Entre Tennesse Williams, Sagan, Proust, Yourcenar, une bibliothèque idéale culte et non hiérarchique !
Cette oeuvre, qui est à la fois roman, histoire, poésie, a été saluée par la critique française et mondiale comme un événement littéraire. En imaginant les Mémoires d'un grand empereur romain, l'auteur a voulu « refaire du dedans ce que les archéologues du XIXe siècle ont fait du dehors ». Jugeant sans complaisance sa vie d'homme et son oeuvre politique, Hadrien n'ignore pas que Rome, malgré sa grandeur, finira un jour par périr, mais son réalisme romain et son humanisme hérité des Grecs lui font sentir l'importance de penser et de servir jusqu'au bout.
« ... Je me sentais responsable de la beauté du monde », dit ce héros dont les problèmes sont ceux de l'homme de tous les temps : les dangers mortels qui du dedans et du dehors confrontent les civilisations, la quête d'un accord harmonieux entre le bonheur et la « discipline auguste », entre l'intelligence et la volonté.
Entre Tennesse Williams, Sagan, Proust, Yourcenar, une bibliothèque idéale culte et non hiérarchique !
Un roman indispensable, "Le livre que je ne voulais pas écrire" d'Erwan Larher aux éditions Quidam
Le Grand Cœur. Avec ce titre ample et généreux, inspiré par le personnage historique Jacques Cœur, Jean-Christophe Rufin signe un roman profond et magistral, de ceux qu’on n’oublie pas.
La prise de Rome, le destin de Louis XVI ou la ruée vers l’or, quoi de plus passionnant. De l’action, des intrigues, des rebondissements, plus qu’un peplum, la littérature en offre à foison. Allons à l'essentiel...
Lire un classique juste pour le classique n'est pas une fin en soi. Il faut y voir un intérêt, une affinité d'où qu'elle vienne.
"Mémoires d'Hadrien" faisait partie de ma (trop longue) liste de romans à lire, et c'est à l'occasion de la remise du prix orange du roman à Marianne Jaeglé (l'ami du prince) que je me suis décidé à sauter le pas.
Je n'ai pas grand chose à rajouter sur ce chef d'oeuvre de la littérature. Ce n'est pas forcément un roman que l'on absorbe d'une traite, et à ce titre il m'a fallu du temps pour en venir à bout. Néanmoins, on s'en abreuve comme une source féconde de réflexions riches avec une mise en relief de l'empereur Hadrien très réaliste d'un point de vue historique. C'est donc en premier lieu un travail documentaire et historiographique exemplaire.
Ce qui fait le sel de cette biographie fictive ou "lettre testament" diront certains, c'est le caractère universel de sa réflexion, pourtant ancrée dans une époque qui nous est lointaine. Le personnage d'Hadrien est restitué dans toute sa complexité et ses nuances. Rien n'est épargné. Il y a un fond philosophique très dense, parfois ardu et qui peut démoraliser. C'est un regard sur le pouvoir qui est intemporel. Les époques passent, les hommes trépassent mais les mêmes errements demeurent. Une forme de cyclicité politique se met en place, laquelle n'est pas nouvelle si l'on se réfère à de nombreux philosophes (Platon, etc...).
Côté style, je découvrais Marguerite Yourcenar et je dois dire que j'adore. Les tournures de phrase, le rythme donnent une fluidité à la lecture sans pour autant la rendre plus rapide, pour les raisons évoquées plus haut. Je ne regrette en rien cette lecture.
J'ai longuement hésité avant de me lancer dans cette lecture. Je n'étais pas très sûre d'être suffisamment à la hauteur pour apprécier ce texte, ni pouvoir en évaluer la profondeur. Je suis très heureuse de l'avoir lu, pourtant je ne me sens pas légitime de pouvoir en parler et en écrire une critique profonde sur la signification de ce texte. Je ne suis pas sûre d'en avoir bien compris le poids et la profondeur. Mais je sais que j'ai beaucoup aimé et que ce texte m'a beaucoup touché. Je l'ai trouvé d'une telle beauté dans la plume, dans la forme, dans les mots. Poésie et dure réalité se mélangent. Un texte toujours d'actualité sur le fond et les divers sujets abordés : la place des femmes, la réussite, le pouvoir, la mort, la maladie.
