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«Un meurtre c'est fait pour que quelque chose s'arrête. Est-ce que c'est possible que les choses s'arrêtent, que ce ne soit pas toujours le même aplat de tout, sur le même ton, à la même vitesse qui vous avale, irrespirable, le souffle court, ne plus avoir d'oxygène au cerveau à force, est-ce que c'est possible que tout le monde se taise, que le bébé se taise, que sa mère se taise, que le dealer se taise, que les flics se taisent, que les juges se taisent, que tous ils se taisent. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent de lui, il leur donne son corps, mais qu'il puisse se taire, qu'ils le laissent ne plus répondre.»
Ce n’est pas une auto fiction comme les précédents livres de Constance Debré, quoi que …. Elle écrit sur la société, la justice du monde vertical, sur nous dans ce monde, l’injustice. C’est incisif, dérangeant, à contre courant par moment on prend une claque on lisant Constance Debré et parfois des uppercuts.
Cette lecture ne me laisse pas indifférente!
Roman psychologique social qui donne à réfléchir sur la difficulté d'intégration de personnes socialement à l'écart de la société. Tout le monde n'a pas la même chance à la naissance et l'on voit à travers les phrases acides de Constance notre incompétence à les sortir de cet enfer. Je conseille vivement.
Une narration difficile , des phrases qu'il faut relire pour tenter de comprendre le contexte et rester dans l'histoire...Rien d'intéressant qui invite à poursuivre la lecture ... Un style trop nombriliste à mon goût... Bref une lecture stérile à mon endroit parce que je n'ai rien compris au comment du pourquoi d'un tel récit ...
La démonstration est implacable, le regard sur la société et la justice sans concession, le récit serré, concis, vrai : s’extraire de la misère, « s’en sortir » comme on dit, est chose quasi impossible. Quoi qu’on fasse, on est rattrapé par la drogue, le crime, la prison. Et l’autrice se place du côté des petits, de ceux qui sont engloutis dès le début, des victimes, même si ces victimes sont des assassins. Pour eux « tout est abîmé. Tout est abîmé dès la naissance ensuite ça ne fait qu’empirer. »
Car « ça peut venir tôt que tout soit trop tard.»
Elle raconte l’histoire d’un jeune gars écrasé par la misère sociale qui a le projet de refaire sa vie ailleurs avec sa femme et son môme. Mais quand on vient de ce milieu-là, on y reste. Le seul mouvement possible est vers le bas. On a beau vouloir s’extraire, on a beau vouloir que « ça cesse », on est « retenu » par la dette au dealer, par l’absence de boulot, par une famille toxique ... Et Constance Debré s’inclut dans le groupe de ceux qui apparaissent comme des coupables alors qu’ils ne font que subir la pression d’une société et d’une soi-disant justice qui les accablent. « C’est avant les actes que tout se joue, qu’est-ce qu’on peut faire contre ça, rien. Il se condamne d’avoir cru, un instant, qu’il pouvait s’échapper. Échapper à quelque chose qui est la cité, sa famille, les dealers. Péché de démesure. » C’est l’ubris de la grande tragédie des temps modernes. Parce que pour qu’il y ait des grands, il faut qu’il y ait des petits : « sans dessous, il n’y a pas de dessus.» Selon Constance Debré, l’origine du mal « n’est pas dans celui qui le commet mais dans l’humanité tout entière.» L’autrice semble constamment interpeller son lecteur : « Vous ne tuerez point en effet. Mais pas parce que vous êtes meilleurs que nous, vous n’êtes pas plus près du bien que nous. Car il faudra qu’on parle du bien puisque c’est toute la question du bien et du mal cette affaire, quelque chose qu’il faudra bien que vous affrontiez, même si vous n’êtes plus habitués.» Soudain, en lisant ces lignes, j’entends la voix de Jean-Baptiste Clémence dans « La Chute » de Camus qui au fur et à mesure de son discours tisse une toile pour nous prendre au piège de la culpabilité. « Il faut donc commencer par étendre la condamnation à tous, sans discrimination, afin de la délayer déjà.» disait-il…
En tout cas, Constance Debré nous rappelle que nous sommes coupables nous aussi avec notre casier judiciaire vierge, nos bonnes manières et notre conscience tranquille. Et pourtant, ce sont les autres qui portent le fardeau : « Je suis coupable oui, mais je suis coupable à votre place. Puisqu’il faut bien que quelqu’un porte la faute, puisqu’il faut bien que quelqu’un porte la peine. »
Certaines formules d’« Offenses » sont d’une force et d’une beauté inouïe. Allez, je ne peux m’empêcher de vous livrer les quelques lignes de fin de ce grand texte parce que je les trouve sublimes : « Ce monde d’égalité et de justice, ce monde de délicatesse et de bon goût, ce monde d’intelligence et de livres, votre monde qui ne sera jamais le nôtre, celui en dessous duquel nous vivons, celui qui se nourrit de nous. Vous avez bien fait de récuser Dieu, d’annuler le jugement dernier, de ne plus craindre l’heure où vous pourriez être jugés de tout le mal dont est fait votre bien. »
Superbe ! Et tellement vrai !
LIRE AU LIT http://lireaulit.blogspot.fr/
"Offenses" comme dans “Pardonne-nous nos offenses.” Mais quand l’offense est un meurtre ? L’assassinat d’une vieille dame - vieille, veuve et pauvre - par son jeune voisin pour quatre cent euros. “C’était comme il a dit, elle par terre et lui à genoux, il l’a tuée comme on prie.” Dans ce livre, au lieu de défendre ou d’accuser le meurtrier, Constance Debré attaque tout le reste. “Le coupable à côté c’est presque un saint.”
