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Les Anciens ne sont pas les Modernes. Sont-ils, pour autant, habitants d'une autre planète, à tout jamais séparés par une altérité sans appel ? Les quatre essais réunis dans ce livre posent implicitement ce problème, sous l'angle particulier de l'histoire économique et sociale : peut-on écrire une histoire économique de l'Antiquité romaine et à quelles conditions ? Ce n'est pas aujourd'hui que la question se pose. La pensée libérale naissante à l'aube du XIX? siècle avait déjà glosé sur la «liberté des Anciens» irréductible à la «liberté des Modernes». L'«économie» - découverte en tant qu'objet de science et science autonome peu avant, dans l'Europe des Lumières - permettait, de manière analogue, au sentiment orgueilleux de la Modernité de se poser en s'opposant à l'Antiquité. Rome avait péri pour avoir maintenu l'esclavage, méprisé le commerce et l'entreprise, ruiné l'agriculture par les effets cumulés des «privilèges» juridiques, de la fiscalité abusive et du développement d'un état bureaucratique. Jusqu'où les progrès de la philologie, de l'histoire, de l'archéologie et de l'économie ont-ils permis de remanier ces certitudes moralisantes ? C'est en rappelant liminairement ces conditions «critiques» du travail historique que Claude Nicolet présente, dans un style qui est tantôt celui du bilan, tantôt celui de l'essai, l'acquis et le programme d'une histoire économique et sociale de Rome, de la fin de la République au «modèle» de l'Empire.
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