J'en suis ressortie conquise.
Que dire de ce livre, un classique connu et aimé de beaucoup ?
J’avoue qu’il m’a fait un peu peur. Peur de me confronter à cette œuvre et à cette autrice.
Pourtant, de prime abord, ce livre est simplement une autobiographie fictive de l’empereur romain Hadrien.
Arrivé à la fin de sa vie, il se confie par lettres au futur Marc Aurèle. Il lui raconte son enfance, son éducation, ses amours. Comment lui, le jeune membre d’une famille sénatoriale, se retrouva adopté par l’empereur Trajan et propulsé empereur.
Mais se contenter de cela reviendrait à ignorer toute la singularité de cette œuvre.
Marguerite Yourcenar tisse un récit dense, exigeant mais d’une incroyable beauté. Lorsqu’on lit ses pages, à aucun moment on ne douterait du fait que c’est l’empereur, lui-même, qui nous parle à travers les siècles.
Ce roman ne traite pas seulement du destin d’un homme, certes exceptionnel, mais il est aussi l’évocation des thèmes universels de l’humanité : la vie, l’amour, l’exercice du pouvoir, la philosophie ou la beauté.
Les pages évoquant le grand amour d’Hadrien, Antinoüs, sonnent avec une grande justesse pour évoquer ce souvenir d’un disparu, les réminiscences des moments de joies ainsi que des lâchetés de l’empereur.
S’il m’a fallu quelques pages d’acclimatation, je n’ai pu me détacher de ce récit à la musique si particulière, intemporelle. On ressent, grâce à ce roman, une meilleure connaissance de l’empereur Hadrien, pas tant du point de vue de ses réalisations que de son âme.
Un roman absolument magnifique, qui donne envie de le feuilleter, au gré des pages, pour se reimprégner de cette beauté et de cette sagesse.
Faut-il ici parler de miracle ? Par quelle heureuse conjonction, l'écrivaine exigeante et l'amoureuse de l'antiquité ont-elles forgé ce pur chef-d'oeuvre ?
Il ne manque pas d'historiens savants mais l'art littéraire leur fait défaut pour donner vie à un personnage, fût-il Hadrien. A contrario, bien des artistes de la plume méconnaissent la culture gréco-latine, ce qui les rend de facto inaptes à une telle entreprise.
Il a donc fallu que soient réunies en une seule personne des qualités relativement rares. Il a fallu aussi que Marguerite Yourcenar, dont l'érudition historique ne faisait aucun doute, laisse d'une part ses connaissances livresques se décanter et s'approfondir et, d'autre part, affine et densifie sa propre écriture.
Le résultat : un livre qui se déguste comme un roman et se savoure comme une monographie.
Avec une finesse rarement égalée, Marguerite Yourcenar situe son propos pendant le règne des Antonins au deuxième siècle après Jésus-Christ.
C'est à travers les yeux d'Hadrien, empereur romain avisé et pétri d'humanités grecques, qu'elle fait revivre une des périodes les plus fastes de la Rome antique, celle où la "ville éternelle" au faîte de sa puissance atteint un point d'équilibre que Marc-Aurèle de toutes ses forces cherchera à sauvegarder et que Commode défera sans vergogne.
Dans une langue admirable d'aisance et de fermeté et sur une trame historique solide, Marguerite Yourcenar décrit le parcours d'un individu pleinement conscient de ses devoirs d'homme d'Etat et très attaché au rayonnement des arts (je me sentais responsable de la beauté du monde).
Cette longue méditation sur la vie et sur le pouvoir nous livre les clefs d'un être attachant, profond, sans complaisance envers lui-même et autrui. Si grâce à la magie de la fiction, Hadrien nous donne à voir son époque telle qu'elle se présentait à lui, loin s'en faut néanmoins qu'il nous prive de ses réflexions philosophiques et métaphysiques. L'ambition, la maladie, le sommeil, l'amour, l'esthétisme et le destin des civilisations forment parmi d'autres les thèmes d'un ouvrage original, délicieux, inclassable.