Tout le reste c’est “vous” et c’est “nous”. Le “vous” c’est nous les lecteurs, nous les bourgeois, nous les gens d’en haut. Le “nous” c’est elle la narratrice, lui le meurtrier, eux les gens d’en bas. “Où que vous soyez si vous me lisez vous êtes au-dessus.” Elle dénonce ainsi la géographie verticale du monde. “Vous marchez sur nous” étant la première phrase du livre, le reproche fondateur.
La laideur d’un crime n’est rien face à la laideur du monde. La nôtre et la vôtre. Celle de la victime, du coupable, de leurs familles minables, du dealer, des témoins, des amis. Mais aussi celle des juges, “ces fonctionnaires en robe de prêtres”, des journalistes, des psychiatres, de l’avocat général, “comme les rois d’il y a mille ans.” Constance Debré envoie au diable les procès et la justice : “toujours la même mascarade, les mêmes déguisements, la même sale messe.”
Au-delà des références bibliques, des propos intransigeants décochés tels des flèches, des descriptions froides comme des tombes, on sent des relents de littérature. Le choix des mots, de leur ordre, de leur répétition. La gestion de la ponctuation. Il y a même Pascal et Proust au beau milieu de nous autres, comme des apparitions. Amen.
"Offenses" c'est l'histoire d'un meurtre puis d'un procès d'un jeune de banlieue accusé du meurtre d'une octogénaire, qui conduit à la réflexion sur la société et qui bouscule quelques idées reçues sur la justice française.
Le jeune homme est pauvre, déjà père a à peine vingt ans, pris en otage par un dealer à qui il doit de l'argent, tue une vieille femme de dix coups de couteau pour seulement 450euros. Cette femme habite en dessous de chez lui, après son geste, il attend chez lui, ne fuit pas, six jours plus tard la police l'embarque. Les journaux en sont les gros titres "Il tue pour 450 euros". Mais que sait-on de ce jeune homme ?
Constance Debré décrit le procès et le contexte autour de ce geste : les faits, les liens, la famille, l'injustice, la misère, la pauvreté. L'auteure pose la question : peut-on reconnaitre qu'un agresseur peut être aussi une victime ? Dénonciation d'une justice a un seul sens, une injustice qui est faite pour les personnes de haut rang, de la haute société, des personnes bien nées, qui ne manque pas d'argent..
Premier roman lu de Constance Debré, lu d'une traite, en apnée, impossible de s'arrêter ; l'écriture est cash, forte, sans fioritures, aux phrases coup de poing. Chaque chapitre dérange, interroge, énonce ; les mots sont choisis avec minuties et intensités.
Un roman très cout qui interroge sur le bien et le mal, sur la société, sur notre justice, sur notre violence, sur la misère. Constance Debré avec un style concis, provoque, fait réfléchir, questionne, mais pour en sortir plus fort, pour nous sortir de notre zone de confort, pour nous montrer la vision de sa propre justice !
“Il n’y a pas d’innocents”, car nous sommes coupables, nous dit en pointillé Constance Debré dans Offenses. Ce cri, où l’écriture est taillée, dépecée de toutes émotions et de tous ressentis, énonce, dénonce même, la partialité du jugement en matière de Justice et la violence comme expérience salvatrice. Pour elle, loin de représenter la justesse, la Justice n’est qu’un mensonge et la brutalité, une conséquence inéluctable pour arrêter le mal-être.
En s’inspirant de son expérience d’avant, celle où elle était “avocat” dit-elle en interview, Constance Debré décrit un fait divers inventé et le procès qui s’ensuit.
Un jeune poignarde sa vieille voisine qu’il avait pourtant l’habitude d’aider en lui faisant ses courses. Parce qu’elle lui réclame l’argent qui ne lui a pas rendu, il ne le supporte pas et se laisse envahir par sa violence qui l’assaille. Dix plaies au couteau. On découvrira le corps baignant dans une mare de sang dans son appartement de sa cité en banlieue.
Constance Debré dissèque la vie du jeune et dévoile la misère sous toutes ses formes. Et elles sont nombreuses. Quelques-unes comme celle de ce jeune, père à 16 ans. Ou celle de la voisine dont le fils habitant de l’autre côté de sa rue et ne vient pas la voir. Il lui fait un signe de tête lorsqu’il la croise dans la rue. Pourtant, l’agresseur est le seul à parler de sa voisine avec attention et empathie.
Du coup, à toutes les misères, la violence, quelle que soit sa nature, est l’élément déclencheur et inéluctable pour que les choses puissent cesser.
Chaque chapitre interroge, dérange ou bouscule. La justice est devenue incohérente avec ses codes et son cérémonial à traiter ce genre de situations. Ainsi, même l’intervention de l’expert psychiatre n’a plus de sens par le prisme que pose Constance Debré. Les témoins se succèdent mais leurs interventions se dénaturent. L’accusé semble persuader qu’il n’y avait pas d’autres issues et même qu’elle devient salutaire.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/02/17/constance-debre-offences/
Très déçue par cette tentative romanesque après ses auto-fictions décapantes. Dans certaines phrases, on retrouve presque la musique de Duras mais elle tombe dans l'incantation. Il y a quelque chose d'inégale dans la narration. C'est toujours l'autrice qui revient avec ses obsessions qui la dominent. On dirait qu'elle utilise le personnage du tueur pour parler d'elle, on dirait qu'elle se bat contre elle. C'est assez étrange car du coup les changements de point de vue entre le narrateur et ce tueur, c'est comme un prolongement d'elle--même, comme si elle tentait de faire sortir son "je" narratif, mais il ne sort pas du ventre. De ce fait la rage s'épuise en une petite musique durassienne lancinante anti-système. Mais en même temps il faut saluer son courage de se lancer dans la fiction.
4* : comme j'ai beaucoup aimé ses précédents livres et que je crois en son écriture...
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