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Un éloge des grammaires, de la diversité des langues et des cultures du monde !
Jean-Pierre Minaudier, le traducteur à succès du roman L'Homme qui savait la langue des serpents..(Le Tripode, janvier 2013), n'est pas un homme ordinaire. Historien de formation et amoureux des langues, il enseigne le basque en plus de l'estonien, jongle avec les rudiments de dizaines d'autres idiomes et possède une des plus grandes bibliothèques personnelles de grammaires au monde. Dans Poésie du gérondif, armé de ses quelque 1.. 200 grammaires, il nous explique avec humour et quantité d'exemples pourquoi chaque langue est une vision particulière du monde...
« Historien de formation, gros consommateur de littérature et de bandes dessinées depuis mon adolescence, j'ai, sur la quarantaine, traversé une drôle de crise: durant plus de cinq ans, je ne suis pratiquement arrivé à lire que des livres de linguistique, essentiellement des grammaires de langues rares et lointaines. Aujourd'hui le gros de l'orage est passé, mais je persiste à consommer nettement plus de linguistique que de romans. Je n'apprends pas ces langues: à part l'espagnol, l'anglais et deux mots d'allemand, je ne sais passablement que l'estonien, et je me suis quand même récemment mis au basque car c'est de loin la langue la plus exotique d'Europe. Mais j'en collectionne les grammaires - je possède à ce jour très exactement 1.149 ouvrages de linguistique concernant 856 langues, dont 620 font l'objet d'une description complète. Je les dévore comme d'autres dévorent des romans policiers, comme le rentier balzacien dévorait les cours de la Bourse, comme les jeunes filles du temps jadis dévoraient Lamartine, frénétiquement, la nuit, le jour, chez moi, dans les diligences (pardon, le métro), en vacances, en rêve. Il y a longtemps en revanche que j'ai appris à m'en tenir à d'autres sujets dans les soirées en ville, car je ne tiens pas spécialement à dîner avec Lucullus. »
"Poésie du gérondif", à ne pas lire dans le métro sous peine de passer pour un ravi de la crèche auprès des autres voyageurs scotchés à leurs 120 signes et leurs selfies. Un livre délectable, déjanté, savant, dont l’auteur a consacré cinq ans de sa vie à collectionner et lire des grammaires consacrées aux langues rares.
Il en possède 1186 avec une affection particulière pour l'éditeur DE GRUYTER-MOUTON "(que des fleuves de miel, des lacs de salidou et des océans de Nutella les récompensent de leurs bienfaits)".
Une petite mise en bouche ? : "En géorgien, "vous nous pelez" se dit tout simplement, en transcription latine, gvprckvni - l'on comprend pourquoi les oranges géorgiennes prennent rarement la parole en public".
Il faut toujours suivre les conseils de Fred Vargas qui en recommandait sa lecture l’autre matin, interviewée par Augustin Trapenard pour la sortie de son nouvel opus « Temps glaciaires ».
Jean-Pierre Minaudier est plus qu’un Normalien et historien, c’est un fantaisiste rare et érudit, mélange, disciple et successeur d’Alexandre Vialatte, Raymond Devos et Claude Hagège.
Ce petit livre de 156 pages, notes de bas de page – dont on comprendra très vite l’importance -, index des langues et familles de langues citées (6 pages et demies quand même !) et traduction sur 15 autres pages des phrases citées en marge (et à la verticale) est une drogue dure qui entraîne l’addiction du lecteur dès la première ligne.
L’exercice est d’une rare drôlerie tout autant qu’instructif.
Sans avoir l’air d’y toucher, il va beaucoup plus loin et nous donne à réfléchir à propos de la suprématie de fait des langues simplifiées de communication comme l’anglais ou le mandarin sur ces innombrables langues qui expriment avec leurs mots et leur grammaire une autre pensée et une autre réalité.
Ainsi par exemple, concevoir une langue où n’existent ni le verbe être ni le verbe avoir, nous semble absurde ; pourtant il y en a plus d’une de par le monde. Il faut réfléchir autrement. C’est aussi ce que nous dit « Poésie du gérondif ».
« Et c’est ainsi, bien sûr, que GRUYTER sera grand et MOUTON aussi »
Poésie du gérondif de Jean-Pierre Minaudier éditions Le Tripode, 14,70€
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