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Une nuit, j'ai reçu un appel de ma mère. Elle me disait au téléphone que l'homme avec qui elle vivait était ivre et qu'il l'insultait. Cela faisait plusieurs années que la même scène se reproduisait : cet homme buvait et une fois sous l'influence de l'alcool il l'attaquait avec des mots d'une violence extrême. Elle qui avait quitté mon père quelques années plus tôt pour échapper à l'enfermement domestique se retrouvait à nouveau piégée. Elle me l'avait caché pour ne pas « m'inquiéter » mais cette nuit-là était celle de trop.
Je lui ai conseillé de partir, sans attendre.
Mais comment vivre, et où, sans argent, sans diplômes, sans permis de conduire, parce qu'on a passé sa vie à élever des enfants et à subir la brutalité masculine ?
Ce livre est le récit d'une renaissance.
É. L.
L'auteur décrit ici la manière dont sa mère est devenue indépendante. Cette femme qui s'est toujours occupée de ses enfants et de ses compagnons (le père de l'auteur puis un autre), s'affranchit après avoir passé la cinquantaine.
Mais comment se construire lorsqu'on a toujours été dépendante à un homme qui ne nous a jamais laissé la place pour exister ? C'est à cette question que répond l'auteur en prenant l'exemple de sa mère et du contexte familial dans lequel il a grandi.
Cette lecture montre comment une femme courageuse a enduré les affronts pour le bien de ses enfants, mais surtout parce qu'elle ne pouvait pas faire autrement. En prenant son indépendance, lorsqu'elle quitte son dernier compagnon, elle apprend les choses de la vie quotidienne non plus sous l'angle de la mère ou de la compagne mais en tant qu'individu. La chance de cette femme est qu'elle a son fils qui peut l'aider et la soutenir (humainement et financièrement) dans cette nouvelle vie. Mais que peuvent donc faire toutes les autres Monique qui n'ont pas la chance d'avoir cette aide et ce soutien moral et financier ?
Une lecture qui pousse à la réflexion sur l'indépendance des femmes. Certes Monique fait partie d'une autre génération mais sa situation est (malheureusement) le quotidien de nombreuses femmes appartenant aux générations suivantes à la sienne.
Un soir, Monique, la mère d’Édouard Louis, l’appelle pour demander de l’aide : son compagnon est ivre et l’insulte, une situation qu’elle endure depuis des années.
Après avoir quitté le père de l’auteur pour échapper à une vie de souffrance, elle se retrouve piégée à nouveau.
Édouard Louis lui conseille de partir immédiatement et lui propose son appartement pendant qu’il est en déplacement pour plusieurs semaines.
Cependant, Monique, perdue, se demande comment vivre sans argent ni emploi, ayant toujours été une femme au foyer et victime de violence.
Dans ce livre, l’auteur raconte avec pudeur et précision la fuite de sa mère et les semaines qui suivent cet événement.
Édouard Louis et sa sœur feront tout ce qu’ils peuvent pour aider leur mère à apprendre à vivre seule et en liberté.
Ce récit met en lumière les difficultés de la reconstruction lorsqu’on manque de ressources et de soutien dans une situation critique.
Grâce à la détermination de Monique et au soutien de son fils, elle parviendra à devenir une femme libre et fière d’avoir dit stop aux violences et de vivre autrement.
À travers cette épreuve, Édouard Louis retrace ses relations compliquées avec sa famille, en particulier avec sa mère, avec qui il a eu des liens difficiles marqués par la violence.
Cette étape leur offre l’occasion de trouver une forme d’apaisement et de renouer autrement.
Un roman court, émouvant, qui m’a permis de renouer avec les livres de l’auteur après ses deux premiers romans.
https://www.instagram.com/claudia.passionlivres/
Edouard Louis apporte dans son dernier livre une réflexion sur le prix de la liberté. Combien ça coute de ne plus subir les humiliations et les coups d’un homme violent.
Alors qu’il est en résidence d’artiste à Athènes, sa mère trouve la force de quitter l’homme chez qui elle habite depuis quelques années.
