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" La correspondance entre Paul Valéry (1871-1945) et André Fontainas (1865-1948) est une amitié à l'ombre de ce grand monument mallarméen dont la morale et la fidélité demeurent idéales, filiales, fraternelles entre le désir de témoigner de l'oeuvre du grand maître et celui de défendre son oeuvre.
Valéry et Fontainas choisissent des stratégies différentes. D'une part le Mercure de France devient le dernier rempart de la littérature honnête, d'autre part, Valéry entreprend cette lutte étrange entre l'oeuvre et son critique, une reprise ou transmutation de toute la langue française sur le modèle racinien et cartésien. C'est l'accès à l'Académie française en 1927 par Valéry qui marque l'intérêt de cette correspondance, c'est-à-dire un Valéry public qui se sent assassiné ou menacé par un auteur dont il reconnaît mal ou trop bien la vraie nature.
C'est à ce moment d'officialisation, de mort ou assassinat, que le rêve ancien de la perfection de Narcisse, Etudes pour Narcisse, va marquer ce gouffre poétique, optique, littéraire, cubiste, dont Fontainas suivra avec passion fraternelle l'événement. L'Entrée au Monument de ce Narcisse au monument devient ici, par le projet de l'Istituto di Skriptura, ce monde d'échos, voyelles, mises en valeur par une orchestration en forme de glose et de renvois permettant d'établir les analogies profondes qui tiennent l'oeuvre poétique et critique de Valéry et Fontainas : le continent inépuisable du mythe de Narcisse, qui prend la parole traversant toute la langue française et ses racines théologiques implicites jusqu'à la Tour d'ivoire symboliste.
Parmi les documents rares et anthologiques présentés et repérés, il y a la revue Commerce qui touche les secrets de l'art poétique de Breton, la notion de l'art critique de Jean Paulhan, la structure des fragments d'Edgar Poe annotés par Valéry, les notations autour du sonnet et de son mystère archaïque, la retrouvaille du texte perdu de la Chronique Théâtrale publiée dans Le Temps en 1913, feuilleton qui déclencha le principe tragique et infini de La Jeune Parque de Valéry, ce feuilleton banal qui avait ému Valéry et Pierre Louÿs...
L'enfer lyrique, le motif classique autour de Narcisse, cimentent cette correspondance désespérée, violente, adorable crispée par l'eau tremblante de la pauvre vie moderne. " L.C.
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