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" Qu'est-ce que ça veut dire, moderato cantabile ? Je ne sais pas. " Une leçon de piano, un enfant obstiné, une mère aimante, pas de plus simple expression de la vie tranquille d'une ville de province. Mais un cri soudain vient déchirer la trame, révélant sous la retenue de ce récit d'apparence classique une tension qui va croissant dans le silence jusqu'au paroxysme final. " Quand même, dit Anne Desbarèdes, tu pourrais t'en souvenir une fois pour toutes. Moderato, ça veut dire modéré, et cantabile, ça veut dire chantant, c'est facile. "
Alors qu'Anne Desbarèdes accompagne son fils à son cours de piano chez Mademoiselle Giraud et qu'il ne parvient toujours pas à mémoriser la signification de moderato cantabile (modéré et chantant), une série de cris retentit, qui provient du café d'en bas. Une femme y a été assassinée par son amant. Les jours suivants, Anne Desbarèdes ne peut s'empêcher de retourner dans ce café. Elle, la femme riche, l'épouse du directeur des fonderies y rencontre Chauvin, un ancien employé de son mari. Ils s'isolent dans le bar, boivent du vin et parlent, pendant que l'enfant joue sur les quais.
C'est un très court roman de Marguerite Duras que je pensais avoir lu il y a longtemps, et, à peine ouvert, je me suis aperçu que non. De fait, j'ai peu lu Duras. Et je (re)découvre une écriture très particulière, assez peu descriptive, on ne saura presque rien des lieux ni des physiques des personnages, elliptique, tout est dans le non-dit, notamment les questions d'Anne Desbarèdes : pourquoi ne peut-elle s'empêcher de revenir voir Chauvin dans ce café ? L'aime-t-elle ? S'ennuie-t-elle dans sa vie pour qu'elle éprouve ce besoin vital de le rejoindre, boire et parler ? Quel lien avec cette femme assassinée par son amant dans le lieu ?
Marguerite Duras évoque, fait parler ses personnages, ne donne pas de réponse définitive ni précise, c'est à nous lecteurs de les trouver. C'est un genre de romans que j'aime bien, à la condition qu'il ne s’éternise point trop, car il pourrait vite devenir long, ce qui n'est pas le cas ici (120 pages dans sa forme poche). Il y a un côté ennuyeux et fascinant : on ne sait pas très bien pourquoi on aime, mais on ne peut s'en détacher. Un roman de l'attente avec une femme perdue seulement attachée à son fils qui ne vit que par lui "Si vous saviez tout le bonheur qu'on leur veut, comme si c'était possible. Peut-être vaudrait-il mieux parfois que l'on nous en sépare. Je n'arrive pas à me faire une raison de cet enfant." (p.33) et se pose des questions existentielles et seul son amant putatif ou potentiel lui permet d'avancer et d'y répondre.
"Moderato cantabile" est suivi des critiques de presse à la sortie de cette œuvre. Si la plupart sont enthousiastes, quelques unes sont plus réservées voire même hostiles.
J'ai été déçue par ce texte.
Il s'agit d'une femme mariee qui passe ses journées avec son enfant à errer dans la ville au bord de mer (ou à emmener son fils à sa leçon de piano) et qui a une furieuse envie de coucher avec un ex employé de son mari.
Résumé ainsi, certains pourrait trouver cela cavalier car rien n'est aussi clair que cela. Cela passe par le filtre de ce crime passionnel auquel les deux personnages s'appuient pour entrer en relation : la femme que DURAS nomme, ce qui est rare, et le probable amant, là aussi nommé. Son nom me fait d'ailleurs penser à Gauvin dans la légende du roi Arthur, et Anne serait une sorte de Guenievre déboussolée par son désir.
Chauvin aime Anne depuis qu'il la vu sur son perron, alors qu'il venait manifester avec ses collègues d'usine jusque chez son patron ( le mari d'Anne). Elle, elle est perdue dans sa vie sans but à tenter de maintenir les apparences sociales alors qu'elle a tout l'air d'une transfuge de classe mal adaptée. Et la société le lui fait ressentir. L'enfant est là par intermittence.
Ils s'affichent dans le bar des ouvriers de l'usine, dans un silence de mots mais pas de regards ni de pensées. Le mari reste indéfectiblement absent du récit, comme s'il fermait les yeux.
Marguerite DURAS a écrit bien d'autres textes sur le désir qui mont transportés. Celui-ci est terriblement tiède, fade.
Une ambiance surréaliste dans un décor très précis
un enfant qui apprend le piano à contrecoeur
une femme assassinée dans un café
la mère de l’enfant, étrange, étrangère à sa vie, désorientée
un homme mystérieux
Un texte tout en poésie.
C’est beau, c’est très beau.
C’est troublant et envoûtant
C’est comme une chanson triste, comme une longue plainte
Paradoxe d’un texte écrit d’une manière froide et détachée d’où émergent émotion et sensibilité.
Musical comme la sonatine de Diabelli, je relirai ce livre avec délectation
Ecriture minimaliste mais tellement sensible, les mots justes toujours avec Marguerite Duras. J'aime celui-là en particulier ainsi que "La douleur", magnifique !
Émouvant
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