« … il n’était pas l’homme avec qui elle avait vécu, il était l’homme avec qui elle avait habité. »
Il va l’aider, la soutenir, l’accompagner jusqu’à la faire briller et la faire aller au devant de la scène.
« La honte est une mémoire »
Très beau texte autobiographique à l’écriture directe et touchante, très belle déclaration d’amour à sa mère et à beaucoup de femmes qui subissent les violences.
En le lisant j’ai beaucoup pensé au livre de Mathieu Palain « Nos pères, nos frères, nos amis »
Alors qu'il est en résidence à Athènes, Édouard Louis reçoit un appel de sa mère. En pleurs, celle-ci lui confie que son calvaire recommence (cf. « Combats et métamorphoses d'une femme »). L'homme avec lequel elle vit à Paris depuis qu'elle a quitté le père de l'auteur boit, l'insulte et l'humilie.
Ni une ni deux, le fils organise à distance « l'évasion » de Monique.
Cette « évasion » signe la réconciliation définitive entre un enfant et sa génitrice et son récit dégage optimisme et joie, celles que déclenche un pied de nez à l'assignation à résidence qui prévaut majoritairement dans les milieux populaires.
Et c'est là que le livre prend toute sa dimension politique.
Édouard Louis s'interroge en effet sur le pouvoir de l'argent. Paradoxalement, c'est parce qu'il est devenu un écrivain célèbre en nourrissant son œuvre de l'histoire familiale (cf. « En finir avec Eddy Bellegueule »), quitte à se fâcher avec les siens, qu'il est capable de sauver sa mère et de « l'entretenir ».
Sans ressources financières suffisantes, impossible de fuir. Cette impuissance, les privilégiés n'y sont pas confrontés.
« Combien de femmes changeraient de vie si elles obtenaient un chèque ? » se demande l'auteur, soulignant combien la condition sociale conditionne la liberté de s'échapper pour ne plus subir la violence.
En mêlant la sociologie et l'intimité, « Monique s'évade » est un texte subtil qui décrit avec tendresse et émotion la transformation d'une femme qui s'épanouit en devenant fière d'elle. C'est aussi la chronique d'un changement chez Édouard Louis qui trouve l'apaisement dans un rôle de rédempteur.
L'auteur rejoint le club de ceux qui, tels Marcel Proust et Romain Gary, ont su si bien parler de leur mère.
EXTRAITS
Il y a des êtres portés par la vie et d'autres qui doivent lutter contre elle.
La liberté a un prix, un prix que ma mère ne pouvait pas payer.
Sa vie avait été, jusqu'à maintenant, une vie pour les autres.
Parce que la liberté est aussi une affaire de détails.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-monique-sevade-edouard-louis-seuil/
Un court récit sur l’émancipation de Monique, mère d’Edouard Louis, hommage d’un fils à sa mère, surtout mise en lumière du fils qui aide sa mère à fuir.
L’auteur relate avec précision les étapes qui conduisent sa mère à partir vivre seule loin des hommes qui l’ont maltraitée, à fuir son dernier compagnon.
Un joli récit même si je suis restée un peu en retrait notamment sur les sommes que dépense le fils pour l’indépendance de sa mère et son déménagement.
Certes, l’aspect financier est prétexte à attirer l’attention sur les contingences matérielles (trouver un logement, meubler, assurer les besoins du quotidien) mais ce n’était pas nécessaire de les lister. Un peu trop documentaire à mon goût. Heureusement le passage sur Virginia Woolf ramène le lecteur à la littérature.
Lecture en demi-teinte donc.
Suite à un entretien d'Edouard Louis sur France Culture (le book club de midi), j'ai été convaincue et je suis allée acheter le livre dans l'après-midi, alors que je n'avais pas aimé les livres qui ont suivi son premier roman. Mais là, ça a marché ! Pudeur, émotion, écriture du réel qui nous ramène à notre propre quotidien, fait de livres, certes, mais aussi de soucis très matériels (acheter une nouvelle machine à laver parce que la mienne a lâché).
