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Notes discontinues

Couverture du livre « Notes discontinues » de Pierre Buraglio aux éditions Atelier Contemporain
Résumé:

Buraglio écrit, en premier lieu, parce qu?il est un lecteur agissant, ayant fait de la lecture une activité au sens plein de ce terme, quelque chose qui engage le corps aussi bien que l?esprit. Car lire, dans ce cas, s?incarne en une série d?opérations nécessitant la participation de la main... Voir plus

Buraglio écrit, en premier lieu, parce qu?il est un lecteur agissant, ayant fait de la lecture une activité au sens plein de ce terme, quelque chose qui engage le corps aussi bien que l?esprit. Car lire, dans ce cas, s?incarne en une série d?opérations nécessitant la participation de la main :
Souligner, recopier, annoter. Avant même de produire son propre texte, Buraglio, en peintre qu?il est dans chacun de ses actes, s?insinue physiquement dans la page tel un support qu?il lui faut marquer de traces afin d?y trouver sa place, et de pouvoir en faire quelque chose.
Citations et annotations sont le matériau même avec lequel Buraglio fabrique ses textes, qui sont, à cet égard, le produit de sa lecture. Ce qu?on lira dans le présent recueil ne cesse de témoigner de cette façon de pratiquer la lecture comme mise en ?uvre. Ainsi, parmi tant d?exemples, le texte sur Chardin est-il nourri de très nombreuses citations qui sont le fruit d?un double travail de relevé et de réemploi aboutissant à ce que nous lisons. Le stade le plus ultime de cette manière d?opérer se trouvant dans l?essai sur Poussin où Buraglio, revendiquant cette pratique comme un faire ? « Je recopie ce que j?ai lu? » ? livre, sans autre intervention de sa part que le choix et l?assemblage, un florilège de citations de Poussin.
Une telle pratique pose la question de l?usage de ce qui est d?abord une forme de collecte. Car ici, c?est un peintre qui lit, qui glane et qui réagit à ce qu?il trouve par le commentaire. Autrement dit quelqu?un qui lit non pas parce qu?il faut lire, mais bien parce que la lecture, comme d?autres activités humaines qui lui sont données de pratiquer, peut servir. Je veux dire par là que si la lecture mène à la fabrication du texte, ce dernier n?est pas le but ultime, mais une étape vers la peinture.
Ainsi, Buraglio se munit-il de mots pour étayer son travail de dessin et de peinture.
(?) L?écriture est une pratique indissociable du travail d?après?, en ce qu?elle est de façon primordiale travail analytique du regard. Dans la quasi totalité des textes de Buraglio, il s?agit d?abord d?écrire sur l??uvre d?un autre, pratique d?extraction consistant à aller de la chose vue au mot pour la dire, qui nécessite une capacité analytique non moins puissante que celle qui conduit l?artiste à dessiner d?après des peintures anciennes. Écrire c?est voir plus. C?est cela que mettent au jour ses écrits : que la confrontation aux ?uvres exige un exercice conjoint du regard et de la pensée. Et ici c?est bien le et qui compte comme affirmation du lien indéfectible de l?un et de l?autre. On comprend dès lors qu?il pratique l?écriture conjointement à la peinture et au dessin, tant ces médiums participent, en même temps, au même projet de vision.
Notes : ce terme revient sans cesse dans les écrits de Pierre Buraglio, désignant avec justesse l?élément central de sa syntaxe. Parce qu?il pointe le caractère réactif de son écriture, naissant souvent comme une prise de note sur, entre mémorisation et réaction. Mais aussi parce que ce mot, écrit au pluriel, dit bien la nature de ce matériau qui, telle une collecte de fragments, conserve même quand on l?assemble une trace de son hétérogénéité originelle.

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