce roman est une preuve accablante (et supplémentaire). Voici, sur un motif futile, une exécution brillante pour une lecture de plaisir où les creux de l'intrigue (le slalom toujours) s'enchaînent avec les bosses de la digression. Comme une piquante conversation de salon contemporain qui n'aurait pas oublier les ors de la culture classique... Madame de Staël au Café Costes !
Toute considération vraie jusqu'à quelques pages de la fin... C'est terrible la mort pour ceux qui restent qui aimaient. Elle barbouille tout en noir et la lumière s'éteint. Mais le talent demeure.
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