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Un roman pour découvrir cet artiste qui est parfois difficile à cerner. Entre folie et histoire familiale complexe, le récit est facile à lire mais vertigineux.
Découverte de cet artiste-peintre: Gérard Garouste à la personnalité meurtrie par son enfance, les carcans de l'éducation et les secrets de famille.
Difficile de se construire en tant qu'homme lorsque l'incompréhension, la peur et l'aversion viennent casser les références de l'image d'un père, son père : antisémite se cachant derrière une éducation religieuse pleine de certitudes jamais remises en cause. Garouste en fera son cheval de bataille.
La peinture lui apportera un mode d'expression, celui de la liberté. Peut-être aussi un pied de nez à son père, qu'il soit là où on ne l'attend pas...
Le chemin pour y parvenir sera rude, très rude.
Récit poignant empreint de l'amour incontestable de sa femme.
Lecture cependant perturbante et bouleversante face à la complexité d'action devant le constat du mal-être humain
Je suis le fils d’un salopard qui m’aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des juifs déportés. Mot par mot, il m’a fallu démonter cette grande duperie que fut mon éducation. A vingt-huit ans, j’ai connu une première crise de délire, puis d’autres. Je fais des séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l’enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n’ai été qu’une somme de questions. Aujourd’hui, j’ai soixante-trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre. Et je crois pouvoir transmettre ce que j’ai compris. G . G.
Un livre puissant qui parle d'antisémitisme, de secrets de famille, d'art, de folie et d'amour. Bouleversant.
Que ce livre est dérangeant ! Voilà un fils, devenu peintre célèbre, qui parle de son père ainsi : « Il n’avait pas pu faire héros. Alors, il avait fait salaud. » Cet homme qui avait menacé de tuer sa mère devant ses enfants, s’était servi des biens des Juifs pendant la guerre, notamment des biens de la famille Lévitan.
Né en 1946, Gérard Garouste part à la recherche des secrets de famille, s’apercevant, au fur et à mesure de ses recherches, que les tableaux qu’il peindra plus tard, sont fortement reliés à cette histoire mouvementée.
Il nous emmène aussi en Bourgogne, chez Éléonore, la sœur de sa mère, où il a connu ses plus beaux souvenirs d’enfance : « Là-bas, l’inquiétant était drôle et le secret un jeu. » Il passe aussi dix ans en pension au collège du Montal de Jouy-en-Josas où il se fait un ami, Patrick Modiano, qui est deux classes au-dessus. Viré alors qu’il est en classe de première, après un chahut monstre, avec quelques camarades dont Jean-Michel Ribes, il va dans une boîte privée où il rencontre Elisabeth qui deviendra sa femme. Ses parents sont juifs.
À 20 ans, il écoutait Sartre mais ne savait que dessiner. Plus tard, se tournant vers le monde juif, il apprend l’hébreu et lit la Torah. C’est à ce moment-là, qu’il se définit comme « un Intranquille ». Arrivent alors les premiers coups de folie. « Vivre était tout simplement au-delà de mes forces.» Après la naissance de Guillaume, son fils, commencent dix ans de dépression…
Gérard Garouste peint des décors pour le théâtre et ses premiers tableaux ont du succès. Petit à petit, sa réputation grandit, surtout à l’étranger car il expose à New York, à Düsseldorf, à Berlin…Hélas, les crises de folie reviennent et le lecteur partage la douleur, la souffrance de cet homme qui, choqué par la misère, fonde La Source, une association destinée à donner accès à l’art aux enfants. Cette association dure toujours.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Tout au long de ma lecture, je me suis interrogée et je m’interroge encore : pourquoi écrire un tel livre. Ou plutôt non : pourquoi éditer un tel livre ?
L’écriture, ce besoin de coucher sur le papier ses états d’âme, ses souvenirs, ses réflexions est une démarche tout à fait compréhensible. Cet acte peut libérer, faire office de thérapie.
Soit.
Ici, on ressent ce besoin qu’a eu l’artiste de verbaliser son enfance, ses doutes, ses délires, ses amours. On croit même penser que cela lui a fait un bien fou (sans jeu de mot aucun !).
Mais pourquoi l’éditer ? Pourquoi vouloir le faire lire par d’autres ?
Je l’avoue, cet artiste m’était totalement inconnu. Sa vie, honnêtement, ne m’intéresse pas et j’ai beau chercher, je ne saisis pas la raison de cette « aventure littéraire ».
L’écriture est, cependant, très agréable à lire, le style est clair et coule de soi. Le livre se lit facilement et surtout rapidement !!
De l’artiste, je ne connaissais rien, ni sa vie, et encore moins son œuvre. J’ai donc découvert un enfant malheureux entouré de secrets de famille (mais qui ne l’est pas…), un adulte qui peine à grandir et que les crises de folie dévaste, un artiste monté très vite en gloire ; un homme tourmenté comme l’illustre si bien la couverture.
J’ai trouvé malgré tout la narration un peu brouillonne, et le mot de la fin un peu trop angélique.
Cependant, cet autoportrait à quatre mains m’a donné envie de découvrir les tableaux du peintre avec Le Classique et l’Indien.
L’image que je retiendrai :
Celle des débuts de l’artiste, qui commence par peindre les boîtes de nuit du Palace.
