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Un président qui veut que les gens travaillent plus et mieux présente ses voeux de nouvelle année avec quatre jours de retard pour être resté à la plage en vacances. Le lendemain, un joueur de foot professionnel refuse de tirer un pénalty et regagne le vestiaire. Céleste, conductrice de métro, décide qu'avec un prénom pareil, il est temps pour elle d'aller voir briller le soleil. Lucien, professeur de collège, laisse ses élèves en plan tandis que Louis, Premier ministre lassé de la médiocrité qui l'entoure, reste couché. C'est, en réalité, sans agressivité ni revendication, toute la France qui s'arrête progressivement et se met à rêver d'une vie plus douce, différente, où tout ne tournerait plus autour des mots martelés de « travail » et d' « efficacité ». Une sorte de rébellion tranquille, une pandémie sans slogans ni violence : une fable en forme de fiction pour dire le ras-le-bol et traiter, le sourire aux lèvres, du sujet grave de l'absence de sens et de la possibilité de refuser la fatalité.
Au départ, ce sont des choses anodines, comme un footballeur, face à son ballon, face au gardien de but, qui ne fait pas son pénalty. Il regarde autour de lui, les caméras du monde sont braquées sur lui mais il ne frappe pas. Il rentre au vestiaire. Ou comme le président qui ne fait pas son discours le 1er janvier mais le 4 janvier. Pourquoi le 4 ? Il se foutrait pas de notre gueule, le président ?
Et puis, lors de cette étrange journée, on rencontre Céleste, Edmond, Lucien, Louis, Bertrand. C’est une journée étrange parce que les actes les plus inhabituels, les plus incongrus, semblent possibles. C’est l’occasion peut-être de se dévoiler, de révéler un peu de soi, de ce qu’on aurait voulu être dans une autre vie.
[...]
Rêve général raconte cette journée extraordinaire où les personnages vont croiser des tartes à la crème, de somptueux cornichons, du PQ au thé vert, et même la déesse Occasion. Pourquoi cette journée est-elle si différente ? Parce que les personnages ne réfléchissent pas à leurs actes, ils agissent parce que c’est le moment ; parce qu’ils s’abandonnent à l’élan dans leur cœur qui leur dit : stop, c’est assez. Parce que les gens veulent juste avoir du temps pour eux, du temps qui n’est ni dicté ni compté, parce qu’on ne peut pas être heureux quand tout va si vite. Parce qu’ils n’ont plus confiance en les hommes politiques qui réforment sans rien réformer, surtout pas. Mais avant tout, cette journée est différente parce que les gens vont à la rencontre de l’autre et s’écoutent. Ils se métamorphosent, sortent de l’enlisement. Ils parlent d’un bien-être commun.
Le texte, qui est composé de chapitres de trois ou quatre pages, met en scène les personnages à tour de rôle, mêle les pensées et les dialogues dans un style indirect libre approprié. L’ensemble est rythmé et bien agencé, mais ce qui compte, au fond, ce ne sont pas tant les personnages, c’est l’idée qu’ils portent ensemble. Le jour où les gens en auront vraiment marre, un mouvement d’ampleur naîtra, pas forcément dans la forme qu’on imagine, et probablement désordonné, mais il naîtra. Rêve général, publié par les éditions Phébus, évoque une idée forte et pas si fantaisiste que ça.
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/reve-general-nathalie-peyrebonne-a104217954
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