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Pirouettes et collants blancs ; mémoires de Jules Léotard, le premier des trapézistes (1860)

Couverture du livre « Pirouettes et collants blancs ; mémoires de Jules Léotard, le premier des trapézistes (1860) » de Noel Herpe et Jules Leotard aux éditions Mercure De France
Résumé:

Quand il publie ses mémoires, en 1860 à 22 ans, Jules Léotard est en pleine gloire. Il vient d'être sacré à Paris, Berlin, Londres, New York, le « roi des trapézistes » par une presse qui l'encense et le moque. Les femmes se battent sous le praticable où il pratique son art, dans l'espoir... Voir plus

Quand il publie ses mémoires, en 1860 à 22 ans, Jules Léotard est en pleine gloire. Il vient d'être sacré à Paris, Berlin, Londres, New York, le « roi des trapézistes » par une presse qui l'encense et le moque. Les femmes se battent sous le praticable où il pratique son art, dans l'espoir d'approcher « le style mâle » et le « corps sublime » que le jeune homme entraîne assidûment depuis l'enfance.
Le Toulousain a commencé au gymnase Amoros, puis est formé par son père au « système gymnique » qu'il a mis en place. Sa spécialité est rapidement trouvée : le trapèze volant, dont il est l'inventeur moderne et le représentant d'époque le plus virtuose, enchaînant dans les airs, à cinq mètres au dessus des têtes, les numéros, les pirouettes, les sauts et les cabrioles. A vous coupez le souffle, paraît-il. A 21 ans, Léotard monte à Paris et débute au Cirque de l'impératrice.
Le Second Empire aime ces spectacles du corps, où la peur et le brio, la mort et la vitalité, sont mis en scène dans leurs rapports délicats, avec un éclat inédit propre à la fête impériale. C'est en Prusse, puis à Londres chez Barnum, que Léotard devient une vedette internationale. Il triomphe à son retour à Paris, où il est l'attraction la plus fameuse du Cirque Napoléon, puis du Cirque des Champs-Elysées. Les foules se pressent, ses admiratrices se pâment devant ses jeux de jambes, et leur galbé surtout, habilement et sensuellement souligné par la tenue mise au point par le trapéziste lui-même : un maillot et un collant noir moulant.
Considéré comme l'homme le plus attirant de son temps, il laisse cette trace de tissu révélatrice à la postérité : aujourd'hui encore, le juste-au-corps des trapézistes ou des acrobates se nomme un « Léotard ». L'admiration va donc à l'artiste, à son corps, autant qu'à son art, le brio des numéros volants. Les mémoires de Léotard oscillent entre le récit d'une vie d'exercices, du quotidien du cirque, et les commentaires souvent drôles et ironiques sur la fabrication d'une gloire et ses effets parfois déroutants. Léotard aime à camper en victime des femmes fanatisées par son apparence, mais il vit de cette célébrité : il adore ce quart d'heure de gloire que lui procurent son art autant que son corps. Il repousse le vedettariat autant qu'il l'espère, il le met en scène autant qu'il s'en méfie, et l'écrit, surtout, avec une plume habile et artificielle, sans doute taillée par un nègre talentueux.

Historien et écrivain, Noël Herpe a découvert ce texte en réalisant en 2009 un documentaire sur l'histoire du collant.

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