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Issue de l'aristocratie kyotoïte par son père et descendante de pirates par sa mère, Masako Tanaka a 3 ans à peine quand son destin bascule. Madame Oïma, patronne de la maison Iwasaki la repère lors d'une visite. La famille est en dette avec l'okiya à laquelle elle a déjà confié deux filles, dont une, Yaeko, n'a pas donné satisfaction. Or, Madame Oïma cherche son atotori, c'est-à-dire, celle qui lui succédera à la tête de l'okiya et voit en Masako sa future héritière. Partagés entre leur sens de l'honneur et leur amour pour Masako, ses parents ne peuvent se résoudre à se séparer de leur dernière-née. C'est donc elle qui, deux ans plus tard, décide d'aller vivre à Gion-Kobu, dans la maison Iwasaki. Commence alors le long et difficile apprentissage qui fera d'elle la plus populaire des geishas, jusqu'à sa retraite anticipée, à l'âge de 29 ans.
Si Mineko Iwasaki a décidé d'écrire ses mémoires, c'est pour exercer son droit de réponse après la parution de Geisha, le livre de l'américain Arthur Golden. Trahie à double titre par l'écrivain qui, malgré sa promesse l'a cité nommément d'une part, et a pris quelques libertés avec la vérité d'autre part, Mineko voulait rétablir la vérité, ou du moins sa vérité, sur la vie des geiko de Kyoto.
Le principal point d'achoppement concerne la sexualité. Golden fait de la geisha une fille de joie qui vend son corps à de riches clients et dont la virginité est vendue au plus offrant. Cette vision faussée est le fruit du fantasme de l'occidental pour un monde qui lui est totalement étranger. La geisha est avant tout une dame de compagnie qui, par les chants, la danse, la musique, distrait les invités de banquets très coûteux organisés pour des clients triés sur le volet. Tout au long de sa vie, la maïko (l'apprentie) puis la geiko (geisha) ne cesse de se perfectionner dans des arts aussi divers que la calligraphie, l'art floral, la cérémonie du thé et, bien sûr, la danse, la musique et le chant. Cette artiste complète passe son temps entre les cours dans la journée et les banquets jusque très tard dans la nuit, parfois ils sont si nombreux qu'elle n'y fait qu'une apparition de quelques minutes. Ce sont ses revenus qui font tourner l'okiya à laquelle elle appartient, payant les factures, le personnel et aussi les innombrables kimonos et accessoires dont elle a besoin.
Si Mineko décrypte cet univers très codifié et qui n'a que très peu évolué depuis des siècles, elle en profité aussi pour dénoncer la jalousie dont elle a été victime. Très populaire, mais aussi très exigeante envers elle-même et envers les autres, elle s'est fait très peu d'amies parmi ses condisciples qui l'ont traitée durement et l'ont souvent humiliée publiquement. Pour les contrer, Mineko a choisi d'être toujours la meilleure et de gagner leur respect. Pourtant, ce ne sont pas ces petites chamailleries qui ont le plus contrariée la geisha. Ce pour quoi elle s'est battue, c'est surtout pour entrouvrir le carcan de traditions dans lequel les geisha sont enfermées. Elles ont de nombreux devoirs et peu de droits, ne peuvent choisir les lieux où elles se produisent, sont peu instruites et une fois leur carrière terminée, leurs qualifications ne sont pas reconnues en dehors de Gion. En démissionnant, elle a entraînée dans son sillage 70 autres filles mais sans réel impact sur le sort réservé à celles qui sont restées. Un changement serait pourtant salutaires. Les okiya qui les éduquent et les maisons de thé qui les accueillent se font de plus en plus rares à Gion et il en est de même pour les clients assez riches pour se permettre de financer un banquet et assez cultivés pour savoir l'apprécier.
Le témoignage de Mineko est riche d'enseignements et met au rancart l'image d'une geisha qui serait une prostituée de luxe. Cependant, il est évidemment partial et, dans son souci de bien faire, Mineko y apparaît parfois arrogante et méprisante. Petits défauts que l'on oublie bien vite quand on pense qu'elle a dû quitter ses parents à l'âge de 5 ans à peine, ne les a plus vus par la suite qu'à de très rares occasions, notamment le jour où elle a renoncé à son nom et a dû formuler les paroles rituelles : ''Vous êtes morts pour moi''. Des choix assumés mais difficiles et qui forgent le caractère...
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