«La naissance littéraire d'Audiberti coïncide avec la publication, par la Librairie du Carrefour, en 1930, d'un recueil de poèmes qu'il n'est pas exagéré de dire aussi extravagant qu'étourdissant. L'Empire et la Trappe. Dès les premiers vers : Saint Augustin, et Cham que la dent dilapide Et qui sculpte sa transe au mufle fouisseur, Ceux que de longs départs a grevés la noirceur Et qui, cornus du luth, quêtent un dieu limpide, le baroque génie verbal d'Audiberti se révélait avec splendeur, ce génie parolier qui plus tard anima tant de pièces de théâtre et contre lequel s'acharna l'ineffable Gautier dans tous ses articles du Figaro pour le seul résultat d'empêcher le poète de vivre ! Tel génie, seulement, je voudrais que l'on soit d'accord avec moi là-dessus, se donnant libre cours dans l'espace de la poésie avec une fraîcheur, un bondissement altier et une force saugrenue qui passent de loin ses plus belles prouesses ultérieures dans la prose de la narration ou du dialogue... [...] Race des hommes, paru sept ans plus tard, n'est pas très différent de L'Empire et la Trappe, sinon que pour le fond la ration de Napoléon, tout de même, est plus supportable, et que pour la forme le langage a gagné encore en aisance, en impulsion et en vivacité, tandis que les sonorités verbales se sont faites plus chahuteuses à la fois et plus décisives. Les maîtres reconnus de ce débat et de ce concert, poussés tous deux au paroxysme de la signification et de l'éclat, sont Hugo et Mallarmé.» André Pïeyre de Mandiargues.
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