«Les humains sont faibles face à la mer... Face à sa puissance, la seule carte à jouer, c'est l'humilité...» Licenciée à la suite d'une altercation avec son patron, Anna, jeune vendeuse désabusée par la vie, se réfugie au bord de la mer pour oublier son triste sort. C'est là qu'elle rencontre Deok-hyun, un pêcheur de coquillages mutique dont le passé est nimbé de mystères. Fascinée, Anna va contraindre cet homme à lui enseigner son métier de pêcheur en apnée pour, qui sait, trouver enfin un vrai sens à sa vie...
Avec L'Homme de la mer, Jang Deok-hyun évoque avec poésie la tradition séculaire des haenyos, ces pêcheuses en apnée hors du commun, véritables sirènes de l'île de Cheju, en Corée du Sud. L'activité des haenyos -de plus en plus rares- est d'ailleurs inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l'Unesco. Deok-hyun, le personnage principale de la BD, a repris ce travail de « femme » à la suite de son épouse décédée ; un travail qui sonne comme une revanche envers la mer qui lui a pris celle qu'il a réalisé aimer, mais qui lui vaut aussi d'être exclu de la société. L'auteur met également en scène Anna, un personnage un peu maladroit qui n'arrive pas à trouver sa place dans la société. À travers elle, c'est toute une génération coréenne désenchantée qui est dépeinte.
Connaissez-vous les haenyos ?
Ce sont ces pêcheuses sud-coréennes, les « sirènes » de l'île de Cheju.
Elles font partie d'une tradition ancestrale et principalement matriarcale (inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'unesco) : elles plongent en apnée pour ramasser les fruits de mer, souvent au péril de leur vie. Des profondeurs elles ramènent poulpes et ormeaux, conques et oursins. C'est une discipline dangereuse, qui pousse le corps au-delà de ses limites : souvent, leurs oreilles sifflent, leurs corps sont meurtris par les profondeurs et malgré tout elles ne rateraient un jour de pêche pour rien au monde.
Car si c'est un moyen de subsistance, c'est aussi une manière de vivre en accord avec la nature et les éléments, une fascination pour l'océan et ses ressources.
Et voici que les haenyos sont justement au coeur de ce joli roman graphique.
Anna est une jeune femme qui aime l'élément aquatique, elle va chaque jour nager en piscine. Suite à une altercation avec son employeur, elle est licenciée… Son désoeuvrement la conduit en bord de mer où elle va découvrir un bien étrange plongeur. Cet homme mutique vit seul dans une cabane de plage. Comme les mythiques haenyos, Deok-Hyun pêche en apnée les coquillages qui le nourrissent. Qu'est ce qui a poussé cet homme à vivre ainsi, avec l'océan pour seul compagnon? Fascinée par ce mystérieux pêcheur, Anna va le supplier de l'initier à l'art ancestral des haenyos…
J'ai passé un bon moment avec cette histoire drôle et tragique, cette jolie fable pleine de poésie… L'Homme de la mer fait partie d'une série de contes modernes éditée par Pika Edition.
"L'Homme de la mer", c’est deux personnages que tout oppose :
- Anna a 29 ans, fraîchement licenciée par son patron, larguée par son petit ami, elle cherche du réconfort dans la natation et dans l'alcool.
- Deok-Huyn est un homme mystérieux qui vit sur le littoral en marge de la société dans un container.
Deux âmes solitaires qui vont lier leur destin le jour où ivre, Anna contraint Deok-Huyn à la prendre comme élève haenyo. Exaspéré, il accepte et endosse le rôle de professeur auprès de cette jeune femme qui y voit l’occasion de donner un sens à sa vie.
En bref, "L’homme de la mer" est très agréable à lire. Il raconte l’histoire de deux êtres aux contrastes forts qui vont se tenir compagnie pour un temps dans un monde qui avance sans eux. Les planches de dessins sont douces, teintées d’humour et de poésie. C’est une jolie fable humaine qui permet de faire une pause.
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