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Les Aventures de Tom Sawyer et Les Aventures de Huckleberry Finn ne sont pas tout Mark Twain. A sa mort, leur auteur laissait plusieurs centaines de pages inédites. Un choix des plus brillantes d'entre elles fut fait sous le titre de Letters from the Earth, mais ces textes parurent si audacieux à la fille de Twain qu'elle en interdit la publication pendant un quart de siècle. Grasset en a publié la première traduction française en 1965, que voici pour la première fois en poche. Préparez-vous à un grand éclat de rire sur Sem, Mathusalem, le Christ et Dieu lui-même. Une publication qui n'a jamais été plus indispensable en des temps de religions déchaînées.
La quatrième couverture dit déjà beaucoup sur l’esprit de ce livre, quand on la lit on s’aperçoit très vite que ce livre va être irrévérencieux, dérangeant, percutant, mais pourtant ô combien pertinent et réaliste. En fait ce livre est même bien plus qu’une critique de la religion, car dans certaines nouvelles, vu que ce sont des nouvelles ou des écrits divers, Mark Twain va critiquer aussi des nations ou encore des peuples, comme les anglais (un peu) et les français (beaucoup). (Et là il ne vaut mieux pas être chauvin, car il n’y va pas avec le dos de la cuillère, cela étant il y a matière à réfléchir.) Mais pour autant que je sache, il ne s’arrête pas à ces quelques pays, d’une manière générale à travers ces histoires et l’Histoire il critique l’espèce humaine et sa bêtise, allant même jusqu’à les comparer avec les animaux. Plaçant ces derniers bien au-dessus de l’humain.
Mais pourtant pour bien critiquer l’homme, faire comprendre la dimension de ce dernier, Mark Twain va surtout se servir de la religion, la base même selon certain de la civilisation. Ainsi il va montrer dans des écrits étonnants, marrants même (l’histoire de la mouche m’a énormément plu), les incohérences de la Bible. Mais il va aussi dans la première nouvelle, « Quand Satan raconte la terre au Bon Dieu », raconter les travers de Dieu ; sa jalousie, sa méchanceté, son orgueil… Et là, si on ne s’en était pas déjà aperçu avant, -ce qui n’était pas tout à fait mon cas-, on va vite se rendre compte que Dieu n’est en fait pas l’homme du pardon et de l’amour. Et pour appuyer ces dires, l’auteur va prendre un exemple parmi tant d’autre : l’aventure de la pomme. Il va rappeler que Dieu a chassé Adam et Eve du paradis terrestre car ils ont acquis suite à cet épisode le sens moral en croquant ce fameux fruit, ce qui montre aux yeux de l’auteur, et ce n’est pas faux finalement, que le pardon n’est pas la nature première de Dieu, car en plus la descendance en subira elle aussi les conséquences, - et je ne parle même pas de l’enfer. Il va aussi avec un autre exemple, très connu lui aussi, montrer la cruauté de Dieu avec l’épisode du déluge. Dieu voulait nettoyer la terre de toute souillure, soit. Pourtant il existait sûrement des humains noyés dans ce déluge qui ne méritait pas ce sort, mais Dieu en avait cure. En plus avec cette partie de l’histoire religieuse, l’auteur va montrer l’incohérence de cette arche. Comment pouvoir réunir un couple de chaque espèce animale, dans une simple arche ? Finalement on se rend compte que l'homme se raconte lui même des mensonges sur ce Dieu éternel.
« Que les démarches de l’esprit humain sont déconcertantes ! Les chrétiens part de cette proposition nette, catégorique, péremptoire : Dieu est omniscient et tout puissant.
Tel était le cas, rien n’advient qu’il ne sache à l’avance ; rien n’arrive sans sa permission ; nul évènement ne se produit s’il décide de s’y opposer.
C’est clair, n’est-ce pas ? Cela implique indéniablement que le Créateur est responsable de tout ce qui arrive, n’est-ce pas ? Les chrétiens le concèdent dans la formule en italique. Ils le concèdent de tout cœur, avec enthousiasme même.
Puis, ayant ainsi rendu le Créateur responsable de toutes souffrances, maladies et misères ci-dessus énumérées, et dont il aurait pu les préserver, les chrétiens comblés, l’appellent suavement « Notre Père » !
C’est pure vérité. Le chrétien dote le Créateur de tous les éléments qui entrent dans la genèse d’un démon, et arrive à cette conclusion qu’un démon et un père sont une seule même chose ! Mais il nierait, et non sans vigueur, qu’un fou dangereux et un directeur de patronage sont essentiellement identiques.
Que pensez-vous de l’esprit humain ? J’entends, au cas où vous estimeriez que pareille chose existe. »
Tout cela c’est pour la première nouvelle, sûrement celle que j’ai préféré, mais beaucoup des nouvelles qui suivent sont tout aussi intéressantes, car ils y critiquent encore la religion avec un œil moderne et curieusement d’actualité, mais pas seulement. Il va aussi critiquer la surpopulation en se servant de la religion, et malgré que ce fût écrit en 920 après le commencement du monde dans le livre, il y a fort à parier que le parallèle est à faire avec le 20ème siècle et même plus tard le 21ème siècle. Finalement quand on tourne les pages de ce livre on se rend compte que l’auteur était même assez visionnaire et observateur, beaucoup de problèmes actuels se retrouvent ici, ce n’était pas seulement une plume corrosive qui critiquait sans penser pour déverser son fiel. Non, loin de là. C’est un auteur qui pensé. Jugez donc : « L’homme est l’animal religieux. Le seul. Et le seul qui détienne la vraie religion – il y en a un certain nombre. Il est le seul animal qui aime son prochain comme lui-même et lui coupe la gorge si sa théologie n’est pas dans la ligne. Il a transformé le globe terrestre en cimetière à force de s’évertuer à aplanir pour ses frères la route du Ciel et du bonheur éternel. Il s’y est employé sous les Césars, à l’époque de Mahomet, sous l’Inquisition en France pendant quelques deux siècles, en Angleterre au temps de Marie ; il n’a cessé d’y consacrer ses soins depuis que ses yeux se sont ouverts à la lumière, il s’en occupe aujourd’hui même en Crête ; il s’y appliquera demain, en quelque autre région de la planète. Les animaux supérieurs n’ont pas de religion. Et l’on nous dit qu’on les laissera à la porte, dans l’au-delà. Je me demande bien pourquoi. L’idée me paraît saugrenue. »
Enfin là je vous résume ce livre, mais pour être honnête je pense qu’une seule lecture n’est pas suffisante pour saisir toute la profondeur de ce bouquin. Voilà pourquoi je le relirai sûrement et voilà pourquoi je vous invite à le faire aussi car ce bouquin c'est quelque chose.
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