A la fin des années 1930, Colombe est une jeune fille de 15 ans, orpheline, qui vit seule avec ses deux frères dans la ferme familiale du Limousin depuis le décès de leurs parents. Si le plus jeune des deux, Silvère, est d’un naturel réservé, effacé et n’a qu’une idée en tête, entrer dans les...
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A la fin des années 1930, Colombe est une jeune fille de 15 ans, orpheline, qui vit seule avec ses deux frères dans la ferme familiale du Limousin depuis le décès de leurs parents. Si le plus jeune des deux, Silvère, est d’un naturel réservé, effacé et n’a qu’une idée en tête, entrer dans les Ordres, l’aîné, Marceau, est, lui, un phénomène du genre : arrogant, colérique, fainéant, influencé par l’alcool et souvent violent. Et entre les deux, Colombe a fort à faire pour gérer la ferme au quotidien. Pourtant, malgré cette vie « à la Cendrillon », elle a la malheureuse surprise un jour de devoir partir en ville suite à une nouvelle lâcheté de son frère aîné qui, un soir de beuverie, n’a pas hésité à la vendre contre un peu d’argent et à l’abandonner aux dures mains de Mme Clément, responsable d’un atelier de dentelles de qualité irréprochable. Si les conditions de son départ s’avèrent plutôt rudes, elles ne constituent en fait que les premiers pas de Colombe vers son incroyable destin.
Devenue amie avec Garance, qui lui enseigne le métier de dentellière, la jeune femme va également subir les affres de l’Histoire. La Deuxième Guerre mondiale est déclarée. Les conditions de vie deviennent encore plus difficiles pour les « pauvres » gens. Et en même temps les esprits s’échauffent, des choix s’imposent. Accepter ? Subir ? S’engager ? Lutter ? Résister ? Colombe ne va pas hésiter longtemps avant de choisir son camp. Et c’est en femme courageuse, fière et libre qu’elle va se révéler pleinement.
Ce n’est pas le premier roman de Corinne Javelaud que je lis. Mais celui-ci, de par son sujet, me touche particulièrement. D’entrée, on a envie de soutenir Colombe. Les multiples brimades et sévices dont elle fait l’objet nous révoltent. Mais, très vite, on perd ce sentiment. Et du soutien moral qu’on pouvait ressentir, on en vient tout doucement à l’accompagnement. On n’est plus là en tant que spectateur impuissant mais on devient acteur de ce récit bouleversant au côté de cette jeune femme, femme en devenir, belle dans tous les sens du terme, de l’extérieur comme (et peut-être davantage) à l’intérieur.
Et ce nouveau ressenti, ce partage, cette osmose, c’est l’auteur qui nous les fait éprouver. Par ses mots posés sur cette histoire, par les émotions qu’elle suscite ainsi, par ce vécu de la grande Histoire auquel on ne peut que s’attacher, nous poussant, à notre tour, dans certains retranchements, dans quelque obscure envie, en totale empathie.
Et puis il y a ce point d’orgue, ce secret qu’on devine, qui ressurgit ici et là et qu’on finit par découvrir, avec Colombe, et qui nous fait refermer ce roman, la gorge nouée, les yeux remplis de larmes et le cœur soulagé, satisfait.