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Lire et écrire l'avenir ; l'astrologie dans la France du grand siècle (1610-1715)

Couverture du livre « Lire et écrire l'avenir ; l'astrologie dans la France du grand siècle (1610-1715) » de Herve Drevillon aux éditions Champ Vallon
Résumé:

Si les arguments scientifiques suffisaient à réfuter l'astrologie, les Prophéties de Nostradamus auraient cessé depuis longtemps d'assurer la fortune de quelques éditeurs avisés.
Mais, alors que fleurissent messageries astrales et horoscopes en tous genres, nous savons aujourd'hui que la... Voir plus

Si les arguments scientifiques suffisaient à réfuter l'astrologie, les Prophéties de Nostradamus auraient cessé depuis longtemps d'assurer la fortune de quelques éditeurs avisés.
Mais, alors que fleurissent messageries astrales et horoscopes en tous genres, nous savons aujourd'hui que la lecture de l'avenir dans les astres survit à toutes les révolutions scientifiques. L'astrologie a moins à voir avec l'histoire des sciences qu'avec celle des consciences. Pourtant, lorsqu'on s'interroge sur les raisons qui ont conduit le Grand Siècle à mépriser une science que la Renaissance adorait, on est tenté de se replier sur les explications traditionnelles.
On se dit que le siècle de Descartes devenait bien trop " rationnel " pour croire à l'influence des astres. Les hommes du XVIIe siècle auraient-ils été plus rationnels que ceux de la fin du second millénaire ? Leurs arguments scientifiques auraient-il été plus convaincants que les nôtres ? Ne faut-il pas renoncer à expliquer la marginalisation de l'astrologie au XVIIe siècle par des raisons purement scientifiques ? Au début du XVIe siècle, cette science est reconnue comme honorable et elle est abondamment pratiquée.
C'est ainsi que l'astrologue Campanella suscite l'admiration d'érudits comme Gabriel Naudé et s'attire les faveurs de Richelieu. Mais à la fin du siècle, le climat n'est plus le même. L'Académie des Sciences rejette, sans discussion, le postulat de l'influence des astres sur les hommes, tandis que, dans un édit de 1682, Louis XIV assimile les astrologues aux magiciens et leur ordonne de quitter le royaume.
Comment expliquer une si brutale déchéance ? Ce livre soutient que des raisons sociales et culturelles ont incité les élites à se détourner de la littérature astrologique. Les almanachs troyens vendus par voies de colportage ou les traités des comètes remplis de prédictions stéréotypées ont fini par être méprisés parce qu'ils ne présentent plus de garantie de crédibilité. Les livres astrologiques deviennent alors un archétype de la culture populaire.
Mise en cause à travers la littérature qu'elle inspire, l'astrologie est condamnée pour ses applications plus que pour ses fondements. Mais en lui attribuant un public populaire, les détracteurs de l'astrologie révélaient un nouveau danger : la manipulation de l'opinion par les astrologues. Louis XIII et Richelieu ont bien perçu le risque des spéculations astrologiques portant sur l'état politique du royaume.
Mais ils en étaient trop souvent les bénéficiaires, voire les instigateurs, pour les interdire efficacement. Quant à Louis XIV, en fondant la propagande royale sur l'image du Roi-Soleil, il devenait une cible facile pour les astrologues, qui pouvaient commenter les affaires d'Etat en fonction de la situation du soleil dans le ciel, voire de ses éclipses. Le soleil devenait alors l'enjeu d'un conflit de représentations entre le symbolisme astral et la symbolique royale.
Au-delà des arguments scientifiques, la disqualification de l'astrologie au XVIIe siècle est donc bien le fruit d'une conjonction de facteurs sociaux et politiques.

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