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Iben et Malene, deux amies employées au Centre danois d'information sur les génocides, reçoivent d'intrigantes menaces de mort par e-mail. Leur corbeau, caché derrière une adresse électronique imaginaire, manie avec brio l'art de la référence : ses courriers regorgent de formules empruntées aux grands tortionnaires de ce siècle et à l'histoire des génocides. Très vite Iben et Malene pensent être victimes de la vengeance d'un criminel de guerre serbe, Mirko Zigic. Mais alors que l'enquête piétine, le doute s'installe... Et la grande machine paranoïaque se met en marche. Peu à peu la vie privée des deux jeunes femmes vacille, leur lieu de travail se transforme en un inquiétant nid d'intrigues, leur amitié se fissure. Le monde entier devient suspect. Dans cette atmosphère confinée jusqu'à l'insoutenable, l'incertitude, jusqu'à la dernière ligne, envahit chaque page. Vertigineux.
Le roman de Christian Jungersen, "L’exception", est construit comme se forme un ouragan. A sa façon, il grandit très lentement, mais plus il enfle, plus il dévaste tout sur son passage. Tout le nourrit et un rien l’alimente.
Ainsi, pareillement, le roman commence agréablement dans un bureau à Copenhague où quatre collègues semblent entretenir un modus vivendi des plus cordiaux. Mais tout n’est qu’apparence au bout du compte. Il suffit de quelques grains de sable pour enrayer le système. Le mal être d’une bibliothécaire ne parvenant pas à trouver sa place au sein d’un trio déjà en fonction, une secrétaire complexée par ses kilos superflus et deux amies, Iben et Malene, pas aussi amies que cela, déstabilisent l’ensemble !
Vous l’aurez compris la dimension psychologique est très présente au sein de ces pages. Pour complexifier l’intrigue, le bureau se trouve être le centre d’information sur les génocides du Danemark. Rapidement un criminel de guerre serbe est soupçonné d’être l’auteur d’e-mail introspectifs et menaçants envers des membres de cette équipe déjà quelque peu ébranlée.
Les métaphores pour évoquer ce roman qui tient plus du pavé - il compte plus de sept cents pages - que d’un léger format de poche, foisonnent.
Il pourrait aussi, aisément, être comparé à une série de matriochkas. Vous connaissez, sans doute, ces fameuses poupées russes qui, quand on les dévisse, en cachent inéluctablement des autres plus petites mais néanmoins réelles ! La première matriochka serait, dans cet esprit, la mort accidentelle, ou non, de Rasmus, le fraîchement ex-petit ami de Malene. Cette mort recelant un mystère qui en dissimule d’autres qui s’emboîtent pourtant implacablement. Le tout, de sorte à ce que le lecteur y perde ses repères et s’aperçoive que ses intuitions sont très éloignées des voies empruntées par l’auteur.
C’est surprenant, déstabilisant et tellement novateur que nous sommes ferrés, et par là même, conquis. La littérature policière scandinave à de beaux jours devant elle !
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