Et puis, de manière plus profonde, cela m'a ramenée 20 ans en arrière, parce que j'ai été battue par mon compagnon. Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, cette affaire a été très bien traitée : c'est l'hôpital où j'étais pour multiples coups et blessures (IIT de 15 jours) qui m'a convaincue de porter plainte. Ce que j'ai fait, avec des flics (hommes) super compréhensifs. L'affaire a été très vite traitée (3 mois) au tribunal et le type a été condamné à 6 mois de prison avec sursis. Je précise que cet homme est prof à la fac...
Alors, quand un livre ramène tous ces souvenirs, je trouve que c'est un livre fort au sublime titre.
Edouard Louis écrit sur sa mère pour la seconde fois, il met dans le récit de l'évasion et de la renaissance de Monique tant d'empathie, tant d'amour que cette lecture m'a émue aux larmes à plusieurs moments.
Un de mes coups de coeur de l'année 2024 !
Un peu craintif d’un possible exhibitionnisme, pouvant d’ailleurs générer un certain voyeurisme, j’étais sur mes gardes avant d’ouvrir le bouquin.
Mais la curiosité aidant sur cette construction d’une œuvre littéraire qu’est en train de réaliser Edouard Louis (EL) avec son « roman (sociologique) familial » je me suis fait aspiré par cette lecture.
EL « tape vrai » en racontant des vies et relations personnelles, tout en décortiquant le réel des situations et en donnant une lecture sociétale avec une dimension particulière de ces vies à la dialectique subtile entre le commun et le (quand même) singulier.
Quant au style il est direct, et plutôt « froid », sec ; tout en préservant la sensibilité et les sentiments dans ce qui est raconté.
Dés le titre on est dans ce jeu des mots : avec « Monique s’évade » on pourrait se retrouver dans une comédie (à l’italienne, ou pas d’ailleurs) des années soixante ; en fait c’est bien Monique, la mère d’Edouard, qui va s’évader pour de vrai d’une relation toxique (et sociétale dans la dépendance matérielle d’une femme vis-à-vis d’un homme) et retrouver la (sa) liberté.
En décrivant le processus concret de cette libération on est emporté dans cette histoire singulière avec :
• des échanges par téléphones et ordinateurs (car Edouard est en Grèce en résidence d’auteur et sa mère à Paris) avec aussi des formations à distance sur l’utilisation de ces outils d’aujourd’hui qu’il réalise avec sa mère ! ;
• une distance physique mais une proximité et un soutien affectif qui s’affirme (après des périodes de tensions);
• la mise en lumière de l’importance des moyens financiers pour permettre cette « évasion » (trop souvent certaines femmes sont financièrement liées et ne pensent pas pouvoir « avoir les moyens » de la liberté). EL pose d’ailleurs la question du « prix de la liberté » ; ainsi que du paradoxe du processus de sa propre autonomisation et des moyens financiers qu’il a pu obtenir de ses publications qui ont tendues ses relations avec sa famille … tout en lui donnant la possibilité d’aider financièrement sa mère. Les questions matérielles prennent une place essentielle, non exclusive, mais essentielle au plein sens du terme ;
• les solidarités des proches amis et les relations renouées avec sa sœur (avec qui il était proche adolescent mais avec qui il n’avait plus de contacts depuis 8 ans suite à la publication d’un de ses précédents ouvrages qui avait été mal vécu par sa famille) pour apporter des solutions matérielles et concrètes pour reloger Monique ;
• Et puis il y a ce passage où Monique va assister à une pièce jouée à Hambourg à partir du précédent livre d’Edouard concernant Monique. Elle sera ovationnée à la fin du spectacle.
Ce livre est puissant par sa capacité (en peu de pages) à raconter une histoire (vraie), de décrire des processus et mécanismes (réels) concernant l’étouffement des femmes et les difficultés à sortir de relations violentes, toxiques (au point de les répéter dans le cas de Monique), … , montrer la renaissance d’une personne dans l’affirmation de sa liberté et d’une reconnaissance avec l’importance du regard des autres.
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