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Mixis ; Le problème du mélange dans la philosophie grecque d'Aristote à Simplicius

Couverture du livre « Mixis ; Le problème du mélange dans la philosophie grecque d'Aristote à Simplicius » de Jocelyn Groisard aux éditions Belles Lettres
Résumé:

Le phénomène physique du mélange fournit à la pensée un de ses schèmes les plus féconds et, peut-être, les plus universels : dès qu'il s'agit de penser l'unité de plusieurs éléments qui, en s'unissant, tout à la fois réduisent leurs différences et laissent quelque chose d'eux-mêmes dans le... Voir plus

Le phénomène physique du mélange fournit à la pensée un de ses schèmes les plus féconds et, peut-être, les plus universels : dès qu'il s'agit de penser l'unité de plusieurs éléments qui, en s'unissant, tout à la fois réduisent leurs différences et laissent quelque chose d'eux-mêmes dans le résultat, la métaphore du mélange est convoquée.
Mixis se concentre sur l'histoire des théories du mélange dans la philosophie grecque. Pour raconter cette histoire qui couvre plus de mille ans, des Présocratiques aux Néoplatoniciens de l'Antiquité tardive, la présente étude choisit de suivre le fil conducteur très net d'un problème philosophique commun, formulé en premier lieu par Aristote dans son traité De la génération et corruption : quand plusieurs corps se mélangent, disparaissent-ils pour former une nouvelle unité, ou bien restent-ils en réalité conservés et distincts dans le produit de leur union ? Il s'agit d'un problème strictement physique qui s'enracine dans les réflexions des Présocratiques sur les principes de la nature, notamment sur la manière dont ces principes, corps simples ou éléments, peuvent malgré leur petit nombre former la diversité luxuriante des corps naturels. L'ambition de ce livre n'est donc pas d'explorer la multitude d'usages que les Anciens pouvaient faire de la notion de mélange dans toutes sortes de domaines, qu'il s'agisse de poésie (métaphores sexuelles ou autres), de morale (mélange de vertus, mélange de peine et de plaisir), de logique (mélange de figures syllogistiques) ou de pharmacie (mélange de médicaments).
Pour passionnante que serait une telle encyclopédie de ces usages, on s'en tient ici plus modestement à l'histoire d'un problème philosophique clairement identifiable par sa structure et sa terminologie.
De ces discussions, la plus étudiée est certainement celle opposant les Péripatéticiens, au premier rang desquels Alexandre d'Aphrodise, aux Stoïciens au sujet leur théorie du « mélange total » par compénétration parfaite de plusieurs corps venant à occuper le même lieu. Tout en reconsidérant en détail les témoignages que nous conservons sur cette controverse, cette étude entend surtout la replacer dans l'histoire longue du problème auquel elle se rattache, en la liant du côté de ses origines à la tradition aristotélicienne et du côté de sa postérité aux usages théologiques ou métaphysiques qui en ont été faits en contexte juif, chrétien et néoplatonicien, ou inversement aux tentatives faites pour s'extraire de ce débat jugé stérile par des auteurs aussi majeurs que le médecin Galien, le sceptique Sextus Empiricus ou encore le fondateur du néoplatonisme Plotin. Le fil conducteur du problème du mélange (unité du produit, conservation ou destruction des ingrédients) devient alors celui d'un récit au long cours, à la fois remarquablement divers et remarquablement cohérent, qui montre la pensée humaine à l'oeuvre, inlassablement reprenant, réagençant, réinventant ses propres objets avec autant de stricte rigueur que de féconde imagination. En somme, ce que le présent livre voudrait restituer, c'est une belle histoire de pensée.

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