L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
« La fête de la Saint-Arnoux c'était la messe aux Cordeliers, les jeux pour les enfants sur la place du lycée avec le feu d'artifice japonais. On lançait en l'air des baudruches qui, une fois gonflées, étaient des animaux ou des fleurs. Le soir, le feu d'artifice m'émerveillait avec ses fontaines lumineuses, ses soleils, ses étoiles, mais j'appréhendais le tir des bombes qui montant droit dans la nuit éclataient avec une détonation sèche qui me surprenait désagréablement ».
Dans ces chroniques de Paul Hugues, sur lesquelles planent les figures tutélaires d'un père vénéré et d'une mère trop tôt disparue, c'est tout un univers enfoui dans la mémoire collective qui resurgit avec sensibilité, minutie et parfois émerveillement. Enfant de la Première Guerre mondiale, le futur instituteur et résistant de la première heure, balance entre deux mondes : celui d'un Champsaur encore marqué par de nombreuses traditions ainsi que par une âpreté de la vie que seules adoucissaient les diverses solidarités, et Gap où il assiste à l'irruption de la modernité dans une ville où il n'était pas rare de voir encore les vaches arpenter les rues. Et si Les morsures de la guerre et des maladies, dont celle qui emporta sa jeune mère, sont très présentes dans ce récit, faisant violemment trébucher le bonheur de toute une famille, ce dont parle « Oh ! je ne suis pas encore mort. » c'est avant tout, depuis le combat contre la maladie, les revers de fortune, jusqu'à la Résistance, d'un parti pris pour la vie.
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