En fait, le lecteur se sent proche tant par l'esprit que par le coeur d'un homme qui vivait presque deux millénaires plus tôt. Que celui-ci eût été empereur et maître d'une partie du monde, n'a que peu d'importance. Seule demeure, au-delà des vicissitudes des siècles, cette commune humanité qui transcende l'espace et le temps.
Et le miracle est bien là !
Mille mercis ! Madame Yourcenar.
https://www.accents-poetiques-editions.com/produit/la-blessure-des-mots/
Ce monument de la littérature française, peut intimider voire effrayer le futur lecteur, par crainte de ne pas maîtriser les notions historiques, ou de se retrouver confrontéà un style complexe et abscons. Et pour avoir oser franchir le pas, dès les premières pages , je suis revenue sur ces préjugés. Le test des 80 premières pages n’a pas été nécessaire, je me suis laissée séduire autant par la forme que par le fond.
Ce testament de vie d’un homme qui pressent l’arrivée de sa mort, et lègue à son neveu et futur successeur Marc Aurèle, alors âgé de 17 ans, un bilan assorti de suggestions et mise en garde pour assumer au mieux le pouvoir de régner sur un empire, est à la fois édifiant et émouvant.
Hadrien revient sur son histoire personnelle, sa jeunesse et les erreurs qui l’ont marquée , et son arrivée au pouvoir, après le décès de Trajan . Et sans en avoir l’air, dessine ainsi un état des lieux de la société romaine de la fin du deuxième siècle.
Cet empereur semble bien avoir été un gouvernant vertueux. Opposé à la guerre, si ce n’est pour défendre son territoire, mais en aucun cas par goût de l’affrontement et de la conquête, il se range plutôt du côté des pacifistes. Il vise une société plus équitable, se penchant sur le statut des esclaves dont il améliore le sort, ainsi que sur celui des femmes.
Il entreprend également une grande réforme de l’agriculture, une réorganisation de l’administration et du droit romain.
Cet amoureux des arts et des lettres est aussi à l’origine de grands travaux, s’inspirant des traditions grecques et égyptiennes.
Hadrien confie aussi les aléas de sa vie amoureuse. amateur des jolies femmes, même s’il n’était pas très attiré par la sienne, c’est surtout sa passion pour Antinoüs qu’il nous conte. Il ne se remettra jamais de la mort tragique du bel éphèbe, dont il fera dresser un nombre considérable de statues, et même élèvera une ville à son nom.
Il y aurait encore tant de choses à dire sur ces confidences pré mortem, empreintes de sagesse. Le récit va bien au delà d’une page d’histoire, c’est une méditation sur la vie, l’amour et la mort, qui a quelque chose d’universel et d’éternel.
Erudit mais bien ennuyeux !
Qu’est-ce qui ne va pas, chez moi, pour m’être autant ennuyé à la lecture de ce chef d’oeuvre ? Je viens de parcourir les avis cinq étoiles pour tenter de comprendre ce que j’ai raté : « L'écriture est splendide, le vocabulaire est merveilleux », « le style est limpide, esthétique, élaboré », « Un concentré d'érudition, de talent...un pur chef d'oeuvre ! », « un Hadrien plus vrai que nature. »
Il y a beaucoup d’adjectifs et d’affirmations mais peu de démonstration comme si les lecteurs avaient du mal à concrétiser leur plaisir. Allons voir ce que disent les grincheux ?
Oiseaulire me semble plus précise et nettement plus convaincante :
« L'empereur Hadrien développe des réflexions bien contemporaines qui sont plutôt celles de Marguerite Yourcenar elle-même : un parfum d'anachronisme se dégage de ce roman, accentué par la volonté de l'auteure de restituer autant que possible le style à la fois fleuri et viril des textes anciens.
Hadrien se présente comme un homme pourvu de mille qualités : peu de pages dans lesquelles, sous une apparente modestie, il ne fasse sa propre apologie : voyez comme je suis intelligent, sensible, viril, perspicace, lettré, aimant la paix mais bon guerrier et stratège, excellent ami, bon chef d'état, amoureux sincère. Seule ma carrière d'époux n'est pas exemplaire, mais est-ce ma faute ? Sabine est si maussade.
