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Lorsque Jean Genet rencontre Abdallah, qui sera un jour la figure centrale de son magnifique texte Le Funambule, le jeune homme a dix-huit ans à peine et vit à Paris. Genet, à quarante-quatre ans, est déjà un écrivain consacré. Il est aussitôt ébloui par le charme de cet acrobate, qui a travaillé plusieurs années au cirque Pinder. Il entreprend le projet fou de le hisser jusqu'à la gloire : son agilité, son expérience du cirque devraient lui permettre de devenir un artiste hors pair. Mais comment, après la chute, demeurer le funambule qui danse dans la lumière, le prodige que le poète a forgé de ses mains ?Rémi David recompose cette histoire d'amour et de fascination réciproques, dans un roman plein de justesse et d'empathie.
Voici un roman bref (162 p.), plutôt une biographie romancée de l’amour passionné et tragique qui a lié l’écrivain encensé Jean Genet à l’agile circassien Abdallah Bentaga.
Pas une roue de Simca, pas un mégot de Gitanes ne manquent à ce tableau des années d’après-guerre où Genet s’imposait dans les lettres françaises autant en écrivain fulgurant qu’en voyou attachant et odieux auquel nul ne résiste.
Entre strass et paillettes, lieux interlopes et ami.e.s sincères, le jeune Abdallah, né dans le ruisseau et grandi dans un cirque tombera en amour pour lui dans un tourbillon où se mêleront beauté, fascination, excès, risques, violence, mort.
En complément, je me suis immergée dans « Le Funambule», le texte que Jean Genet consacra et dédicaça à Abdallah (le titre du livre de Rémi David « Mourir avant que d’apparaître» en est d’ailleurs extrait) ; il y exprime avec puissance et concision son éblouissement pour le jeune homme charmant et le fil de fer sur lequel il déambulait avec grâce et virtuosité, bravant le danger.
Merci à l’équipe des 68 1ères fois pour cette aventure de livres voyageurs et les découvertes agréables qui en découlent (celle-ci par exemple).
Le funambule, l'écrivain et la mort
Pour son premier roman, Rémi David a choisi un épisode douloureux de la vie de Jean Genet, sa relation avec Abdallah, un artiste de cirque à l’origine de son livre Le Funambule. De leur rencontre à leur mort, il éclaire cette relation brûlante.
L'auteur nous avertit d'emblée. En exhumant cet épisode de la vie de Jean Genet et en mettant en scène des personnes qui ont réellement existé, il n'entend pas faire œuvre de biographe. «C’est donc une interprétation qui est livrée ici et qui ne saurait prétendre au mieux qu’à la vérisimilitude.»
Cette vérisimilitude lui permettant de combler les vides d'une histoire d'amour en imaginant des dialogues, en rattachant des documents retrouvés et des témoignages d'une riche bibliographie (voir ci-dessous).
Le roman débute avec cette scène déchirante, la mère d'Abdallah, handicapée et sans ressources, décide de confier son garçon au directeur du cirque Pinder. Ce dernier le loge et le nourrit en échange de corvées de nettoyage. Mais il l'initie aussi à l'acrobatie et au jonglage. Les années passent et l'adolescent s'aguerrit au fil des tournées qui vont le conduire finalement à Paris.
C'est là que son chemin va croiser celui de Jean Genet, écrivain adulé par Monique Lange, l'employée de Gallimard chargée de dactylographier ses manuscrits et qui va devenir son amie, sa confidente et son fournisseur de Nembutal, le somnifère qui lui permet de trouver le sommeil. Elle n'hésitera pas non plus à le loger dans sa chambre de bonne lorsqu'il lui avouera qu'il est recherché par la police et doit se cacher.
Lorsqu'il rencontre Abdallah, Genet est en panne d'inspiration et croit sa carrière terminée, alors même qu'elle est déjà reconnue, aussi bien en France qu'à l'étranger. Le jeune homme va lui redonner le goût à la vie et à l'écriture. Après avoir séduit l'artiste, il va vouloir faire de son nouvel amant un extraordinaire funambule. Pour cela, il ne va pas lésiner sur les moyens. Comme Abdallah est convoqué pour partir renforcer les troupes en Algérie, il décide de fuir avec lui à travers l'Europe pour trouver un entraîneur capable de lui faire réaliser un brillant numéro. Mais cette recherche de la perle rare va s'avérer vaine. C'est alors que l'écrivain décide lui-même d'endosser ce rôle et travaille d'arrache-pied avec son poulain. Jusqu'à réussir dans cette entreprise très risquée. C'est un triomphe un peu partout où le funambule se produit. Jusqu'à un premier accident qu'il réussira à surmonter après une opération et une volonté acharnée de remonter sur son fil. C'est alors qu'une seconde chute brisera son genou, mettant fin à une carrière qui s'annonçait brillante.