Quelques citations :
« Il savait que la qualité de vie se mesure à la distance d’un père à son fils. » (p.132)
« Ce n’est pas un hasard si cette toile m’a ouvert les portes (à propos de son tableau Adhara). Elle dit mon rêve, mon choix, l’imbroglio de mes pensées, mon langage des signes, cette idée, à laquelle je tiens, qu’on représente une chose et qu’on en raconte une autre. Celui qui la regarde n’y verra pas forcément tout ce que j’y ai mis, c’est l’intensité qui doit passer. » (p.146).
http://alexmotamots.fr/?p=1788
C'est Aifelle qui m'a suggéré cette lecture dans un commentaire sur mon article concernant le livre de l'un des amis poches de Gérard Garouste, l'un des fameux pensionnaires, Jean-Michel Ribes, Mille et un morceaux. Merci beaucoup, car c'est une lecture forte, que j'ai alourdie de notes, de phrases ou paragraphes soulignés. Le tout début par exemple : "Quand Isabelle, la dame qui s'occupait de lui, m'a appelé en pleurs, je suis parti vers Bourg-la-Reine et la maison de meulière, 15 avenue de Bellevue. Il était dans son lit, la tête posée sur les mains, il semblait dormir tranquillement, en accord avec lui-même. Mais il était mort et j'étais soulagé." (p.11) Plus loin, Gérard Garouste parle un peu de ses ascendants et des secrets de famille qui plombent les générations suivantes. Son père, né en 1919 héritier des magasins de meubles Garouste et fils qui profitera de la guerre : "Il n'avait pas pu faire héros. Alors il avait fait salaud. Son éducation de bon catholique l'y préparait. Il appartenait à un monde d'illusions et de certitudes, où les Juifs avaient une sale réputation." (p.25)
Gérard Garouste revient sur son enfance, la peur qu'inspirait son père, sa haine des juifs et sa misanthropie de manière générale. Son sauvetage, il le doit à plusieurs causes : la peinture, l'amour d'Élisabeth qui deviendra sa femme et les livres. Pas n'importe lesquels : La divine comédie de Dante, puis plus tard le Talmud et la Torah. Il apprend l'hébreu, discute avec des rabbins : "Et sans le voir je dérivais doucement vers ce monde juif obscur et malin, dont on m'avait appris à me méfier." (p.75) Beaucoup de pages sur l'antisémitisme de son père et sur son apprentissage de ce que sont les juifs jusqu'à en presque épouser la religion, comme pour contrebalancer la haine du père.
Le livre est aussi une belle réflexion sur la peinture, la création, l'argent qui entoure l'art et sur Picasso qui "a cassé le jouet... Il avait cannibalisé, brisé la peinture, ses modèles, ses paysages, et construit une œuvre unique... Il a rendu classique tout ce qui viendrait après lui. Il est la peinture et son aboutissement. Que faire après lui ? Et Marcel Duchamp qui venait de mourir ? On était en 1968, et nul n'a voulu voir, alors, que la révolution de l'art était terminée, Duchamp en était le point final. Il avait renoncé à la peinture, décrété l'objet comme œuvre et l'artiste celui qui regarde. Il avait joué avec notre mémoire, notre culture, notre rétine et avait poussé si loin le défi, que tout avait été fait et défait." (p.61/62)
Et puis la folie, les crises de délire fortes, la maladie qui effraie son entourage, ses fils particulièrement : "Selon les époques, les mots me concernant ont changé : on m'a dit maniaco-dépressif ou bipolaire... Un siècle plus tôt, on aurait juste dit fou. Je veux bien." (p.88) Les séjours à Sainte-Anne, la camisole chimique, les retours et les rechutes...
Une histoire poignante, sincère et directe, pas de détours, de paraphrases pour expliquer ceci ou cela, le récit est brut, franc, ce qui explique aussi sa relative et bienvenue brièveté (156 pages en poche). Une vie pas commune, pas particulièrement joyeuse, mais pas écrite pour faire pleurer ou pour s'apitoyer, sans doute pour donner quelques explications aux toiles du peintre, car toute sa vie est dans sa peinture ainsi qu'il l'écrit.
Un texte dense et bouleversant des titres et sous-titre jusqu'à la fin, sans doute comme les toiles du peintre que j'avoue ne pas bien connaître, seulement par mes recherches sur Internet.
Le sous-titre « autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou » interpelle… la quatrième de couverture qui commence par « Je suis le fils d’un salopard qui m’aimait » annonce une autobiographie sincère et émouvante… et finalement, la citation de Rabbi Nahman de Bratslav mise en préambule laisse supposer sagesse et recul (Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît. Tu risquerais de ne pas t’égarer.)…et ce document personnel tient toutes ces promesses à la fois.
Gérard Garouste s’attache à nous montrer le cheminement depuis sa tendre enfance qui l’a amené à devenir, après des années d’errance à « se chercher », un artiste internationalement reconnu : l’incompréhension totale entre lui et son père (ils n’ont aucune valeur commune), l’absence de sa mère, ses études, ses rencontres, ses doutes l’ont amené à la fois aux confins du génie artistique et de la folie pure. Il raconte ainsi l’alternance entre ses phases de dépression, de délire, de folie et ses périodes de création.
Sincérité, lucidité et beauté des mots caractérisent cet ouvrage qui permettra aux amateurs de la peinture de Garouste de mieux aborder la genèse de ses tableaux et aux lecteurs du livre d’aller ensuite se confronter à ses tableaux pour mettre en perspective son œuvre et son récit.
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