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Depuis une dizaine d'années, un nombre considérable de Blancs pensent être les nouvelles victimes d'un « racisme anti-blanc », d'une « discrimination inversée », d'un « remplacement » et pour les plus extrémistes, d'un « génocide blanc ».Ces discours, propres aux sympathisants d'un nationalisme ethno-racial, ont motivé l'élection de Donald Trump à la présidence des EU et menacent d'entériner sa réélection en novembre 2020.Dans de très nombreux ouvrages, cette crispation communautariste blanche est souvent présentée comme une réaction politique à la mondialisation néolibérale et aux inégalités nouvelles qui en résultent, à l'immigration dite « massive » et surtout au développement d'une société multiculturelle en passe d'assurer un bouleversement démographique et culturel.Pourtant, ces discours sur le « déclin » même relatif des Blancs américains ne résiste pas à l'étude des données disponibles sur l'inégalité réelle et les positions de pouvoir entre Noirs, Hispaniques et Blancs.En réfléchissant à la construction historique d'une identité nationale ethno-raciale aux EU, Sylvie Laurent démonte le nouveau mythe du Blanc victime qui a déjà traversé l'Atlantique (Brexit, par exemple) et qui invisibilise des inégalités raciales pourtant toujours criantes.Elle dévoile avec brio que ce discours est en réalité l'ultime tour de passe-passe de la domination blanche aux États-Unis, qui s'approprie la posture de l'opprimé pour préserver un ordre social chahute´ par l'élection de Barack Obama et l'activisme des minorisés.
Remarquable rappel historique sur la colonisation à partir de 1602 et 1609 (Mayflower) des Etats-Unis, avec toutes les conséquences, faire fortune, exterminer les amérindiens, importer des noirs pour faire le travail, puis par une succession d'immigrations d'Europe d'abord puis d'Amérique Centrale et du Sud. A chaque tentative d'intégration, par voie législative notamment, de ces migrants, les plus riches, qui ont le pouvoir, et donc par définition les blancs, refusent que l'on accorde à d'autres qu'eux les richesses qui leur appartiennent de droit, et qu'ils méritent.
Ceux qui ont voté pour Trump ne sont pas seulement des déclassés sociaux, sans éducation, victimes de la mondialisation, mais tous ces "petits blancs" qui ont le sentiment qu'en donnant aux autres en clair les noirs, les hispaniques, les asiatiques, les amérindiens, on les vole de toutes les richesses du nouveau monde qui leur appartiennent de droit.
D'où le slogan "Make America Great Again" repris du grotesque Reagan, qui a réussi l'exploit suivi par tous les autres présidents depuis de détruire la classe moyenne en abaissant les impôts fédéraux jusqu'à ce que les plus riches soient maintenant ceux qui payent le moins d'impôts. Sans compter la destruction des services sociaux, et pour les plus riches la prolifération de la fraude fiscale et des paradis fiscaux et autres arrangements.
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