Sophie Quetteville de la librairie le genre urbain à paris 19e, vous présente ses coups de coeur du moment.
Dans une maison de maître isolée du côté du plateau de Valensole, en Haute-Provence, Suzanne Moisson passe une vie discrètement non conventionnelle.
Une vie romanesque.
Elle est née en 1899 et morte en 1991. Ni châtelaine ni paysanne, résolument libre et insaisissable, elle a connu deux guerres et deux maris : un pianiste suisse et un agriculteur, elle était veuve du premier ; a divorcé du second. Elle n'a pas eu d'enfants. Son père, chef de la Maison Dorée, grand restaurant parisien cité dans les romans de Proust et de Zola, lui avait légué des terres arides et des rêves de luxe.
Elle a passé la majeure partie de sa vie dans sa propriété, à cultiver de la lavande et fabriquer du miel avec ses deux ouvriers agricoles ;
Ils avaient formé une étrange famille. On disait d'elle : "elle est spéciale", "extravagante, cocasse, inoubliable", "tellement chic", "un phénomène"... Pourtant, rien n'a subsisté d'elle après sa mort : pas d'héritiers, pas de papiers personnels. Pas de mémoire.
Seulement la possibilité d'un roman. Aujourd'hui, on ne saurait plus rien de Suzanne Moisson si Claire Moyrand n'avait pas fouillé les souvenirs, fragiles, de ceux qui ont croisé cette femme et n'ont pu l'oublier. On découvre la personnalité forte d'une femme libre et attachante, d'une élégance folle. Et d'une trame réelle naît un roman bouleversant qu'on ne lâche pas. Outre le geste magnifique de réinventer Suzanne Moisson, Rien de mon visage est un roman subtil qui dresse des portraits saisissants, tendres, sur fond de grande histoire.
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