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Il est arrivé qu'un écrivain devienne femme de ménage. Pour vivre de l'intérieur une condition sociale qui n'était pas la sienne, et pouvoir témoigner, dénoncer les conditions de travail indignes, les horaires inhumains, mettre sa plume au service de celles que personne n'écoute. Ce fut le cas de Florence Aubenas, et de Barbara Ehrenreich qui signe la préface de ce livre. Mais il arrive - plus rarement - que ce soit l'inverse. Qu'une femme de ménage devienne écrivain. Au début de ce récit, Stéphanie Land est seule et mère d'une petite fille de 2 ans et, pour (sur) vivre et leur procurer un toit, elle nettoie les maisons auxquelles elle s'amuse à donner des noms romanesques : la Maison du Clown, la Maison Porno, la Maison Triste, la Maison de la Femme qui Entasse... Elle explore ainsi le ventre de l'Amérique depuis sa classe moyenne supérieure à la réalité de ceux qui la servent. À la fin de son récit, sa fille a 7 ans et s'apprête à lui sauter au cou pour la féliciter : Stéphanie va recevoir son diplôme de création littéraire de l'Université de Missoula. Montana. Suivi en cours du soir à distance. Entre les deux, Stéphanie a briqué, balayé, frotté, rangé, et vu l'envers du décor de l'Amérique triomphante. Elle a aspiré la poussière chez les autres, et aspiré à devenir quelqu'un d'autre. Elle raconte.
Fidèle à sa ligne éditoriale, Globe nous propose avec le récit de Stéphanie Land un texte qui « explore les problématiques de notre temps et de nos existences, pense notre société et éclaire notre époque ».
« Maid » est une plongée dans l'Amérique pauvre à travers la propre expérience de l'auteur.
Stéphanie a travaillé pendant de nombreuses années comme femme de ménage, passant de longues heures à récurer les toilettes d'Américains aisés tout en luttant en tant que mère célibataire pour garder un toit sur la tête de sa fille. Passant d'un poste à l'autre, jonglant entre les études supérieures qu'elle veut mener, la recherche d'un logement décent et se bagarrant avec le labyrinthe des aides gouvernementales, elle nous raconte l'histoire de nombreux Américains surmenés et sous-payés.
On est impressionné par la force qu'elle déploie pour survivre dans cette société inéquitable. Toujours budgétiser, réfléchir chaque dépense, ne pas manger à sa faim malgré le système d'aides gouvernementales qui ne couvrent que le strict minimum. Elle nous montre aussi comment la précarité ne fait pas bon ménage (pardon pour ce jeu de mot) avec la santé, comment un enfant élevé dans un appartement insalubre est constamment malade. Et puis surtout elle nous parle de la honte d'être pauvre, du regard de ses concitoyens sur « ces gens qui profitent des aides ».
Alors oui bien sûr, tout ça on le sait, tout ça est valable en France comme aux Etats-Unis mais le lire ne fera de mal à personne pour ne pas s'égarer un jour ou l'autre dans des pensées nauséabondes du type «ils n'ont qu'à bosser ». Je ne vous cacherai pas que du point de vue du style j'ai carrément été sur ma faim mais ici la valeur est le témoignage et l'honnêteté brute de l'auteur est admirable.
Traduit par Christel Gaillard-Paris
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