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Robespierre ne conduit pas un peuple, il veille simplement sur un dogme, écrit Friedrich Sieburg.
Si sa personne donne une impression de raideur et de taciturnité, ceci s'explique par cette sorte d'activité de sphinx où le dictateur s'épuisait durant de longues nuits. Son instrument est la Justice, son monde empirique le Club des Jacobins. Il n'a pas besoin d'organiser cette société, il n'a pas besoin de lui faire saisir les leviers de la vie publique. Tout cela s'effectue automatiquement, entraîné par le poids de l'Idée.
L'incroyable drame de la Révolution française, avec son horrible et grandiose explosion de passions, de personnalités et de tout ce que peut produire la nature humaine apparaît parfois comme un seul et même engrenage imposant à chacun son automatisme contre lequel tous essaient de réagir furieusement. Est-ce là la plus grande manifestation de l'individualisme ? C'est infiniment plus : c'est une course essoufflée sur la crête étroite qui sépare la politique de la mort.
Un " incorruptible " impose sa folie purificatrice et meurt de la violence qu'il a contribué à répandre. Pour Michel Voyelle, " à partir de sa confrontation ambiguë avec Robespierre associant admiration hypnotisée et condamnation radicale, Friedrich Sieburg transmet, à plusieurs niveaux de lecture, un témoignage précieux ". Ce livre, qui bénéficie d'une remarquable traduction de Pierre Klossowski, est la plus pénétrante étude consacrée à la Révolution française par un écrivain allemand du XXe siècle, comme le fut, sous forme dramatique, au XIXe siècle, La Mort de Danton de Büchner.
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