Il m'a semblé lire une excellente dissertation, pleine de solides qualités, mais lisse, très lisse, un exercice académique bien mené sans aspérité, sans vrai souffle. Intelligent mais sans génie. »
Ca semble acquis, Hadrien n’aimait pas sa femme qui le lui rendait bien. Il préférait les garçons en particulier le (très) jeune Antinoüs qui, si j’en crois la statuaire, était effectivement très beau. Il mit fin aux guerres de conquête de son prédécesseur Trajan… quoique… il mit quatre années à « pacifier » la Judée (comprendre mâter la rébellion juive qu’il avait provoquée en décidant de faire bâtir un temple dédié à Jupiter sur l’emplacement du Temple) de telle sorte que «cinquante forteresses, et plus de neuf cents villes et villages avaient été saccagés et anéantis ; l’ennemi avait perdu près de six cent mille hommes » et, détail intéressant, aujourd’hui encore : « La Judée fut rayée de la carte, et prit par mon ordre le nom de Palestine. »
Privé de descendance, il ne le regretta pas : « certes, aux heures de lassitude et de faiblesse où l’on se renie soi-même, je me suis parfois reproché de n’avoir pas pris la peine d’engendrer un fils, qui m’eût continué. Mais ce regret si vain repose sur deux hypothèses également douteuses : celles qu’un fils nécessairement nous prolonge, et celle que cet étrange amas de bien et de mal, cette masse de particularités infimes et bizarres qui constitue une personne, mérite d’être prolongé. »
Il y a bien quelques pages émouvantes sur la fin de vie, ses affres et ses hontes, quelques intéressantes considérations politico-philosophiques sur l’empire, son expansion, ses limites et son déclin, dont on peut malgré tout penser qu’elles sont, comme les lignes ci-dessus, plus imputables à Marguerite qu’à Hadrien. Rien de bien palpitant. De même les, à mon goût, trop longs développements sur « l’attachement » de l’empereur au jeune (14 ans) Antinoüs, les références à Achille et Patrocle et la divinisation du jeune homme, pourraient sans doute, pour des esprits étroits dont j’avoue ne pas être totalement éloigné, apparaître comme un manifeste pro domo en faveur de mœurs qu’à la vision idyllique de Marguerite, les esprits chagrins pourraient opposer celle de l'historien Sextus Aurelius Victor écrivant dans son Livre des Césars, près de 250 ans après, alors que les relations entre hommes et éphèbes sont tombées en disgrâce : « On le (Hadrien) vit enfin rechercher, avec une scrupuleuse sollicitude, tous les raffinements du luxe et de la volupté. Dès lors mille bruits coururent à sa honte : on l'accusa d'avoir flétri l'honneur de jeunes garçons, d'avoir brûlé pour Antinoüs d'une passion contre nature : c'était là, disait-on, le seul motif pour lequel il avait donné le nom de cet adolescent à une ville qu'il avait fondée ; c'était pour cette raison qu'il avait élevé des statues à ce favori ».
Il pourrait paraître piquant qu’à une époque où tout un chacun condamne à juste titre un Weinstein, personne ne se demande si le petit Antinoüs était vraiment consentant au « grand amour » d’un empereur de quarante ans dont ce roman fait le panégyrique.
Un chef-d'œuvre de la littérature française tout simplement.
Mon cher Hadrien,
Je suis monté un soir au troisième étage de l'externat du lycée, comme tous les mardis à seize heures, dans la classe de français. Depuis quelques semaines déjà, nous examinions dans la salle emplie d'obscurité, vos pensées, vos réflexions, votre cheminement philosophique, et nous méditions à vos côtés sur la chose politique, le sentiment amoureux, la vie qui s'en va, la mort qui s'en vient… Professeur et élèves s'imprègnent de votre force, de votre sérénité. La gravité et l'élégance des mots de Marguerite évoquant votre destinée nous font forte impression, nous attachent à l'essentiel.
Dans l'atelier du maître, nous observions le génie.
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