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Je suis coupable des faits qui m'ont été reprochés. J'ai mérité la sanction que le Tribunal de Grande Instance de Cherbourg m'a infligée. Quatre années d'emprisonnement ferme pour avoir commis des délits financiers liés à la gestion catastrophique et insensée de mon entreprise. Je n'ai du reste pas interjeté appel de la décision. Il m'importait davantage de faire table rase de mon passé et de mettre à profit le temps de ma détention en me préparant au mieux à la sortie par l'accomplissement d'un travail sur moi-même tant je n'avais pas pris conscience de la nocivité de mes actes.
Cependant, quoi que j'aie fait, je ne méritais en aucun de vivre ma peine de cette manière, la gestion de son exécution ayant été machiavélique d'un bout à l'autre. Je l'ai effectuée dans deux établissements pénitentiaires : de novembre 2013 à novembre 2014 à la maison d'arrêt de Cherbourg dans la Manche, sous le régime de la détention provisoire, pour la terminer, près de cinq années plus tard, au centre de détention d'Argentan dans l'Orne.
Deux structures très différentes l'une de l'autre en ce que la première est vétuste et surpeuplée - jusqu'à neuf personnes par cellule de 25 m - et la seconde, beaucoup plus confortable, avec un seul occupant par cellule. Mais c'est là, la seule différence notable. Car pour l'essentiel, c'est-à-dire la prévention de la récidive et la préparation à la sortie, le manque de moyens humains et matériels est criant dans les deux établissements.
En l'état actuel des prisons françaises, je l'affirme, la prévention de la récidive est une fumisterie et la préparation à la sortie une mystification. Même si les personnels de surveillance, tant décriés, et les travailleurs sociaux, impuissants, oeuvrent chaque jour pour rendre la détention moins insupportable. Quant à certains juges, chargés de l'application des peines, force est de constater qu'ils n'usent pas exagérément des dispositifs alternatifs à l'enfermement.
Loin s'en faut ! Le traitement punitif de la sanction semble davantage leur convenir, les motiver même. Jusqu'à se fourvoyer, forts de leur pouvoir absolu. Mais surtout, ne leur dites pas. Il pourrait vous en coûter. Je l'ai appris à mes dépens... Je suis marqué à vie. En d'autres termes, il n'y a qu'une seule façon de sortir de prison sans aucunes séquelles... c'est de ne pas y entrer ! ...
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