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Des portraits bouleversants d'êtres seuls, vus par un homme lui-même solitaire, qui essaie de comprendre ce qui l'a séparé de son père.
Journaliste célibataire d'une quarantaine d'années, le narrateur se rend dans la maison de son père qui vient de décéder et dont il n'avait plus de nouvelles depuis longtemps.
Alors qu'il trie ses affaires, il tombe sur un dossier qui comporte des textes de sa propre plume, écrits vingt ans plus tôt dans le cadre d'une commande de presse. Des portraits d'hommes et de femmes confrontés à la solitude, que, pour une raison mystérieuse, son père a précieusement gardés.
Les piliers de comptoir d'un café sans éclat, un sans domicile fixe qui a joué de malchance, un alcoolique qui vit encore chez sa mère, un homme transparent qui n'a jamais su retenir le regard d'une femme, une institutrice de maternelle qui collectionne les amants sans pouvoir tomber amoureuse, un vieux fermier enfin, qui illustre l'isolement agricole.
Tout en relisant ces portraits, le narrateur se remémore des moments avec son père et tente de comprendre ce qui les a éloignés l'un de l'autre.
D'une écriture délicate, à la sensibilité rehaussée de pudeur, Yves Harté rend ces êtres abandonnés absolument bouleversants. Il explore, avec une empathie contagieuse, le tabou de la solitude qui nous effraie et qui, pourtant, au fond, nous réunit tous.
Yves Harté (journaliste et grand reporter qui a obtenu le prix Albert Londres en 1990) prend comme fil conducteur le retour du narrateur, journaliste fils unique, dans sa maison familiale après de décès de son père et la redécouverte de certains de ses écrits de jeunesse alors qu’il voulait devenir écrivain. Des textes que son père, qui avait été sévère dans ses relations et appréciations sur son fils et sur ses productions littéraires, avait néanmoins gardé et classé dans une chemise titrée « solitudes ».
La thématique des solitudes à la suite de la perte d’un proche est un des fil conducteur (mais pas que). En peignant ces portraits et situations de certaines solitudes, Harté montre tout à la fois les « banalités » de ces situations qui n’en sont pas moins terribles, mais aussi des solidarités ou attentions qui peuvent exister ici ou là ; mais de façons ponctuelles et temporaires.
La thématique des solitudes (urbaines, rurales, ou autre est un vrai sujet - probablement accentué dans notre époque faussement communicante - et mérite des développements. La question des formes de descriptions (et de possibles solidarités) de sujets sociétaux est toujours complexe : faut-il privilégier l’essai descriptif, la thèse analytique, le roman ?
Au final, le livre est assez court, mais l’enchainement est un peu « plombant ». La qualité rédactionnelle de Harté permet de garder la lisibilité nécessaire.
Lu dans le cadre du jury lecteurs Fnac 2024
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