Rémi David va alors raconter les doutes et la dépression, la fin de leur relation et le drame qui suivra. Mais le primo-romancier souligne surtout l'imbrication de cette relation avec l'œuvre de Jean Genet, en particulier Le funambule et Les Paravents, nourris de cette expérience. Il réussit parfaitement son entreprise de re-création, donnant chair aux personnages en incarnant cet épisode lumineux et tragique, inspirant et désespéré. Dans ce roman, on retrouve l'effervescence des années 1950-1960. Sur fond de Guerre d'Algérie, on y croise Juan Goytisolo, Giacometti et Sartre, le poète Olivier Larronde, mais aussi Gaston Gallimard ou encore Georges Pompidou. On y lit aussi les ressorts de l'œuvre de Jean Genet, plus «vrai que nature» dans ce roman qui nous permet de revisiter une œuvre importante, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités.
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Scénario romancé d’un épisode de la vie du célèbre auteur, Mourir avant que d’apparaître relate la relation amoureuse de Jean Genet avec Abdallah Bentaga, un jeune homme à la vie précaire. Le rêve de gloire qu’a connu pour lui le poète, devenir un funambule accompli, conduira Abdallah à sa perte.
L’intérêt de ce roman est de dresser un portrait de la personnalité hors du commun de Jean Genet. Sa réputation de perfectionniste y transparaît : son protégé devait atteindre un degré de réalisation toujours plus abouti. Ce qui vaudra au jeune homme deux accidents, puis le rejet.
Le côté provocateur, mauvais garçon, jusqu’à la vulgarité, n’est pas occulté.
On côtoie aussi les amis de Genet dans ce Paris des années 50, Giacometti, Sartre, dans un décor de carte postale en noir et blanc.
Ce récit peut donner l’envie de découvrir un peu plus l’oeuvre et la biographie de Jean Genet.
176 pages Gallimard 18 Août 2022
Audacieux premier roman que ce texte, (rentrée littéraire 2022).
Ce roman-récit, avec des personnages ayant existé, nous entraîne dans les années 50-60, dans le monde de l'édition. Il romance l'histoire d'amour entre Jean Genet et le jeune Abdallah. Cette histoire d'amour, de fascination a été racontée par Jean Genet dans son poème "le funambule".
Partant de faits réels, de personnages réels, l'auteur romance cette histoire.
Abdallah, élevé dans un cirque, a été acrobate dans plusieurs cirques et Jean Genet décide de l'entraîner pour devenir funambule et l'un des meilleurs, bien sûr. ils vont alors parcourir l'Europe pour rencontrer des professeurs.
Ce texte nous parle très bien du monde littéraire, avec les portraits d' Intellectuels parisiens des années 50-60 . Nous croisons Sartre, Monique Lange, secrétaire et confidente de Genet et Juan Goytisolo, son mari, Giacometti, qui avait une forte amitié avec Jean Genet.
Ce texte plaisant donne très envie de (re)lire les textes de Jean Genet, (romans, pièces de théâtre, poème, dont bien évidement "le funambule" et ses textes sur Giacometti ou Rembrandt). Mais aussi sur le monde de l'édition, avec le beau portrait de Monique et (re)lire les textes de Juan Goytisolo.
L'auteur connaît très bien l'oeuvre et la vie de Jean Genet et le recours au romanesque nous facilite peut être l'accès à ce personnage, souvent jugé sulfureux et dont la vie a été jalonné de "scandales".
De belles pages décrivent le travail du funambule et l'apprentissage de cet art du fils. le risque de la chute est toujours présent. Il parle aussi très bien de la création littéraire, des doutes d'un homme face à a page blanche, face à la vie. Il décrit les ambivalences de Jean Genet, de ses rapports avec les autres, des rapports d'amitié, de domination, de l'emprise que celui ci aura sur son jeune amant, qu'il souhaite façonner et après en avoir "joué" abandonne. Et continuer son emprise, sa fascination sur un autre, cette fois, le monde de la course automobile (émouvant de croiser Jean Louis Trintignant sur un circuit automobile et qui conseille le "dauphin" de Jean Genet). Jean Genet est représenté comme une sorte d' "ogre", qui façonne ses amants, comme il façonnerait un texte.
Ce premier roman m'a incité à (re)lire les textes de Jean Genet et ceux de Juan Goytisolo, que nous croisons dans les pages de ce texte.
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