"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« On ne sort pas comme l'on entre, au Flore (...).
Ce 10 mai 1981 a pris les allures d'un jour de bonheur, parti pour durer éternellement.
Je me refuse, en cet instant précis, à penser au futur, à toutes ces années à venir et, m'emparant de ma énième coupe de champagne, j'y trempe les lèvres, formulant ainsi, en silence, une promesse, celle de ne jamais oublier ce jour... ».
Si, aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années, comme le soulignait Rodrigue dans le Cid, il semblerait que, pour un roman réussi, elle ne dépende pas de la longueur du récit. Et, "Nous nous sommes tant aimés", le dernier roman de Mona Azzam en est à mes yeux le parfait exemple.
Il lui aura suffi de quatre-vingt-cinq pages aérées pour m’emporter et me ravir en un petit moment trop rapide, relecture de certains passages comprise. Il faut dire que la couverture déjà est tout un symbole, "Le Flore". Qui ne rêverait de rencontrer l’amour dans un lieu aussi mythique ? A peine Océane y est-elle entrée, en ce 10 mai 1981, jour de ses dix-huit ans, qu’elle y succombe "Mon regard plonge dans un univers vert émeraude, qui me tient en captivité. Une chaleur soudaine m’envahit et ma main s’électrifie au contact de sa paume qui s’y attarde…", elle vient de rencontrer Emmanuel…Et l’amour ! Un amour fou, éternel, et pourtant fait d’absence. Un simple "Je t’aime" griffonné sur un papier signe très vite le glas de cette relation. Océane quitte Paris…Banale à première vue qu’une énième histoire d’amour, et pourtant…
Plus qu’un roman, j’ai eu l’impression de lire un poème, un hymne au sentiment le plus noble de l’Homme. La beauté du texte tient avant tout à l’écriture, magnifiquement maîtrisée, poétique, vive, saccadée, répétitive. Les répétitions, venons-en, loin de m’agacer, ont résonné en moi comme un écho, m’ont bercée, enveloppée : "Et de te dire la douleur de l’attente, te dire et redire l’amour en profondeur. J’ai envie de te dire, Océane, ce que je n’ai pas eu le temps de te dire." Les figures de style sont nombreuses qui donnent corps au texte, les références littéraires aussi. Et rien de mieux qu’une lecture à voix haute pour transcender les mots parfaitement orchestrés, le rythme et les rimes.
"Acta est fabula : le rideau se referme sur la scène du Flore où s’est joué le théâtre de nos jours.
Acta est fabula : je contemple les dernières images qui me restent de nous deux, dualité complexe, corps unis et désunis, envers et contre tout.
Et de ces images, je n’en retiens qu’une, celle de nos dernières retrouvailles."
Un roman tant aimé à lire et relire, qui confirme la tendresse toujours plus grande que je voue aux auteurs des Editions La Trace sans oublier la très jolie préface – lue après le roman – de Christophe Maris.
https://memo-emoi.fr
Merci à Mona Azzam d'avoir mis sur mon chemin Océane et Emmanuel, de m'avoir fait vivre, à travers ses précieux mots, leurs émois, leurs regrets, leurs tâtonnements. Il me tarde aujourd'hui de m'installer à la terrasse du Café de Flore pour y croiser des personnages vivants et inspirants, surgis du passé comme du présent.
Océane, jeune Aigues-Montaise, découvre la capitale , Emmanuel, l'amour, la vie..."deux corps qui s'unissent, en une symphonie de vie, en un poème inachevé... (page 32)" Le Café de Flore le jour de ses 18 ans... Les années passent, l'absence omniprésente ou le rien vous remplit du tout, l'acte manqué par peur de la routine et le souvenir bouleversant de ce jour si particulier dans cette ambiance si "Fellinienne" au parfum de poésie "Baudelairienne" !!! Merci Mona pour ce roman, une délicieuse douceur à savourer voluptueusement...
Plonger la tête la première dans le sentiment amoureux ... voilà ce que nous propose Mona Azzam avec ses mots ciselés , ses phrases envoûtantes et sa façon bien à elle de mener l’histoire empruntant des chemins de traverse laissant le lecteur deviner, s’impliquer, succomber... une bien jolie lecture
Une image s’impose à moi avec ce court roman , image qui n’y figure pas mais qui est s’installe au cours de ma lecture : une femme dansant seule, les yeux fermés sur une musique audible d’elle-seule.
Un acte ultime pour convoquer le souvenir de son premier amour, pour elle-seule, comme un trésor qui ne peut être partagé.
Une écriture poétique et intimiste, toute ne douceur, en rondeur qui entraîne le lecteur dans un cheminement qu’il fera sien à partir de cette histoire, qui au départ, ne le concerne pas.
C’est la force de l’écriture de Mona Azzam.
« Sur la photo, c’est moi ; une image de moi, un moi autre. »
Dans le décor du mythique Café de Flore où sont racés en pointillé les portraits de Marcel Carné, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, sorte de parrains penchés sur le berceau des amours naissantes d’Océane ; le monde des arts et de la culture est là pour magnifier la vie, ce bouillonnement de sève d’une vie débutante.
Océane va y apprendre ce qu’est une vie, la liberté et ses tentacules.
Le couple se dessine et le lecteur ressent bien que chacun a une image de ce qu’il est, de ce qu’il croit savoir sur l’autre et de ce qu’ils sont en réalité, en somme dans un couple il y a au moins six portraits au minimum. La vérité coule au milieu de la rivière-vie que voilà.
L’éphémère ne serait-il pas plus tenace que la réalité ? La témérité qui imprègne le premier amour n’est-elle pas le secret de longévité des souvenirs ?
Une belle invitation à s’interroger, à faire revivre ses souvenirs qui ont étayé notre personnalité.
D’une écriture ciselée et en mots choisis l’auteur vous accompagnera dans ce que vous êtes…
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 3 octobre 2019.
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