« Lorsque je reçois des invités pour la première fois, en disposant les mets sur la table, je hasarde une plaisanterie, toujours la même : Vous allez aimer ! Je ne suis pas sûre d'être une bonne romancière mais je suis certaine d'être une cuisinière hors pair. Personne ne rit jamais. C'est que dans leur for intérieur mes convives sont choqués : comment a-t-elle eu l'audace de rapprocher littérature et cuisine ? Le récit de mon crime de lèse-majesté est l'objet de ce livre. » Maryse Condé nous fait voyager à travers les mots et les mets. Tout au long de ce livre, elle s'interroge : pourquoi la cuisine est-elle si importante dans sa vie et dans son oeuvre de romancière ? Comment ces deux dons - celui d'écrire, celui d'inventer des plats - ont-ils cohabité en elle, s'influençant, s'enrichissant mutuellement ? On découvre une vie passionnante, de curiosité, de générosité, aussi bien à son bureau d'écrivain que derrière les fourneaux et à table ; une vie d'épreuves surmontées par la gourmandise : gourmandise pour les mots, les hommes, les histoires et les mets.
Maryse Condé se souvient de la cuisine de son enfance. Elle se laissait enivrer par les épices et les odeurs, réussissant à merveille le flan koko et le colombo de cabri, inventant aussi de nouveaux plats. Depuis elle n'a cessé d'apprendre, de créer, dans les cuisines du monde entier : chaque voyage est l'occasion de découvrir de nouveaux goûts, de réussir de nouveaux plats, de parcourir des marchés et des supermarchés aussi instructifs que les musées et les librairies pour découvrir l'âme d'un peuple. Chaque livre s'enrichit d'une recette d'un personnage, d'un souvenir de cuisinière ou d'un repas inoubliable. Et puis la cuisine est là pour les moments simples du quotidien : avec son mari, avec sa famille, avec ses enfants qui se régalent et réclament toujours le fameux « jambalaya ».
Mets et merveilles de Maryse CONDE
Ce livre est un régal dans tous les sens du terme….
L’auteur, originaire de la Guadeloupe, nous raconte, au travers de ses voyages autour du monde, la culture culinaire des habitants.
Chaque pays y a sa spécialité, à laquelle elle s’essaie.
Nous y découvrons aussi, le moeurs et façon de vivre des habitants (pas toujours très accueillants) de ces pays lointains qu’elle a visité tout au long de sa vie par l’intermédiaire de son métier d’écrivain.
Même lorsque qu’elle ne peut plus voyager, pour raison de santé, elle fait en rêve, la découverte de contrées lointaines et de repas succulents.
Un beau livre, qui donne faim !
Extraits :
La cuisine d’un pays traduit le caractère de ses habitants et transfigure l’imagination. Visiter un supermarché est aussi instructif que parcourir un musée ou une salle d’exposition.
Ma rencontre avec elle est un moment inoubliable, un de ceux qui jalonnent mon existence. Non pas à cause de l’immédiate sympathie que j’éprouvai pour elle, non pas à cause de cette première et palpitante plongée dans le monde des femmes maghrébines que je fis grâce à elle, mais parce que pour la première fois je mangeai du navarin d’agneau.
Le couple mixte ne passe jamais inaperçu. Il ne se fond jamais dans l’anonymat. Il est toujours et partout un objet d’étrangeté. Ces regards là étaient différents. Ils m’isolaient, et épargnant Richard, ne s’attachaient qu’à moi. Ces regards lourds contenaient des éléments que je ne pouvais élucider. C’était comme si je choquais et amusais à la fois.
Cette forme de vis ne durerait plus longtemps : visites au pas de charge des pays dont je connaissais l’art culinaire. J’avais parcouru une grand partie du globe. Aux pays que j’ai nommés, il faudrait ajouter entre autres l’Indonésie, Hong Kong, une partie de la Chine, l’Equateur, le Mexique, le Pérou, le Chili, sans parler e l’Afrique Sud-Saharienne. Que m’en reste-t-il ? Des images somptueuses qui peu à peu s’affadissent, viraient au sépia. Ma vie allait changer et je ne le savais pas encore.
Ouessant demeure un de mes souvenirs les plus agréables. l’île me donna une leçon. Il n’est pas besoin de voyager très loin, de se recroqueviller pendant des heures dans un avion pour y découvrir l'originalité. Cette petite terre, distante d’un jet de pierre de la France, possédait une personnalité singulière et attachante. Cela me conduisait à une question. D’où vient le caractère imparti aux lieux, comme à chacun d’entre nous ? Mais à cela je ne saurais répondre avec certitude.
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