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Afin de fuir les trafiquants d'esclaves qui les traquaient, les Pèrè se réfugièrent jusqu'au milieu du XIX' siècle sur le mont Guènfanlabo (1 500 m d'altitude) situé dans l'Adamaoua, à la frontière du Cameroun et du Nigeria.
Appartenant à une société clanique, sans chef ni défense armée, longtemps restée en retrait dans sa montagne, les Pèrè ont développé une conception tératologique du mal, tributaire de leurs croyances en la sorcellerie. Leurs thérapies ne relèvent donc ni d'une nosographie ni d'une connaissance du corps, mais d'une lutte permanente, à l'aide de la magie, contre les agents du mal à la forme mi-humaine mi-sauvage, chargée par conséquent de contradictions.
Le gèrem, principale force magique qui a son siège dans des instruments de musique secrets, est utilisé par les guérisseurs dans des rites initiatiques destinés à libérer les enfants des ambivalences de la sorcellerie, et dans des rites thérapeutiques afin d'arrêter les sorciers en dressant sur leur passage des barrages qui font obstacle à leur nature contradictoire. Cette étude ethnographique montre qu'en dernière instance le gèrem ne tient pas tant son efficience de son au-delà impersonnel proprement magique, que du statut particulier qui le relie au système de parenté.
Dans cette société matrilinéaire, le gèrem, qui partage avec le clan du père une fonction symbolique, est séparateur. Pour les Pèrè comme pour de nombreuses sociétés africaines traditionnelles, guérir consiste à se réinscrire dans les différences parentales qui étayent l'ordre social.
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