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« C'est à l'heure, ô Patrie,où te voilà sanglante et inanimée,la tête pendante, les yeux fermés,la bouche ouverte et ne parlant plus,que le coeur du proscrit déborded'amour et de respect pour toi. »V. H.{2} La colonie française de Saint-Domingue expédiait annuellement à la métropole, à l'époque de la Révolution, 163 406 000 livres de sucre, 68 152 000 livres de café, 1 808 700 livres d'indigo, 1 978 800 livres de cacao, 52 000 livres de roucou, 6 900 000 livres de coton, 14 700 cuirs, 6 500 livres d'écaille, 22 000 livres de casse, 11 286 000 livres de bois de teinture, et plusieurs autres produits ou matières premières, comme cire, tabac, sirop, tafia, bois d'ébénisterie, dont les quantités sont diversement évaluées par les statistiques, le tout s'élevant, aux taux d'aujourd'hui, à une somme de 265 200 000 francs, c'est-à-dire à plus de 53 millions de piastres. À cette valeur s'ajoutent les productions que la colonie se réservait pour son commerce particulier avec les côtes de l'Amérique centrale, notamment avec le Mexique ; avec quelques îles voisines, comme Curaçao et la Jamaïque ; avec la colonie espagnole de Santo-Domingo, et surtout avec les Anglais, qui, même au milieu des guerres de la France avec la Grande-Bretagne au dix-huitième siècle, y avaient, sur certaines côtes éloignées des villes, des rendez-vous où ils faisaient des échanges considérables avec les colons, assez peu patriotes, comme on sait. Il faut, en outre, pour former le total de cette production annuelle de Saint-Domingue, porter en ligne de compte les produits employés par un grand nombre de planteurs à leurs affaires clandestines et très étendues avec les Américains du Nord, qui allaient, dans de petits ports isolés, débarquer des bestiaux, des farines, leurs poissons salés, des bois de construction, qu'ils débitaient en hâte sur la côte. Ils y embarquaient en échange chaque année, plus de 50 000 barriques de sirop, du sucre, du café, et une fort grande quantité d'autres denrées tenues en réserve pour ce commerce interlope. Ces exportations de la colonie au détriment du monopole de la mère patrie s'élevaient à un chiffre à peu près égal à celui de ses relations régulières avec la métropole, et mettent ainsi à un demi-milliard de francs la production totale de Saint-Domingue en ce temps-là, et jusque vers l'année 1802.
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